Acteur majeur dans l’industrie pharmaceutique mondiale, Novartis dans un engagement annonce une action de lutte sur cinq ans contre le paludisme au travers d’un financement de plus de 53 milliards de francs CFA en direction des pays touchés par la maladie.
Malgré les énormes progrès réalisés dans la lutte contre le paludisme, un enfant meurt encore de cette maladie toutes les deux minutes. Certes, au niveau mondial, les décès liés au paludisme ont diminué de plus de 60 % entre 2000 et 2015, mais une crainte sur le ralentissement des progrès inquiète les populations. En effet, de nombreux experts expriment leurs inquiétudes quant à la résistance croissante des moustiques aux insecticides et au fait que les parasites porteurs du paludisme pourraient développer une résistance aux ACT (Ndlr : combinaisons à base d’artémisinine) dans les 15 à 20 prochaines années. Certains craignent même que la résistance se propage plus rapidement en raison de l’intensification du commerce et des voyages entre l’Afrique et l’Asie où les premiers signes de résistance aux médicaments émergent.
Pour Novartis, il faut agir et vite ! En effet, estime Vas Narasimhan, le directeur général du groupe, « la résistance aux traitements représente la plus grande menace pour les progrès incroyables qui ont été réalisés dans la lutte contre le paludisme au cours des 20 dernières années ». Face à cette menace les Etats, organismes et groupes mondiaux sont plus que jamais invités à agir, en faisant progresser la recherche et le développement de nouvelles générations de traitements, alerte ce dernier. « Nous devons également faire en sorte que notre innovation atteigne ceux qui en ont le plus besoin, même ceux qui se trouvent dans les endroits les plus reculés », ajoute-t-il. Conscient de cette menace, le groupe compte apporter sa pierre à l’édifice avec l’annonce d’un investissement de plus 53 milliards de francs CFA dans la recherche et le développement d’antipaludiques de nouvelle génération.
Enjeu sanitaire ?
L’investissement dans la R&D vise à faire progresser le pipeline antipaludique de Novartis jusqu’en 2023, c’est-à-dire sur une période de cinq ans et à mener à bien un programme complet d’essais cliniques mondiaux pour nos candidats-médicaments novateurs contre le paludisme KAF156 et KAE609 (actuellement en phase IIb et phase IIa, respectivement ). Tous deux sont issus de nouvelles classes de médicaments sélectionnées pour leur capacité à traiter le paludisme différemment des thérapies actuelles. Cet investissement inclut également de nouvelles utilisations technologiques destinées à identifier les zones où l’impact du paludisme est le plus grand. Pour le groupe, ces informations pourraient ensuite être utilisées pour promouvoir le renforcement des aptitudes et capacités afin d’établir de futurs sites d’essais cliniques visant à évaluer les médicaments dans les populations où ils sont le plus nécessaires.
Novartis ambitionne d’accompagner l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui veut réduire la mortalité infantile liée au paludisme d’au moins 90% d’ici à 2030, en touchant directement les foyers concernés d’Afrique subsaharienne comme le Nigeria, la République démocratique du Congo (RDC) et bien d’autres pays. Sa stratégie d’action consiste à collaborer avec des partenaires en vue d’élargir l’accès à sa thérapie combinée à base d’artémisinine (ACT) et de développer des initiatives de prise en charge intégrée des cas dans la communauté (ICCM). Le groupe n’est cependant pas à son premier coup. Novartis s’engage, depuis deux décennies, dans le combat contre le paludisme, ayant lancé la première ACT à dose fixe en 1999 et la première ACT pédiatrique , développée en partenariat avec Medicines for Malaria Venture (MMV), en 2009
Chiffres et action ?
Selon le Rapport sur le paludisme dans le monde 2017, 216 millions de cas de paludisme ont été recensés en 2016, contre 211 millions en 2015. Le nombre de décès dus au paludisme était de 445 000 en 2016 contre 438 000 en 2015. 90 % des cas de paludisme et plus de 90 % des décès qui en découlent se concentrent en Afrique subsaharienne. Les enfants de moins de 5 ans sont particulièrement à risque et la maladie tue un enfant toutes les deux minutes. Afin de permettre aux patients des pays où le paludisme est endémique de financer ces nouveaux traitements une fois qu’ils seront disponibles, Novartis mettra en place une stratégie de prix équitables basés sur les conditions socio-économiques de différents segments de population.