Le Fonds d’initiatives départementales (FID) a été officiellement lancé le 21 avril 2018, à Franceville, par le président Ali Bongo. Sa vocation est de répondre à la problématique de la «fracture territoriale».
Annoncé le 31 décembre 2017 par le chef de l’Etat, Ali Bongo, dans son message de fin d’année parmi les mesures prioritaires à mettre en place pour un développement harmonieux du Gabon, le Fonds d’Initiatives départementales (FID) a été officiellement lancé le 21 avril à Franceville, dans la province du Haut- Ogooué.
En présence des gouverneurs de toutes les provinces du pays, de tous les chefs des départements, le président de la République a activé le démarrage de ce fonds devant permettre un «développement harmonieux, équitablement réparti du pays».
Selon Ali Bongo, «les leçons du passé doivent être tirées. Jusqu’ici, les fonds affectés au développement des provinces, notamment lors des Fêtes tournantes et des tournées républicaines du chef de l’Etat n’ont pas rencontré les résultats escomptés». Les raisons de cet échec sont liées à «la gestion subjective et calamiteuse par les leaders politiques provinciaux qui, dans bien des cas, ne se sont jamais souciés des vraies préoccupations et besoins des populations locales…». Ce qui, a-t-il poursuivi, «a nui au développement de plusieurs localités du pays».
Cette initiative vise donc à promouvoir le développement à la base, à travers le financement de projets communautaires. Le FID est doté d’une enveloppe d’un milliard de francs CFA pour chacun des 48 départements du pays. Pour Ali Bongo, les attentes de la population commandent une action publique efficace, avec des projets au plus près des Gabonais et mieux adaptés à leurs besoins. «Des actions qui visent des résultats immédiats et perceptibles pour répondre à leurs attentes légitimes», a-t-il martelé.
Le Fonds couvrira les domaines dans lesquels les besoins se font le plus ressentir. Il permettra l’installation des entreprises dans toutes les localités du pays et la création d’emplois, selon le chef de l’Etat. «C’est désormais autour de ce mécanisme innovant que se dessine l’action publique qui doit contribuer au développement socio-économique du pays», a affirmé Ali Bongo pour qui, «les jeunes Gabonais ne doivent pas avoir pour seule perspective de rejoindre Libreville ou Port-Gentil pour y travailler et faire carrière. Ils devront demain pouvoir le faire dans bien d’autres endroits de notre pays. C’est cela ma vision du développement du Gabon pour les nouvelles générations».
Il a d’ores et déjà mis en garde les uns et les autres en déclarant que le FID n’est pas destiné à la réfection ou à la construction des bâtiments administratifs ni à l’achat des véhicules de service. «Pour ceux qui voudraient s’amuser, attention ! Mamba (Opération anticorruption, Ndlr) veille», a-t-il prévenu.
Les gestionnaires de ce fonds sont les gouverneurs de province. Toutefois, avant qu’un projet ne soit financé, il devra au préalable être sélectionné à la base, être validé par le préfet, le gouverneur et une commission mise en place à cet effet, avant que le Premier ministre et le chef de l’Etat ne l’avalisent.
Le fonds étant déjà disponible, il se présente désormais comme un des leviers de développement des localités du Gabon. Toutefois, gouverneurs et préfets sont-ils outillés pour la gestion de « la production raisonnée » du développement local ? Le FID n’abroge-t-il pas dans certains de ses accents la loi sur la décentralisation ? Si cette vision ne transforme pas radicalement l’arrière-pays, l’échec sera directement imputable à son promoteur.