Représentant l’Etat gabonais, Me Bertrand Homa Moussavou a estimé au terme de la 6e audience de l’ancien coordinateur général de l’Unité de coordination des études et des travaux (Ucet) que l’étau se resserrait autour de lui, d’autant que davantage de faits l’accusent de détournement de deniers publics. Me Martial Dibangoyi Loundou, avocat de l’incriminé, soutient pourtant que son confrère va vite en conclusion.
Dans l’affaire de détournement supposée de deniers publics opposant le ministère public à Blaise Wada, une nouvelle audience, la 6e, s’est tenue le jeudi 19 avril devant la Cour criminelle spéciale au palais de justice de Libreville. Si on l’attendait, le verdict n’a pas été donné. Mais du côté de l’accusation, certains ne doutent plus que l’ancien coordinateur général de l’Ucet sera déclaré coupable. C’est en tout en cas la conviction de Me Bertrand Homa Moussavou, alors que les avocats du prévenu plaident tout le contraire.
Égarement dans «la folie de l’argent»
L’avocat représentant l’Etat gabonais a affirmé au quotidien L’Union que «l’étau se resserre davantage autour de monsieur Wada». «Les carottes sont cuites pour lui, puisque beaucoup de faits majeurs viennent consolider l’accusation de détournement de deniers publics», a-t-il estimé, évoquant des paiements divers supposément effectués par l’accusé à l’endroit d’«experts qui n’en étaient pas du tout» ou «à sa propre société immobilière Bakoussou».
Pour l’avocat qui assure qu’il ne s’agit pas d’un règlement de compte, comme le pense une partie de l’opinion, l’infraction et le crime dont est accusé Blaise Wada sont bel et bien constitués. «Il faut que tout le monde comprenne qu’il y a un compatriote gabonais qui s’est égaré dans la folie de l’argent, et qu’il s’agissait de la gestion des fonds publics et non des fonds personnels», a déclaré Me Bertrand Homa Moussavou, qui ne manquera pas de réclamer une nouvelle fois une forte sanction à l’encontre de l’ancien patron de l’Ucet, lors de la prochaine du procès prévue le jeudi 26 avril.
Chances intactes
Joint au Téléphone, Me Martial Dibangoyi Loundou, l’un des avocats de Blaise Wada, a battu en brèche les allégations de Me Bertrand Homa Moussavou. «Le procès n’est pas terminé, les plaidoiries n’ont pas été faites et aucune décision n’a été rendue. Pourquoi dire que les carottes sont cuites ?», s’est-il interrogé avant de souligner : «les chances de notre client sont intactes et je leur ai répété [aux journalistes de L’Union – ndlr] que la présomption d’innocence est telle que, tant que ta culpabilité n’est pas prouvée, tu es toujours considéré comme innocent et c’est ce que dit la Constitution gabonaise.»
Pour l’avocat du prévenu, son confère s’étant exprimé dans la quotidien L’Union n’a pas «apporté la preuve de ses accusations. Autrement dit, dire que les carottes sont cuites reste une simple affirmation. Nous avons fait un mois de procédure, un mois d’interrogatoires, un mois d’enquêtes et de fouilles, à aucun moment, il a été prouvé, ni par les avocats de l’État, ni par le parquet général, que notre client, monsieur Wada, a soustrait un seul centime des budgets de fonctionnement qui lui ont été donné.» Me Loundou invoque par ailleurs l’article 71 la Constitution gabonaise précisant : «tout fonctionnaire ou agent de l’administration, gérant de deniers publics dans le cadre d’un organe administratif, d’une entité morale de l’État, la cour des Comptes est la juridiction compétente et qualifiée pour instruire un dossier, en cas d’indélicatesse en matière financière. Et après instruction du dossier, celui-ci peut être renvoyé devant les juridictions de droit commun.» Ce qui n’a pas été le cas dans l’affaire Wada.
L’audience du 19 avril s’est particulièrement axée sur le fonctionnement de l’Ucet, dont les fonds proviennent des dotations et crédits obtenus des partenaires financiers internationaux du Gabon.