La ministre des Transports et de la Logistique est appelée par certains syndicats du secteur à démissionner en raison de son «incompétence» supposée, quand d’autres l’exhortent à ne pas entendre les appels des syndicats «instrumentalisés (et) malintentionnés».
Estelle Ondo doit-elle démissionner ? Si la question ne se pose certainement pas au sein du gouvernement, chez les syndicalistes du secteur des transports, ce débat pour le moins douteux a récemment été ouvert. A la manœuvre, un groupe de syndicats conduit par le Syatrat (Syndicat des acteurs du transport terrestre) qui, il y a quelques jours, rapporte le site i24gabon.com, a explicitement invité la ministre à rendre son tablier.
Selon Rodrigue Tsanga, le membre du gouvernement «a déjà montré ses limites» à venir à bout des différentes préoccupations des agents du secteur, qui lui ont été présentées dès sa nomination à son poste. Aussi, la jugeant «incompétente», le président du Syatrat lui a-t-il conseillé «de démissionner d’elle-même, et ainsi de sortir par la grande porte pendant qu’il est encore temps».
Seulement, l’appel du Syatrat, que d’aucuns disent soutenu par le Syndicat des agents du ministère du Transport et de l’Aviation civile (Samtac), est loin d’être partagé par les autres syndicats du secteur. Certains jugent d’ailleurs «irrespectueuse» cette façon de faire, quand d’autres disent s’étonner de l’«ingratitude» de Rodrigue Tsanga et ses soutiens. C’est notamment le cas du Syndicat des conducteurs et techniciens (Sycotec) et du Syndicats national de transports terrestres (Synatrat), qui ont tenu à faire entendre un son de cloche différent, mercredi 18 avril à Libreville.
Les deux syndicats de la Société gabonaise de transport (Sogatra) ont, en effet, exprimé leur soutien à Estelle Ondo. Ils ont présenté les syndicats contempteurs de l’action de la ministre comme «des syndicats jaunes (qui) n’ont ni d’effectif ni de représentation officielle». «Ce syndicat fait dans la démagogie, la diversion et diabolise tout ce qui est bien, parce qu’il estime être le seul à faire du bon travail», a déclaré à la presse Saturnin Ebienga, le président du Sycotec. Ce dernier voit dans la démarche du Syatrat une forme d’expression de jalousie, aussi bien à l’égard de la ministre que des autres syndicats. Le président su Syatrat et ses soutiens n’arriveraient pas encore à accepter le fait d’avoir été écartés des négociations initiées, il y a quelques mois par Estelle Ondo entre la nouvelle direction générale de Sogatra et les partenaires sociaux. Le cahier des charges déposé par le Sycotec et le Synatrat a été préféré à celui du Syatrat, peu rassembleur. Pour Saturnin Ebienga, son camarade Rodrigue Tsanga l’a mauvaise jusqu’à lors.
Aussi, le Sycotec et le Synatrat ont-ils exhorté la ministre des Transports et de la Logistique à ne pas considérer l’appel de «syndicats instrumentalisés et malintentionnés». Pour eux, il n’est pas question de démissionner alors que des avancées ont été enregistrées dans les discussions initiées par elle à Sogatra, bien que la société soit encore confrontée à des tensions de trésorerie, lesquelles rendent difficile le paiement à la date des salaires des agents.