Bengone Nsi, opposant irréductible aux régimes Bongo Père et Fils, a reçu ce mercredi, à son domicile, les anciens hiérarques du Parti Démocratique Gabonais passés depuis peu dans l’opposition, Jean Ping et Jacques Adiahénot RechercherJacques Adiahénot.
Les trois hommes ont ensuite rencontré la presse devant laquelle ils ont marqué leur union « sacrée » face « à un système politique qui ne sert pas les intérêts du Gabon et des Gabonais ».
La rencontre entre les trois hommes a duré en tout trois heures d’horloge, a constaté sur place Koaci.com. Luc Bengone Nsi, président du MORENA, parti politique créé dans la clandestinité et révélé aux Gabonais en 1981 avec une marche violemment réprimée, est le dernier des hommes politiques de l’opposition gabonaise à avoir réclamé le retour au multipartisme et n’ayant jamais rejoint, de quelque façon que ce soit, les pouvoirs qui se sont succédé à la tête du pays. Jean Ping et Jacques Adiahénot ont indiqué être venus consulter « un homme intègre qui n’a jamais renoncé à son combat et qui a toujours milité pour le seul intérêt de la nation ».
Jean Ping , l’ancien président de la commission de l’UA et ancien ministre d’Etat sous Omar Bongo Ondimba, homme figure phare du "système" aujourd’hui dénoncé, a indiqué que la démarche de l’opposition consiste à fédérer les efforts : « Nous n’avons pas pour ambition de venir remplacer un dictateur par un autre, nous cherchons à changer tout un système », a-t-il lancé à la presse. Il a par ailleurs indiqué qu’il ne craint pas le pouvoir actuel. « Je n’ai pas peur pour ma vie et ce que je fais je le fais pour le Gabon et pour les générations à venir ». Il faut rappeler que Jean Ping , qui a récemment tourné le dos au PDG d’Ali Bongo, pour soi-disant une affaire de "poste", est le frère de Pierre-Louis Agondjo Okawè, premier avocat gabonais et ancien leader du Parti Gabonais du Progrès mais aussi le frère de l’opposant Joseph Rendjambé, assassiné dans un hôtel de Libreville en 1990.
Pour Jacques Adiahénot , autre homme du système Bongo devenu récemment opposant, « l’opposition doit bâtir un véritable contre-pouvoir comme dans d’autres pays démocratique ».
A deux ans et demi de la présidentielle, la question de l’unité de l’opposition se pose évidemment.
L’ancien ministre d’Etat et ancien secrétaire général du PDG a indiqué que l’heure d’évoquer les questions de désignation d’un candidat unique, de formation d’un nouveau grand parti politique de l’opposition ou encore de stratégie n’est pas d’actualité. L’heure serait, à l’en croire, à la mise en place d’un certain nombre d’actions de mobilisation et d’information.
Les trois hommes ont dénoncé « la confiscation des médias publics » par le pouvoir en place. Ils ont invité les Gabonais à ne pas s’intéresser à la question dangereuse de la nationalité, capable, selon lui, d’entraîner le pays dans une situation de chaos total, estimant par ailleurs que « si on pose le problème de la nationalité dans ce pays, beaucoup seraient disqualifiés », a précisé Jacques Adiahénot .
Luc Bengone Nsi , apparemment satisfait de l’arrivée de ces deux transfuges de poids du PDG dans les rangs de l’opposition, les a invités à poser des actes « vite de peur que le doute ne s’installe et qu’il ne soit trop tard ».
Jean Ping et Jacques Adiahénot ont par ailleurs indiqué qu’ils se rendront bientôt dans le Haut-Ogooué, province d’origine du Chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba , pour « démontrer que ce n’est pas une province à part, mais bel et bien une province du Gabon ». Cette tournée dans le Haut-Ogooué devrait ouvrir une longue série de rencontres avec les Gabonais dans toutes les régions du Gabon.
Pour l’heure les deux visiteurs de Luc Bengone ne se déclarent membres d’aucun parti politique. « Il ne fait aucun doute que nous avons rejoint l’opposition », ont-ils lancé à la presse.