La vie chère au Gabon a été au cœur d’une conférence-débat organisée le 14 avril 2018 à Libreville par Imagine-Gabon.
La question de la vie chère a été abordée le 14 avril 2018 lors d’une conférence organisée par Imagine-Gabon. L’objectif de la prise de parole de ce think-thank est de faire le bilan des mesures prises par le gouvernement, six mois après leur entrée en vigueur. Selon le conférencier, Emmanuel Eyéghé Nzé, directeur général de la Consommation et de la Concurrence (DGCC), il s’agit d’échanger avec les participants sur les avancées, les difficultés et les perspectives sur cette question.
«Lutte contre la vie chère au Gabon : Bilan et perspectives», telle est la formulation de la thématique de cette conférence animée par le directeur général de la DGCC.
Emmanuel Eyéghé Nzé a indiqué que la problématique de la vie chère est une constante qui n’est pas seulement propre au Gabon. «Il faut en permanence chercher des solutions pour la résoudre», a-t-il dit, expliquant qu’il s’agit d’un problème d’ensemble en prenant quelques exemples des pays africains dont les gouvernements ont mis en place des mesures pour y faire face.
Les Causes
A l’aide des graphiques et des chiffres, le directeur général de la DGCC a expliqué que 70% des ressources des ménages gabonais entrent dans la consommation alimentaire, le logement, la santé, le transport et l’enseignement. Ce qui est énorme.
Selon le conférencier, quelques facteurs favorisent le développement de la vie chère : la faiblesse de l’offre domestique dans bon nombre de secteurs, un marché national parfois limité, les coûts élevés de certains facteurs de production, la multiplicité des taxes et des contrôles, la protection du marché afin de soutenir l’industrialisation locale, la non-utilisation des instruments de mesure, notamment pour les produits locaux, le non-respect de la réglementation de la fixation des prix, notamment dans le secteur du logement.
Le gouvernement avait donc pris quelques mesures pour faire face à cette question qui fait partie de ses priorités. Il s’agit notamment de la revalorisation de la prime de rentrée scolaire, l’instauration du salaire minimum de 150 000 francs CFA, la hausse et élargissement de la bourse des étudiants, l’harmonisation de la prime de logement des agents publics, la hausse de la prime de transport (18 000 à 35 000 francs CFA), la construction des logement sociaux.
Le Bilan
S’agissant du bilan de la mesure du blocage des prix des produits alimentaires importés, entrée en vigueur en juillet 2017, Emmanuel Eyéghé Nzé a indiqué que dans la phase de sensibilisation, 1 513 commerces ont été visités, 1 580 structures commerciales ont été contrôlées. 509 (32.21%) respectent la réglementation en vigueur; 451 structures commerciales (42.11%) ne respectent pas les prix fixés par l’Etat.
Pour la deuxième phase de surveillance du marché, 2 170 opérateurs économiques ont été contrôlés. 321 épiceries et 3 superettes étaient conformes; 189 (21.55%) opérateurs économiques verbalisés pour non-respect des prix réglementés.
Lors de ces différentes opérations, la DGCC a été confrontée à certaines difficultés, parmi lesquelles l’insuffisance de moyens, la réticence et l’agressivité de certains opérateurs économiques, le retard dans la validation des grilles provinciales des prix. Du côté des opérateurs économiques, l’on a noté le non-respect de l’engagement d’homologation des prix des produits réemballées, les difficultés d’acheminement des produits vers les zones reculées, les circuits de distribution assez fermés pour certains produits (sucre, eau minérale), l’augmentation du tarif des carburants, les contrôles répétitifs et abusifs.
Les Perspectives
Pour le logement, le directeur général de la DGCC suggère notamment la viabilisation des terrains afin de réduire le coût des constructions, la multiplication des permis pour augmenter l’offre des matériaux de carrière, le lancement d’une vaste opération de régularisation des baux, le blocage des hausses des prix du loyer pendant cinq (5) ans.
Et en ce qui concerne le revenu, il souhaite la mise en place d’un mécanisme d’indexation des revenus au coût de la vie, ainsi qu’un minimum retraite. Il suggère également la réduction de la liste des produits exonérés des droits de douane.
Les échanges ont permis de recueillir plusieurs propositions qui seront relevées dans le rapport de cette conférence et remis au gouvernement gabonais.