Messieurs les Présidents des partis alliés, Mesdames et Messieurs les secrétaires généraux, Mesdames et messieurs de la presse, chers compatriotes
Par ma voix, le Rassemblement Héritage et Modernité vous exprime ses sincères remerciements pour avoir bien voulu accepter de répondre à son invitation à l’occasion de la présente conférence de presse.
Tout d’abord, nous tenons à vous dire que l’ensemble des gabonaises et gabonais, massivement rassemblés au sein de notre parti, tient constamment à rappeler que dans une déclaration du 27 juin 2015, prenant à témoin la communauté nationale et internationale, nous avons appelé nos compatriotes, chargés de conduire les affaires de l’État au ressaisissement face, au déficit démocratique et à la dérive d’une gouvernance qui s’annonçait désastreuse.
Il s’en est suivi ce que chacun sait. Devant l’autisme et l’intolérance dont faisait preuve monsieur Ali BONGO et son groupe d’extrémistes profito-situationistes, nous avons tiré les conséquences et avons pris nos responsabilités devant l’histoire et la nation, en nous inscrivant dans une démarche d’opposition au régime, claire, sans concession et parfaitement assumée.
Depuis, et conformément aux vœux formés par tous les gabonais, le Rassemblement Héritage et Modernité a œuvré pour la candidature unique de l’opposition à l’occasion de la présidentielle du 27 août 2016. Celle-ci s’est construite autour de la personnalité de Son Excellence Monsieur Jean PING. Ce dernier a victorieusement recueilli l’écrasante majorité des suffrages des gabonais.
Tous les gabonais ainsi que la communauté internationale savent que Son Excellence Monsieur Jean PING est sans conteste le vainqueur élu de la dernière élection présidentielle.
Tous les gabonais ainsi que la communauté internationale savent que Son Excellence Monsieur Jean PING est la seule et unique autorité politique qui incarne la légitimité dans notre pays. Autrement dit, dans le contexte politique actuel, il porte la soif de changement et le désir d’alternance politique invariablement exprimé par les gabonais dans leur écrasante majorité.
C’est dans le grand respect de la volonté du peuple gabonais, que le Rassemblement Héritage & Modernité demeure un membre actif de la coalition pour la nouvelle république. Notre parti soutient sans réserve Son Excellence Monsieur Jean PING, Président de ladite coalition. Notre parti se félicite de la qualité de son leadership, marqué par une hauteur de vue incontestée. Nous lui savons gré des efforts qu’il ne cesse de déployer en faveur de l’unité et de la cohésion de notre coalition.
Notre parti se félicite également de la diversité des sensibilités qui caractérisent cette fédération des forces politiques et se réjoui de la vitalité du débat démocratique en son sein. Nous respectons le point de vue de chacun, attendu que le nôtre se doit d’être respecté.
Comme chacun sait, au sein de cette coalition qui regroupe autour de Son Excellence Jean PING, la majorité des forces politiques et sociales du pays ainsi que la diaspora gabonaise, la question lancinante de la participation aux élections législatives dont l’échéance est toujours attendue polarise les débats.
De fait, certaines forces politiques de la coalition ainsi que certains compatriotes, au sein
de la diaspora, expriment sans trêve leurs réserves quant à la transparence et la sincérité de ce scrutin à venir. Et de plus, pour d’évidentes raisons morales, suggèrent sans répit à l’opposition de demeurer l’arme aux pieds.
Cette posture n’est pas dénuée de sens au demeurant, si l’on fait mémoire de l’expérience démocratique de notre pays dans sa profondeur historique. Oui, les raisons de douter de l’impartialité des institutions électorales, de s’inquiéter et de mettre en garde sont réelles, parfaitement compréhensibles et respectables. Et nous voulons dire tout le respect que nous avons pour un véritable débat démocratique.
Néanmoins, il n’est pas inutile de rappeler au souvenir de tous, que c’est avec les mêmes
institutions électorales que Son Excellence Monsieur Jean PING a tout de même brillamment remporté l’élection présidentielle.
La dynamique unitaire de l’opposition ayant vaincu tous les funestes stratagèmes et la culture frauduleuse du pouvoir.
En outre, il importe de convoquer le souvenir de notre pratique du boycott dans un passé récent, qui révèle, à la lumière de l’expérience, une efficacité douteuse. Il est incontesté que les appels récurrents au boycott des législatives de l’année 1990, de mars 1991 (élections à deux tours) et décembre 2011 ont montré leurs limites et se sont révélés infructueux. Bien pire, la dernière élection précitée a secrété une assemblée monocolore, véritable caisse de résonance, qui légifère sans légitimité à ce jour.
La question controversée de la participation de l’opposition aux législatives à venir ne doit-elle pas nous conduire à nous demander si l’opposition, ultra majoritaire dans ce pays, doit constamment s’auto-exclure du jeu politique national quand bien même le rapport de force politique est nettement en sa faveur?
En renonçant à une entrée massive à l’assemblée nationale, lieu et tribune d’expression par excellence, des différentes sensibilités politiques, de quel autre canal d’expression, l’opposition disposerait-elle désormais pour faire entendre et défendre la voix de ceux qu’elle représente ?
De quel autre espace disposerait-elle pour faire entendre, dans le champ de la légalité républicaine, les attentes de l’écrasante majorité des gabonais qui réclament à cor et à cri les changements qu’elle souhaite ? Ne réduirait-elle pas au silence tous ceux qui ont massivement apporté leurs suffrages à Monsieur Jean PING ?
Serait-il responsable de livrer sur un plateau en or 143 sièges de députés, 80 sièges de sénateurs, la totalité des conseils municipaux et départementaux entre les mains d’un parti ultra minoritaire et totalement discrédité?
Ce faisant l’opposition ne se ferait-elle pas complice du braconnage de l’élection présidentielle de 2016 et ainsi, n’achèverait-elle pas elle même le processus de consolidation des pouvoirs usurpés et despotiques de monsieur Ali BONGO ?
Il doit être compris que si elle venait à reproduire cette erreur stratégique, l’opposition gabonaise signerait là une bien piteuse reddition, naufrageant ainsi tout le crédit dont elle jouit, abandonnant à son triste sort le peuple gabonais, en contribuant par son immaturité à mettre plus que jamais en danger tout le pays.
Nous nous efforçons de faire comprendre, que de notre point de vue, le combat pour le respect et la restauration de la souveraineté du peuple gabonais n’est pas clos, non, l’élection présidentielle « n’est pas derrière nous », ce combat là nous comptons le poursuivre jusqu’au respect de la vérité sortie des urnes en Août 2016, cela est pour nous un point de doctrine.
C’est dans cet esprit et dans un souci de fidélité, au terme d’un processus de concertation approfondie, que nous nous en sommes ouverts à Son Excellence Monsieur Jean PING lui même à qui nous avons fait connaître notre décision. Nous nous félicitons une fois de plus de la sagesse et de la hauteur de vue dont il a fait montre.
Le Rassemblement Héritage et Modernité considère que le moment est désormais opportun pour annoncer à l’opinion nationale et internationale sa décision de participer aux élections législatives à venir.
De même, nous nous employons à défendre sans relâche l’idée que la reconnaissance du verdict des urnes et la restitution de ce qui a été dérobé à Son Excellence Monsieur Jean PING est notre première exigence de tous les instants.
Nous défendons également la conviction que le triomphe de l’alternance démocratique, passe par la conquête des suffrages de nos concitoyens. Pour nous, c’est bien au sein des assemblées politiques nationales et locales, que nous participerons au travail de modernisation de notre vie politique qui pâtit gravement, et pour le moins, de l’effondrement généralisé des contre-pouvoirs, installant de fait notre pays dans une dictature aujourd’hui perçue par tous et rejetée de tous.
Il doit être clair, dans l’esprit de tous, que notre choix politique n’a rien à voir avec un quelconque adoubement prétendument implicite de la présidence de monsieur Ali BONGO ONDIMBA.
Notre démarche politique demeure dans la cohérence de notre engagement en faveur du changement et de la démocratie intégrale dans notre pays, et l’histoire jugera chacun d’entre nous sur ses actes.
Dans la démarche collective des forces politiques coalisées, nous tenons à marquer notre indépendance et à poursuivre la lutte avec les moyens du moment dans le contexte du moment. Nous ne nous résignons pas, convaincu que seul ceux qui ne se résignent pas finissent pas triompher.
Aujourd’hui, quelques soient les formules cosmétiques proposées, l’échec politique, économique et social du pouvoir est incontesté. Ce pouvoir et sa funeste pratique politique ont conduit notre pays au désastre.
Pour prendre un seul exemple, chacun observe bien une montée en puissance d’une gestion népotique et chaotique des ressources humaines dans l’administration d’État.
Cette pratique qui ne constitue en rien un gage d’efficacité, pourrait secréter un grave danger pour la cohésion nationale. Il apparaît désormais aux yeux de tous les gabonais que certaines administrations publiques, sont sanctuarisées au seul profit des seuls natifs d’une province aux mépris des principes fondamentaux posés par la Constitution de notre pays.
De fait, ces violations flagrantes de la lettre et l’esprit de la constitution se trouvent aggravées par une réforme bâclée du statut de la Fonction publique, menée tambour battant, sans concertation préalable avec les partenaires sociaux.
Les gabonais ont massivement exprimé le rejet de ce pouvoir et de sa politique.
Après un septennat chaotique serti de menteuses extases d’un prétendu « Avenir en confiance », notre pays est désormais en proie à un chômage endémique, paralysé par des grèves perlées dans le secteur public… marqué par des infrastructures partout chaotiques, un accès profondément inégalitaire aux services de base ; le stress hydrique généralisé dans le pays, le faible raccordement au réseau d’électricité.
Ces pénuries exclusivement imputées aux prétendues carences de gestion du Groupe Veolia, de même que l’insalubrité généralisée des villes mensongèrement imputée à l’incivisme des gabonais quant Averda n’est pas convoquée au banc des accusés. Tous arguments qui ne convainquent personne.
La ruine des infrastructures urbaines et des équipements collectifs de base, dans l’éducation, dans la santé, le désastre du chemin vicinal curieusement appelé « la Nationale 1 » et ses chaotiques affluents départementaux, illustre a lui seul l’incurie, l’irresponsabilité et la ruine morale de ce régime, achevant d’inhumer, aux yeux de tous, la crédibilité d’un gouvernement de passagers
clandestins…
Quant à la parodie de justice, il nous semble qu’elle ne manquera pas de se retourner
contre ceux qui l’instrumentalisent à des fins bassement politiciennes pour tenter de
masquer leur propre échec, leur propre incapacité surexposés au yeux du monde entier.
Il nous importe de mettre un cran d’arrêt à cette sorte de monarchie républicaine
tropicale et son emprise totale sur les gens et le territoire, à cette centralisation
excessive de l’organisation politique et sociale qui conduit inexorablement notre pays à
sa perte.
Il nous importe d’œuvrer à la reconstruction morale et matérielle de notre pays en
restaurant la crédibilité des institutions, l’autorité, la confiance, le redressement
économique, financier et social.
C’est pourquoi, aux côtés d’autres formations politiques de la coalition, nous avons
exprimé clairement notre choix de participer à l’élection législative toujours attendue.
Nous demeurons ouverts et nous nous réjouissons de la contribution récente de 41
formations politiques qui, une fois de plus, abusées par le non respect des
recommandations du dialogue cosmétique organisé par le pouvoir, souhaite resserrer
les rangs de l’opposition, pour garantir notre victoire future.
Car oui, en effet, notre conviction est que, l’opposition gabonaise est plus que jamais en
mesure de remporter la majorité des sièges à l’assemblée nationale et imposer ipso facto
un schéma politique inédit dans l’histoire de notre pays, c’est à dire contraindre le
pouvoir à une cohabitation.
Oui, en effet, en démocrates pleinement convaincus de la portée de notre responsabilité
politique, il nous faut construire le contrepoids législatif nécessaire à l’effet d’entraver
l’inclinaison du pouvoir à instrumentaliser la chambre basse dans l’élaboration des lois
iniques et le vote des choix budgétaires au détriment de l’intérêt général, l’intérêt du
peuple gabonais qui a massivement rejeté ce pouvoir.
Le Rassemblement Héritage & Modernité porte la conviction que la conquête de la
majorité des sièges au sein de l’assemblée nationale constituera, à n’en point douter, une
avancée significative pour la mise en place d’une plate-forme revendicative, propice au
traitement de l’ensemble des questions posées par l’élection présidentielle qui, pour
l’heure demeurent irrésolues.
Cette majorité politique est nécessaire pour faire notamment, par le truchement des
commissions d’enquêtes parlementaires, toute la lumière sur les événements de la nuit
du 31 aout 2016, afin d’en déterminer clairement les responsabilités, ainsi que le devoir
de mémoire nous l’exige.
Un devoir que la nation se doit d’exercer en la mémoire de tous ceux des nôtres qui,
pour le triomphe de la liberté, la démocratie, l’État de droit et l’alternance politique, ont
payé un lourd tribut par le sacrifice de leur vie.
Participer à l’élection législative et remporter la majorité des sièges c’est nous donner,
les moyens véritables de soumettre à l’examen d’une justice équitable la question de la
libération des détenus politiques et d’opinion.
De fait, n’est-il pas dans le rôle de l’opposition d’œuvrer à la libération de Bertrand
ZIBI, Pascal OYOUGOU, Frédérique MASSAVALA MABOUMBA, MOMBO KINGA et de
nombreux autres compatriotes arbitrairement retenus sans procès dans les geôles du
pouvoir ? Quel serait le sort de ces vaillants compagnons de lutte si l’opposition signait
une reddition ? Qui pourrait mieux que l’opposition elle-même, devenue majoritaire,
protéger les libertés individuelles et collectives et garantir la sécurité et la quiétude à
nos compatriotes, aujourd’hui contraints aux affres et déchirements intimes de l’exil ?
Ainsi que nous l’avons dis, pour le Rassemblement Héritage et Modernité, l’élection
présidentielle n’est pas « derrière nous ». L’entrée massive de l’opposition à l’assemblée
nationale vise à créer et imposer un rapport de force favorable, afin de poursuivre la
lutte en faveur du respect du verdict des urnes, le seul que les gabonais reconnaisse : la
victoire triomphale de Son Excellence Monsieur Jean PING.
Le Rassemblement Héritage et Modernité appel donc à l’unité, à la cohésion et à la
persévérance de toute l’opposition gabonaise et de toute la diaspora, dont nous saluons
le travail acharné et la contribution patriotique au combat pour la libération de notre
pays.
Le Rassemblement Héritage et Modernité soutien sans réserve l’action de la diaspora,
nous l’encourageons à poursuivre ses efforts car la crise politique gabonaise n’est pas
close.
Notre parti poursuit la lutte afin que toutes les filles et les fils du Gabon, aujourd’hui
réfugiés politiques à travers le monde, puissent regagner librement leur pays, s’y
exprimer librement et participer au développement du Gabon.
Mesdames et Messieurs, chers compatriotes, monsieur Ali BONGO ONDIMBA, n’a pas
gagné l’élection présidentielle du 27 Août 2016. Bien qu’étant à la tête des services de
l’Etat, il est illégitime. Nous avons voulu dire ce jour, devant la communauté nationale et
internationale que notre parti, le Rassemblement Héritage et Modernité a décidé de
poursuivre, à l’assemblée nationale c’est à dire au sein d’une instance politique majeure
où se prennent les décisions au nom du peuple souverain, le combat engagé en Août
2016.
Nous lançons donc un appel à toute l’opposition véritable, pour l’inciter à participer à ce
scrutin dans l’unité et la concorde afin de montrer, une fois encore s’il en était besoin, à
la face du monde que l’écrasante majorité des gabonais rejettent le régime d’Ali BONGO
ONDIMBA.