En fin décembre 2017, Ali Bongo avait annoncé plusieurs mesures visant l’amélioration de l’accès aux soins, particulièrement au profit des populations de l’intérieur du pays. Seulement, le «rêve» du président de la République se heurte à la réalité sur le terrain, qui montre que dans la capitale, personnel soignant et patients ne sont pas mieux lotis.
Ali Bongo a-t-il déjà échoué à matérialiser sa promesse d’améliorer l’accès des Gabonais aux soins ? Les promesses faites par le président de la République, en décembre 2017, censées rassurer particulièrement les populations vivant à l’intérieur du pays étaient-elles précipitées ? Une réponse affirmative à ces deux interrogations ne fait pas de doute. Du moins, si les choses restent en l’état dans les structures sanitaires publiques, y compris à Libreville, où personnel soignant et patients font face à divers manquements.
La sonnette d’alarme a une nouvelle fois été tirée, il y a quelques jours, par les médecins du Centre hospitalier universitaire de Libreville (CHUL). Menaçant d’entrer à nouveau en grève, ils dénoncent l’absence du strict minimum : les médicaments et les plus banals d’outils nécessaires à leur exercice. Une situation qui, selon le Syndicat des médecins fonctionnaires gabonais, ayant tenu une assemblée générale le 5 avril dernier au CHUL, a souvent occasionné des décès de malades «tout à fait évitables».
«Lorsque le malade arrive, nous n’avons même pas un catalan pour prendre une voie veineuse, pas de glucosé ni de seringue ou une ampoule de Valium», témoigne dans le quotidien L’Union du vendredi 6 avril, Dr Adrien Mougougou. Le président du Symefoga y évoque «la torture des malades», et ne manque pas de révéler qu’en plus des carences observées, le bâtiment flambant neuf du CHUL «est plein de dommages».
Trois mois après l’annonce des grandes mesures du président de la République, rien ou presque n’a bougé. Dans les structures sanitaires, aux plaintes du personnel soignant restées les mêmes depuis des années, se sont ajoutées celles liées à «la militarisation» du Centre hospitalier universitaire d’Angondjé. Au sein du Symefoga, l’on pense que cette décision pourrait avoir de lourdes conséquences dans les mois et années à venir. Le syndicat estime que les militaires ne sont «pas capables de faire fonctionner cette structure». Ceux-ci envisagent d’ailleurs de mettre à contribution le personnel civil.
Dans un mois, si les préoccupations des médecins fonctionnaires n’ont pas trouvé de solutions, une nouvelle grève pourrait bien être lancée au CHUL et dans d’autres structures. En attendant, sur la question de la carence en médicaments, la Caisse nationale de maladie et de garantie sociale (CNAMGS) a récemment promis une enveloppe d’environ 150 millions de francs CFA. Beaucoup d’argent, mais les médecins indiquent qu’il ne s’agit, en réalité, que d’un mois de pratique au CHUL par exemple.
Pour l’heure, en dépit de belles promesses d’Ali Bongo, le personnel soignant des structures sanitaires publiques à travers le pays continue de faire face à une certaine «insécurité», dont le malade n’est pas la seule victime. Comme quoi, Ali Bongo risque fort d’échouer à matérialiser ses promesses de décembre 2017 s’il ne s’y prend pas autrement. Assurément, on a mis la charrue avant les bœufs !