11ème Bâtonnier de l’histoire du Barreau gabonais, M. Ntoutoume se donne pour mission principale de moraliser la profession d’avocat et de replacer le Barreau gabonais sur la scène internationale. Il a été élu le 31 mars dernier, face à Jean-Pierre Akumbu m’Olouna et à Moubéyi Bouale (après le désistement de Bertrand Homa-Moussavou) avec 59 voix, contre 44 au «tenant du titre» et 2 à Moubéyi Bouale.
Après Jean Vanoni, Henri Julien, Pierre-Louis Agondjo Okawé (premier Gabonais à diriger le Barreau), Séraphin Ndaot, François Ondo Nzé, Norbert Issialh, David Foumane Mengué, Justin Taty et Marlyse Issembé (devenue intérimaire suite à la crise née de l’invalidation de la deuxième élection de Me Taty) et Jean-Pierre Akumbu son prédécesseur, Lubin Ntoutoume, 53 ans, est le nouveau Bâtonnier de l’Ordre des avocats. Accueilli et formé au Cabinet Courbou et Isnard de Libreville, Lubin Ntoutoume est avocat depuis 1992. Depuis 26 ans donc, sa silhouette, son physique reconnaissables à la couleur blanche devenue de ses cheveux, arpente les couloirs et les prétoires des Palais de justice du Gabon et d’ailleurs.
Devenu, par son talent, sa fraîcheur, sa capacité de réflexion et avec ce qu’il dégage d’intelligence, un des ténors du Barreau du Gabon, un de ses plus beaux esprits, un de ses plus beaux cerveaux, une de ses brillantes mécaniques intellectuelles, Lubin Ntoutoume est un avocat respecté et admiré. Ses pairs ne tarissent pas d’éloges sur lui. Ils sont en effet nombreux à penser que le nouveau Bâtonnier va faire bouger les lignes, par sa perspicacité, son entregent et son sens des responsabilités. «C’est un bel esprit et une belle mécanique intellectuelle, un homme doué ; nous sommes convaincus qu’il saura faire, qu’il saura mener la barque», estime un ancien Bâtonnier ayant voté pour lui le 31 mars dernier.
Lubin Ntoutoume dit entamer ce mandat de deux ans que lui ont confié ses pairs avec confiance, optimisme et détermination. Parmi les chantiers auxquels il compte s’attaquer dans l’urgence, se trouve notamment la réforme du dispositif légal qui gouverne l’exercice de la profession d’avocat au Gabon. A cela s’ajoutent la restauration de l’image du Barreau, le renforcement de l’indépendance du Barreau et de sa présence sur la scène internationale. Last but not least, il souhaite également mettre en avant la formation des avocats aux disciplines connexes et voisines du Droit… Il souhaite surtout moraliser la profession. Pour lui, il faut des avocats indépendants et de bonnes mœurs.
Le courage, la force de persuasion et cette détermination sont ses principales caractéristiques. Elles ont tenu dans la durée. Il sait que dans les coulisses du pouvoir judiciaire, la vie est parfois profondément humaine, la vie peut aussi, souvent, être féroce, surtout lorsqu’on défend des dossiers sensibles. Les menaces, les attaques, les incompréhensions de toutes sortes portent le témoignage vivant et concret de sa carrière professionnelle. Son Cabinet, pourtant situé dans le quartier résidentiel des Hauts de Gué-Gué – Kalicak, a ainsi fait l’objet de moult cambriolages aussi surprenants les uns que les autres. Il sait que l’univers judiciaire compte des hommes et des femmes grands et respectables, mais il compte aussi des hommes et des femmes lâches et petits. Et il a toujours trouvé la force de surmonter la peur. Et il a aussi de nombreux motifs de satisfaction, notamment lorsqu’il fait libérer des personnes injustement condamnées ou qu’il arrive à sauver de la prison des personnes qui y étaient «destinées» à tort…
Dès lors, va-t-on assister à un aggiornamento de la profession d’avocat au Gabon, comme on a pu le voir dans d’autres pays d’expression française ? Les deux prochaines années nous le diront…