Elle a été lancée en janvier 2017, suite aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI) qui a appelé le gouvernement à tout mettre en œuvre pour lutter contre la corruption et les détournements de fonds publics. Pourtant l’opération Mamba, qui a débuté avec les arrestations d’anciens ministres, directeurs généraux et autres cadres aujourd’hui derrière les barreaux de la prison centrale de Libreville, est loin de se passer des querelles politiques. L’opposition estime qu’il s’agit d’une manie d’Ali Bongo qui tente de maquiller sa mauvaise gestion de l’argent public. Ce que rejette le pouvoir qui lui met en avant la réédition des comptes.
Tout le monde ou presque veut voir être jugés, tous les coupables des crimes économiques au Gabon. Il faut dire que depuis la présidence d’Omar Bongo, la vie exagérément luxueuse, et ostentatoirement affichée par certains cadres, a toujours laissé, auprès des citoyens lambda, des soupçons de détournements de l’argent de l’Etat. Surtout avec la succession de projets chiffrés à coups de milliards, mais jamais réalisés, ce qui a laissé pousser partout des éléphants blancs, malgré l’argent à cet effet décaissé. Une corruption endémique, jamais conjurée, qui a d’ailleurs fait dire à l’ONG Transparency International que ‘’le Gabon était l’un des pays les plus corrompus au sud du Sahara’’.
L’opération Mamba pour changer les choses
Pour chasser cette mauvaise image, le gouvernement, sensibilisé par le FMI, a décidé de changer les choses. La solution, un vaste coup de filet dans les administrations publiques et parapubliques du nom d’un serpent très dangereux, "Mamba". Les premiers à avoir été mordus par le Mamba sont les anciens ministres du Pétrole, Etienne Dieudonné Ngoubou, arrêté trois jours après son éviction du gouvernement en janvier 2017, de l’Economie, Magloire Ngambia, l’ancien Coordinateur du projet d’assainissement des bassins versants de Libreville, Blaise Wada actuellement jugé devant la Cour Criminelle Spéciale (CCS).
Viennent ensuite d’autres anciens cadres comme Paul Mapessi, l’ancien directeur général de la Société Nationale du Logement Social (SNLS), Landry Patrick Oyaya, ancien directeur général du fond d’entretien routier, Grégoire Biyama, ancien directeur général adjoint de l’Agence Nationale des Grands Travaux (ANGT),Léon Ndong Nteme, Inspecteur général des finances, Alain Paul Ndjoubi Ossami, ancien directeur des Douanes. Ils sont accusés d’avoir détourné, chacun, des fonds publics dans le cadre de leurs fonctions.
Un règlement de comptes, selon l’opposition
Pour l’opposition, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un règlement de comptes d’Ali Bongo, qui veut se servir de ces arrestations pour maquiller la destination prise par l’argent de l’Etat sous son règne. C’est donc une farce. Selon l’opposition, si Ali Bongo veut réellement lutter contre les détournements d’argent, qu’il commence d’abord par dire où est passé l’argent du pays, tout en s’attaquant aussi à ses plus proches collaborateurs, qui seraient, eux aussi responsables des détournements de fonds publics.
Des efforts insignifiants
La population elle-même semble divisée. Si certains louent les efforts du gouvernement en la matière, d’autres, au contraire affirment que le nombre de détenus actuellement à Sans-famille pour détournement de fonds est insignifiant par rapport à l’ampleur du phénomène. Il y a un an, la commission nationale de lutte anticorruption a transféré à la justice, 12 nouveaux noms d’auteurs présumés de détournement des deniers publics. Des noms parmi lesquels se trouveraient même certains opposants. A ce jour, aucune poursuite n’a été engagée contre eux. Mais des opposants mordus par Mamba accepteront-ils de rendre des comptes à la justice sans crier au scandale ? C’est l’épreuve à laquelle devrait être confrontée l’opération Mamba, la politique.