La signature aujourd’hui à Kigali, au Rwanda, d’un accord panafricain de libre-échange ouvre la voie à la perspective d’un marché interconnecté africain. Et pourtant, la volonté du Nigéria de ne pas faire partie de cette zone pourrait freiner cet élan.
La présence aujourd’hui à Kigali de plusieurs chefs d’Etat du continent dont le Président de la République, Ali Bongo Ondimba, ouvre la voie à une perspective de matérialisation d’un dossier longtemps resté en suspens : celui d’une zone de libre-échange interafricain. Un projet soutenu durant plusieurs années par l’Union Africaine (UA) qui s’inscrit dans une vision économique panafricaine.
Fraction de l’agenda 2063 de l’UA, le projet avoisinerait 2500 milliards de dollars de PIB cumulés. Mais pour entrer en vigueur, il doit recevoir l’assentiment d’au moins 22 Etats membres. Ce qui pourrait ne pas être une mince affaire car, depuis l’annonce de la signature de cet accord continental, les frictions se font sentir. C’est le cas du Nigéria qui ne voit pas l’utilité pour lui de faire partir de cette zone alors que son économie souffre d’une crise dont les solutions se trouvent dans la diversification économique.
Les autorités et actionnaires nigérians mettent en avant « quelques réticences quant aux conditions de ce traité ». Mais, même en l’absence du Nigéria l’accord pourrait être signé. Ce qui pourrait d’une manière ou d’une autre remettre en cause son poids d’autant plus que le Nigéria est une économie importante du continent. Mais le consensus autour du projet n’a pas encore donné son verdict final.
Enjeux
Le projet salué ci et là devrait regrouper à terme, les zones régionales commerciales existantes. Un enjeu d’autant important que le commerce intra africain ne représente que 16% contre environ 50% avec l’Asie et près de 70% avec l’Europe. En effet, la mise en place d’une telle zone devrait booster le secteur industriel africain en offrant de l’emploi à des milliers des jeunes, participant à une meilleur intégration et en luttant contre la pauvreté qui frappe des millions des personnes dans le continent. « La création d’un marché africain unique améliorera la compétitive des industries locales africaines et le niveau des entreprises en exploitant les possibilités de la production de masse et d’une meilleur réaffectation des ressources », estime un diplomate. Mais pour parvenir ces possibilités, les pays doivent marcher en ordre de bataille.