Assurant ne subir aucune pression, ni de la part de la présidence de la République ni même de celle du ministre de la Communication, les responsables de Radio Gabon regrettent, ce mardi 20 mars, que les opposants hésitent à communiquer sur leur média.
Rarement invitée à couvrir ses événements, Radio Gabon est accusée par l’opposition de faire le jeu du pouvoir, soit par crainte d’être censurée, soit parce que les responsables de ce média public acceptent de suivre les instructions des tenants du pouvoir. Si le climat de méfiance entre les deux parties résiste depuis de longues années, la présidentielle d’août 2016 n’a pas arrangé leurs rapports. D’autant que depuis l’organisation du dialogue national, certains partis de l’opposition ayant accepté la main tendue d’Ali Bongo ont de nouveau accès à la radio publique quand d’autres, refusant toujours de reconnaître sa réélection, éprouvent encore des difficultés à faire confiance au média. Pourtant, Bertrand Ebiaghé Angoué, l’assure, les réalités ne sont plus les mêmes depuis plusieurs mois.
«Il n’y a aucune censure des pouvoirs publics vis-à-vis de ce qui est écouté à Radio Gabon. Il se trouve cependant que le pouvoir a peut-être les meilleurs canaux pour faire parvenir ses désidérata par rapport à l’autre bord politique qu’est l’opposition», affirme ce mardi 20 mars le directeur général du Groupe Radios Gabon.
A la Maison Georges Rawiri, siège des groupes Gabon Télévisions et Radios Gabon, l’on considère donc que la forte présence d’informations liées au Parti démocratique gabonais (PDG), par exemple, est due au fait que le parti d’Ali Bongo «arrive à coordonner ses activités, alors que (Radio Gabon n’est) n’a pas toujours été sollicitée par l’opposition». L’autre raison, tente de justifier Bertrand Ebiaghé Angoué, c’est que «Radio Gabon a des correspondants sur toute l’étendue du territoire (national), et les informations qui (leur) remontent proviennent en général du PDG».
Le patron de Radio Gabon rappelle par ailleurs que la mission du média dont il a la charge depuis janvier dernier est de «répondre aux aspirations et besoins de la population en matière d’information, de communication, de culture et de divertissement», tout en assurant «l’accès de tous les citoyens à la radio». Son média, dit-il,«a le devoir de respecter la pluralité des expressions». Aussi appelle-t-il les opposants «à venir communiquer» sur sa radio.
Dans le dernier rapport de l’Observatoire de la couverture médiatique des élections au Gabon (OCME-Gabon), financé par l’Union européenne via le projet Journalisme en Afrique pour le développement (Jade), Radio Gabon est classée première des radios gabonaises. L’équilibre de son information politique lui a valu d’être notée 5/10.
Le rapport relève toutefois que sur les 45 minutes d’informations politiques observées, «Ali Bongo Ondimba et ses soutiens ont eu droit à 80% de ce temps, temps ayant servi à la diffusion des informations toutes favorables ou neutres pour le président. Les informations en faveur de Jean Ping ont occupé 5% du temps et celles en faveur de l’opposition modérée 15%».