Le jugement des génocidaires financiers du Gabon, entamé jeudi dernier à Libreville par Blaise Wada, doit remonter le temps, pour mettre devant la barre tous ceux qui ont organisé ou participé au génocide financier du Gabon, qu’ils soient vivants ou morts, a exigé l’hebdomadaire indépendant La Nouvelle République N°120 du vendredi 16 mars 2018.
« Ce procès doit remonter dans le temps afin que soient jugés tous ceux qui ont pillé les caisses de l’Etat », suggère le journal connu pour ses analyses non complaisantes.
« S’ils ne sont plus de ce monde, leurs ayants droit doivent en payer le prix », tranche le journal qui explique : « la plupart des édifices loués par l’Etat appartiennent à des génocidaires financiers responsables du massacre des finances publiques ».
« C’est l’occasion de les placer sous mandat de dépôt », conclu le journal qui ne prend aucun risque de citer une seule personnalité.
L’hebdomadaire salue l’ouverture des audiences à la Cour criminelle spéciale (CCS). « Les personnalités actuellement en détention préventive à la prison centrale de Libreville ne doivent pas être les seules à comparaitre devant cette juridiction », plaide le journal qui constate que beaucoup d’autres grosses légumes courent toujours.
La Nouvelle République s’interroge sur le sort réservé à toutes les personnalités qui avaient déjà été épinglées par la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLEI) « dont on disait qu’ils ne peuvent être jugés que par une cour spéciale ».
« Qu’attend-t-on pour les placer au box des accusés aux côtés de leurs semblables ? » s’impatiente le journal qui estime qu’avec la mise en place de la CCS, il n’y a plus le moindre échappatoire.
« Ils doivent comparaitre avec les autres. Sinon cela ne ferait que conforter la thèse d’un règlement de comptes », rappelle l’hebdomadaire.
La création de la CCS est la conséquence logique de l’opération mains propres dénommée « Mamba » lancée début 2017 pour traquer les voleurs des fonds publics. Deux ex-ministres très puissants durant le premier septennat d’Ali Bongo Ondimba ont été rattrapés et jetés en prison où ils attendent leur jugement. Il s’agit de l’ex ministre du Pétrole, Etienne Dieudonné Ngoubou et de son ancien collègue du Budget, des investissements, des TP, des Infrastructures, de l’Habitat… Magloire Gambia. Avec eux, cinq cadres de la haute administration.
Le pouvoir se frotte les mains soutenant qu’il a pris à bras le corps l’épineuse question des détournements des fonds publics et son corolaire la corruption qui seraient à l’origine de la reculade du Gabon malgré ses énormes revenus tirés de l’exploitation des matières premières (pétrole, manganèse, uranium, bois…). Le public est cependant assez sceptique. Il pense plutôt à une opération de règlement de comptes pour éloigner des cercles du pouvoir certains « amis désormais gênants » du président de la République.