Une journée aurait suffit aux experts, économistes, politiques et autres acteurs Gabonais du développement, épaulés par deux personnalités de renom, Muhammad Yunus et Joaquim Chissano, pour prescrire les solutions manquantes ou plutôt corriger le rapport de Stratégie d’investissement humain du Gabon (SIHG), pourtant réalisé par un cabinet à l’expertise mondialement reconnue et qui a été soutenu par les ministères gabonais concernés.
Réunis les 25 et 26 avril dernier dans le cadre des Assises sociales du Gabon, initiées par le président Ali Bongo Ondimba en vue de la production des solutions capables de répondre aux priorités absolues dans la mise en œuvre de la stratégie d’investissement humain du Gabon, réalisée entre octobre et décembre 2013, par le cabinet McKinsey & Company, les panélistes commis à la tâche, n’ont disposé que du temps d’une journée entière pour apporter satisfaction aux attentes du numéro un gabonais, décidé plus que jamais à éradiquer de sa terre la pauvreté et la précarité qui gagne du terrain auprès des populations.
Qui aurait bien pu croire au génie et à la promptitude des Gabonais à produire, en un laps de temps aussi court qu’une journée, des solutions ayant permis au président Ali Bongo Ondimba de prendre des mesures concrètes chiffrées à 250 milliards de francs CFA à étaler sur trois ans, soit près de 83,34 milliards par an, contre le besoin annuel de 110 milliards francs CFA indiqué par le cabinet McKinsey & Company pour éradiquer la pauvreté ? N’est-ce pas là une certaine manière de désavouer McKinsey & Company, structure pourtant reconnue comme un des plus influents et prestigieux acteurs de l’industrie du conseil au monde, avec plus de 50 gouvernements et 93 des 100 premières entreprises mondiales parmi ses clients. L’étude de McKinsey a en effet laissé béant un gap de 140 milliards de francs CFA, bouché le week-end dernier aux Assises sociales du Gabon par les Gabonais eux-mêmes.
Avait-on donc besoin d’un cabinet international dont la réputation n’est certes plus à démontrer pour sillonner une quarantaine de départements du Gabon et comprendre de manière claire les causes du maintient des 95 000 foyers Gabonais, soit 30% de la population, dans l’extrême pauvreté et dans la précarité ? Finalement, la véritable réflexion sur les mécanismes capables de renverser cette situation qui n’échappe à aucun Gabonais, n’a nécessité que la location d’un espace au stade de l’Amitié à Angondjé, même si le kongossa librevillois parle d’une enveloppe de quelques centaines de millions de francs CFA, empochés par un expert bien connu en organisation de forum luxueux, et même si les extrapolations vont bon train sur le coût d’une communication donnée par un Prix Nobel ou par un ancien chef d’Etat.
D’ores et déjà le peuple gabonais, en général, mais surtout les plus concernés par cette précarité accablante, peuvent se réjouir et espérer voir dans les plus brefs délais les premiers actes de la volonté du gouvernement gabonais à les sortir de la souffrance quotidienne. Le montant de 250 milliards de francs CFA issu du budget national des trois prochaines années, servira à financer selon Ali Bongo Ondimba, «la politique sociale à travers notamment les filets de protection économique et transferts solidaires, le développement des activités génératrices de revenus, la mise en place d’un fonds pour le microcrédit et l’amélioration du service public de l’emploi». La proposition de McKinsey & Company reposait sur une politique intégrée autour de 4 volets complémentaires : des «filets sociaux», des activités génératrices de revenus (AGR), le développement de l’accès aux services de base, et le déploiement d’infrastructures d’intégration économique et sociale (en urbain et en rural). La différence n’est pas bien grande, mais la facture si.