Pour les amis de Jean Ping, il est hors de question de parler d’élections législatives tant que la lumière n’aura pas été faite sur la présidentielle de 2016.
La Coalition pour la nouvelle république (tendance boycott des élections législatives), a poursuivi le week-end écoulé, sa série de causeries à travers les quartiers de Libreville. Expliquer aux Gabonais les raisons de leur refus de prendre part aux futures échéances électorales est le principale objectif desdites rencontres. Les habitants du quartier Bel-air, dans le premier arrondissement de Libreville, ont assisté à cet échange.
Alors que le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba met en œuvre tous les mécanismes nécessaires pour le renouvellement du parlement et tourner une fois pour toute la page noire de la dernière présidentielle dans le pays, Jean Eyeghe Ndong, ancien premier ministre et solide soutien de Jean Ping, conduit une caravane de boycott qui pourrait profondément perturber la tenue desdites échéances : « il y a un rapport de la Mission d’Observation Electorale de l’Union européenne qui est venue ici pour observer l’élection présidentielle du 27 aout 2016. Elle a établi un rapport qui dit clairement qu’Ali Bongo n’est pas un président légitime car ses experts ont remarqué pleins d’anomalies évidentes ».
La question des prochaines législatives a scindé la Coalition pour la nouvelle république en deux courants : ceux qui y participeront et ceux qui estiment que c’est une diversion du régime en place. La décision des premiers (quatre partis), est profondément critiquée dans le camp des boycotteurs : « ils disent qu’on ne peut pas laisser Ali Bongo gouverner seul. Est-ce que Ali Bongo a besoin de quelqu’un pour gouverner ? est-ce qu’il a déjà eu le souci de demander quoi que ce soit à qui que ce soit pour prendre ses décisions ? », a questionné Véronique Essomeyo, membre de la Coalition. Elle estime aussi que la participation de ces quatre partis répond à des intérêts égoïstes.
Cette caravane de boycott pourrait amplifier le désintéressement de la population face aux affaires publiques et engendrer un très faible taux de participation à ces législatives. Déjà, depuis les violences postélectorales, la crise de confiance entre les Gabonais et leurs institutions avait davantage mûri. Lors de cette présidentielle, la Cour constitutionnelle avait annulé les résultats de plusieurs bureaux de vote sans y reprendre l’élection. Aujourd’hui, plusieurs Gabonais ne croient plus au bulletin de vote, estimant que les élections ne sont pas transparentes.