Après la radicalisation affichée depuis le terme de la présidentielle de 2016, l’opposition du moins, une grande partie de la coalition de l’opposition pour une nouvelle république (CNR) semble s’être résolue désormais à l’évidence. Conséquence, elle a répondu présente à l’invitation du ministre de l’Intérieur, Lambert Noel Matha, qui a devisé mercredi dernier avec les responsables des partis politiques.
C’est un revirement de position, même si par prudence langagière, certains refusent de l’admettre. Une reconnaissance implicite par l’opposition regroupée autour de Jean Ping des autorités en place. Après avoir, pendant plus d’un an, rejeté systématiquement la légitimité du gouvernement d’Ali Bongo Ondimba, l’opposition semble enfin avoir déjà compris la leçon. La résistance jusque-là brandie n’a rien produit. Pire, elle n’a contribué qu’à laisser la CNR en marge des décisions politiques d’Angondjé.
La restitution de la victoire présidentielle tant brandie, en vain, l’opposition a compris que se mettre encore en marge de la constitution du cadre électoral serait suicidaire pour elle. D’où sa présence mercredi dernier au ministère de l’Intérieur où elle a répondu à l’appel de Lambert Matha. Lequel a échangé avec tous les appareils politiques de la majorité et de l’opposition, notamment sur la mise en place de l’environnement électoral, avec la composition du bureau du Centre Gabonais des Elections (CGE). C’est en quelque sorte une victoire pour le camp au pouvoir qui peut dorénavant se targuer d’avoir pris, dans son escarcelle, des radicaux pros Ping, qui juraient jusque-là de ne pas reconnaître, de quelque manière que ce soit, le pouvoir d’Ali Bongo.
L’opposition n’a plus de choix
En effet, si l’opposition a laissé de côté sa radicalisation et sa résistance pour prendre part à une réunion organisée par un membre du gouvernement qu’elle a toujours qualifié de « putschistes », c’est parce que le rapport de forces ne lui est plus favorable. Devant un pouvoir qui a tenu bon face aux critiques de la communauté internationale qui doutait de la réélection d’Ali Bongo en août dernier, devant le passage en force du Chef de l’Etat gabonais qui à su s’imposer à une communauté internationale divisée sur le dossier électoral gabonais, l’opposition qui subit la brimade du pouvoir n’avait plus d’autre choix que de répondre à l’appel de Matha. Et ce, au risque de se retrouver encore dans la rue au nom d’une « Résistance » improductive qu’on relègue peu à peu aux oubliettes, à mesure que les législative se précisent à l’horizon.
L’opposition qui a boycotté le dialogue, dépourvu de moyens de réplique, se retrouve contrainte d’adopter les réformes des négociations d’Angondjé en demandant à intégrer le CGE. Elle se verra obligée de suivre le dictat des dialogueurs, même au cas où elle ne serait pas d’accord sur certaines dispositions de cette machine électorale, construite comme l’émanation du dialogue politique. C’est la conséquence de la politique de la chaise vide, et elle ne peut que s’en prendre à elle-même.