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Assises sociales du Gabon: les leçons par l’exemple de Yunus et Chissano
Publié le lundi 28 avril 2014   |  Gabon Review


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© Autre presse par DR
Assises sociales du Gabon: les leçons par l’exemple de Yunus et Chissano


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«Témoignage d’un Prix Nobel», «Témoignage d’un leader» étaient les segments des Assises sociales du Gabon ayant permis au Prix Nobel de la paix 2006, Muhammad Yunus, et à l’ancien président du Mozambique (1986-2005), Joaquim Chissano, d’édifier le millier de personnes venues à ces travaux sur les mécanismes qui leur ont permis de relever le niveau de vie et de développement de leurs compatriotes.

Exemples vivants de matérialisation d’initiatives belles et réussies, le Bangladais Muhammad Yunus et le Mozambicain Joaquim Chissano ont livré des communications, aux Assises sociales du Gabon des 25 et 26 avril dernier, expliquant comment ils ont réussi à transformer leurs peuples et à les sortir de situations d’extrême précarité.

Si l’on sait que le Prix Nobel est le fondateur de la Grameen Bank (littéralement, Banque des villages ou encore Banque des pauvres), on n’oubliera pas que Joaquim Chissano qui fut président du Mozambique (1986-2005) a réussi à sortir son pays d’une crise née de l’assassinat du président Samora Machel en 1986, avant d’œuvrer efficacement pour le développement intégral du Mozambique et de sa population.

Les uns et les autres devraient se dire qu’ils doivent créer et donner des emplois…

Le parcours de Muhammad Yunus, surnommé le «banquier des pauvres», a édifié les participants à ces assises sur l’action que devrait mener les autorités gouvernementales pour pouvoir agir sur le quotidien des populations. L’économiste a indiqué en effet qu’avec des étudiants, il avait crée un groupe de «recherche-action», dont les premiers travaux ont porté surtout sur des questions agronomiques (implantation de nouvelles espèces de riz, notamment). Ce après une grande famine qui avait frappé son pays.

Ce n’est que dans un second temps qu’il en est venu à penser qu’une grande partie des problèmes rencontrés par les paysans pauvres du village voisin de l’université où il enseignait tenait à leurs difficultés d’accéder à des capitaux. Leurs terres étant généralement si petites qu’elles ne pouvaient constituer une garantie pour les banques. De plus, dans ce contexte, les usuriers locaux, dont les prêts à des taux d’intérêt prohibitifs (plus de 20 % par mois) achevaient bien souvent de précipiter les emprunteurs dans la misère.

C’est ainsi que le jeune professeur d’économie qu’il était alors en est venu à proposer un premier «micro-prêt» (quelques dollars) à quelques dizaines d’habitants du village, en utilisant son propre argent. L’effet de ces prêts au montant dérisoire s’est avéré rapidement positif sur la situation matérielle des bénéficiaires. En outre, ces derniers remboursaient sans difficulté leur bailleur de fonds. Et c’est fort de ce succès qu’il a mis sur pied en 1977 son système de micro crédit baptisé Grameen. Le succès venu à la rencontre de cette initiative, Grameen Bank a, depuis lors, considérablement diversifié ses activités (industrie textile, téléphonie, production d’électricité par énergie solaire, etc.) et beaucoup de pauvres dans le monde s’en sont sortis grâce à cette initiative.

L’une des idées fortes lancée par Muhammad Yunus aux Assises sociales du Gabon est que les uns et les autres devraient se dire qu’ils doivent créer et donner des emplois. Ils ne doivent plus se mettre dans la logique de la recherche d’emplois. Et l’Etat doit, quant à lui, tout mettre en œuvre pour encourager et encadrer cet esprit d’initiative. Une idée qui, globalement, fait penser à une maxime du Jamaïcain Marcus Garvey qui disait : «Si tu ne peux pas trouver de l’emploi, créer ton propre emploi» et avec Muhammad Yunus on pourrait ajouter «distribue de l’emploi lorsque le tien se sera consolidé».

«Créer une race d’entrepreneurs» après avoir «décolonisé les mentalités»

La leçon de l’ancien président du Mozambique a également édifiante : dans son pays, il a d’abord fallu «créer une race d’entrepreneurs» après avoir «décolonisé les mentalités». Car au Mozambique, 85% de la population n’avait pas été à l’école. Il a fallu ensuite réduire la dépendance du pays face à l’extérieur. Et la meilleure façon de le faire a été d’«amener les hommes et les femmes à agir sur la base du développement de l’agriculture». Personne n’a été oublié dans ce processus qui, au final, a contribué à l’amélioration de la vie de chacun.

Après quoi, il a fallu également créer des infrastructures qui ont permis aux petits paysans de s’organiser et de se développer. Joaquim Chissano a indiqué qu’à l’indépendance de son pays en 1975, il n’y avait presque pas d’universités. Mais à ce jour, on en compte près d’une cinquantaine qui forme dans divers domaines. Par ailleurs, il a expliqué qu’il y a nécessité d’adapter les contenus des enseignements aux besoins de la société. «Il faut transformer le système éducatif et de formation. Il faut améliorer la qualité des enseignements pour que ceux qui sortent des ces instituts sachent faire quelque chose. Il faut changer les mentalités des pôles d’enseignements. Il faut du savoir-faire, et ne pas savoir uniquement pour savoir», a-t-il déclaré avant d’ajouter qu’il «faut inventer, innover» et, surtout, a indiqué l’ex-président mozambicain, «nous devons encourager les liens entre les instituts universitaires et le monde du travail».

Des leçons et des exemples patents ont été donnés par ces deux personnalités. La voie a été tracée par leurs discours. Inéluctablement, toutes ces leçons ont été retenues par les premières autorités de l’Etat gabonais, en tête desquelles le président de la République, Ali Bongo Ondimba. Dès lors, l’on ne peut qu’espérer que l’objectif général de ces Assises : jeter les bases de la mise en œuvre de la Stratégie d’investissement humain du Gabon, sera atteint.

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