Deux jours durant, du 25 au 26 avril 2014, à l’initiative du président de la République, Ali Bongo Ondimba, des experts, économistes, politiques et autres acteurs de développement (jeunes, femmes, sages) ont réfléchi, dans le cadre des Assises sociales du Gabon, sur les voies devant permettre de sortir 30% de Gabonais de l’extrême pauvreté et de la précarité dans lesquelles ils vivent. Au final des recommandations et annonces fortes ont été faites en vue d’accélérer le processus d’investissement humain du Gabon.
Les Assises sociales du Gabon se sont achevées par un discours de clôture du chef de l’Etat, Ali Bongo, marqué par plusieurs annonces fortes en faveur des démunis. Pendant ces deux jours en effet, des participants venus de toutes les provinces du Gabon et même du monde, ont réfléchi en vue de déclencher un sursaut d’orgueil dans l’optique de réduire la pauvreté et accélérer le développement humain dans le pays.
Parmi les voix décisives de ces Assises, l’audience a bénéficié le 25 avril 2013, jour de l’ouverture des travaux, des enseignements des représentants de la société civile (Edwige Betah, fondation Circas pour les personnes âgées), du monde des affaires (Eric Boundono, Apja), des grands organismes publics de solidarité (Michel Mboussou de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garanti sociale (CNAMGS); (Yvon Ndoye du Fonds national d’aide sociale (FNAS), du gouvernement (Marie-Françoise Dikoumba, ministre délégué auprès du ministre de la Prévoyance sociale), mais aussi de deux personnalités de renommée internationale dont l’économiste bangladais Muhammad Yunus, qui a révolutioné le secteur bancaire par le micro-crédit, et l’ancien président mozambicain Joaquim Chissano.
On n’omettra pas la participation très applaudie des Anciens, à l’image de l’ex-préfète Apolline Ndoumba, ou de l’ancien directeur général des Impôts, Pierre Obame, dont les témoignages à la fois émouvants et engagés ont séduit l’assemblée. Les femmes et les jeunes ont également eu leur mot à dire dans ce processus de développement qui intègre toutes les couches de la société. Autrement dit, chaque catégorie de participants à dit sa vision des choses et comment elle estime qu’elles peuvent être améliorées.
Une série d’intervention qui a permis de répertorier des phrases saillantes à l’instar de «la fonction publique et le secteur privé ne peuvent pourvoir tous les emplois. Il faut une troisième voie. Celle de l’entreprenariat» ou encore «il revient à la société civile de montrer l’exemple pour changer de mentalité et construire le Gabon de demain», «le Conseil national de la Jeunesse doit être renforcé, redynamisé afin qu’il puisse servir d’interface avec l’État» mais aussi «l’État doit définir les besoins professionnels, et mettre en place des formations correspondantes», «le pacte social c’est à chacun d’entre vous de le réaliser et de veiller à sa réalisation», «il faut se battre et revenir à la terre pour éradiquer la pauvreté car la terre ne ment pas…», «les réformes, pour réussir, nécessitent la conjonction de 4 facteurs : les hommes, les éléments normatifs, les infrastructures et le budget».
Le mot du président de la République
Au sortir des les travaux en ateliers et de la lecture des rapports des travaux, le président de la République, après le Premier ministre qui a prononcé un speech, a clôturé ces premières Assises sociales du Gabon. C’est en cela que l’une de ses premières déclarations sera à l’endroit des participants. «Vos différents échanges nous ont permis de mieux comprendre les écueils et par conséquent de mieux apprécier les modalités et opportunités par lesquelles nous pouvons réussir la transformation des conditions sociales de la vie des Gabonaises et des Gabonais, et en particulier celles des populations les plus vulnérables», a lancé le président Ali Bongo Ondimba qui veut accélérer les choses dans le domaine du social.
Le chef de l’Etat n’a pas manqué de s’adresser au Premier ministre dont le gouvernement est chargé de mettre en musique toutes les recommandations pour l’aboutissement de ce processus d’investissement humain au Gabon. «Vous disposez à présent, en complément des éléments d’analyses et de diagnostics préalables aux présentes assises, d’autres informations et expériences pour réformer notre système social et mettre en œuvre la nouvelle Stratégie d’Investissement Humain du Gabon et concrétiser ainsi, le Pacte social sur lequel nous nous sommes engagés, celui d’un Gabon plus solidaire et responsable», a indiqué le président de la République au chef du gouvernement, Daniel Ona Ondo.
Ali Bongo Ondimba qui a assisté même aux travaux en ateliers, a relevé le fait que la réussite de réformes nécessitent la conjonction de quatre facteurs primordiaux : les Hommes, les éléments normatifs, l’infrastructure et enfin, les ressources budgétaires. «Ici, dans cette même salle et dans les différents ateliers auxquels j’ai assisté, je vous ai entendu nous dire combien la corruption, l’absence d’engagement, l’irresponsabilité, le dilettantisme, en un mot notre rapport au travail, notre rapport à la chose publique doivent absolument changer. Vous comprenez maintenant le choix du thème de notre atelier, «Changeons de mentalité»», a souligné Ali Bongo. Et comme le président Chissano, il a invité à la décolonisation des mentalités. «Oui, Mesdames et Messieurs, nos mentalités doivent évoluer. Elles semblent avoir été colonisées par l’argent facile, l’appât du gain, la volonté de s’enrichir vite et sur le dos du contribuable comme nous l’a rappelé hier une de nos panélistes. Toutes choses absolument incompatibles avec notre volonté de changement et de développement», a fustigé Ali Bongo comme pour mettre en garde sur les 250 milliards de francs CFA nécessaires au financement sur trois ans de la politique sociale déterminée.
Des mesures concrètes ont également été annoncées par le président Ali Bongo. «J’ai décidé par conséquent, que notre budget national consacrera, sur les trois prochaines années, une enveloppe globale de 250 milliards de francs CFA pour financer notre politique sociale à travers notamment les filets de protection économique et transferts solidaires, le développement des activités génératrices de revenus, la mise en place d’un fonds pour le microcrédit et l’amélioration du service public de l’emploi», a-t-il annoncé avant d’ajouter entre autres que «dans le cadre de la prise en charge des soins de santé pour les familles économiquement faibles, j’ai décidé que la solidarité nationale joue pleinement son rôle, et tout particulièrement dans les domaines suivants : La prise en charge à 100% des malades atteints de cancers ; la prise en charge à 100% des familles vivant dans une grande précarité, et ce, après enquête sociale ; l’uniformisation du remboursement de tous les médicaments génériques à hauteur d’au moins 80% ; la prise en charge totale des frais médicaux aux urgences médicales, les premières 24 heures, lorsque le diagnostic vital est engagé, pour tous les Gabonais, qu’ils soient assurés ou non. La prise en charge des travailleurs du secteur privé par la CNAMGS, à compter du 1 er juin 2014».
En faveur des jeunes, des propositions de solutions ont été énoncées en vue de leur permettre l’accès au travail grâce à la restructuration, sans délai, de l’Office National de l’emploi, avec le recensement et l’établissement d’une cartographie du chômage dans le pays, le redéploiement des structures d’accueil ainsi que l’augmentation substantielle des ressources du Fonds d’insertion et de Réinsertion à la hauteur de nos ambitions.