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Telenovelas : À quoi ça sert ?
Publié le mercredi 23 avril 2014   |  Gabon Review


Les
© Autre presse par DR
Les feuilletons telenovelas


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Depuis plusieurs décennies, le phénomène apparaît comme l’une des causes du détournement ou du moins du désintéressement d’une bonne partie de la population gabonaise des réalités sociales, politiques et économiques de leur pays. Les telenovelas, feuilletons latino-américaines à l’eau de rose, diffusés quotidiennement sur certains médias gabonais sont devenus un véritable fléau. A quoi servent-ils réellement ?

© amorestruncos.blogspot.com
© amorestruncos.blogspot.com

Plus de la moitié de la population féminine du Gabon est friande de ces programmes qui, quotidiennement sont diffusés sur les antennes des chaînes de télévision en Afrique et au Gabon principalement. Les telenovelas, sortes d’histoires longues où la romance tient une place prépondérante, attirent de plus en plus de téléspectateurs. D’origine brésilienne ou mexicaine pour la majorité, ces feuilletons se sont érigés, au fil du temps, en une sorte de rendez-vous que deux femmes sur trois ne souhaiteraient rater sous aucun prétexte.

Si pour certaines, les telenovelas sont devenus des drogues tenant en laisse leurs principaux consommateurs, pour d’autres, «leur programmation incessante sur les chaînes de télévision publique, en l’occurrence, est une stratégie du pouvoir en place pour détourner les populations des vraies réalités et notamment de sa gestion douteuse des affaires du pays», pense un jeune activiste de la société civile gabonaise.

En effet, au fil du temps, des feuilletons à l’eau de rose tels que «Dona Beija», «Marimar» ou «Rosa» et une dizaine d’autres ont semblé intéresser la population gabonaise plus que les questions relatives au taux de chômage, de la pauvreté ou de l’insécurité sans cesse en augmentation dans le pays. Car, «les amateurs de ces téléfilms bidons ne se contentent pas de les regarder, ils les commentent à longueur de journée, en parlent et se préoccupent des problèmes des acteurs comme s’il s’agissait de voisins, d’amis ou de parents», explique un agent de police exaspéré de ce que la télévision lui est confisquée ou privée lorsque passent ces feuilletons, pas du tout instructifs il faut le reconnaitre. Toute chose qui a notamment valu aux télévisions publiques du Gabon, à l’instar de la RTG 1 (ancêtre de Gabon Télévision) de faire l’objet de vives critiques et menaces de la part d’une autre frange de la population, spectateurs passifs de la déperdition d’une bonne partie des téléspectateurs de ces chaînes plutôt proches du pouvoir depuis leur création.

Ainsi, accusées de véhiculer une certaine paresse souhaitée et entretenue par le système, Gabon Télévision et la RTG 2 sont depuis bien longtemps passées maîtresses dans l’art du feuilleton sud-américain, abrutissant de facto une grande partie de leurs téléspectateurs, s’écartant totalement de l’un leur rôle qui est d’éduquer et se cantonnant dans celui de distraire. C’est sans nul doute le véritable objectif de ce «matraquage» qui dure déjà depuis une vingtaine d’années. Tant et si bien que le 31 janvier 2014, une pétition contre la première télévision publique du Gabon avait été lancée sur internet par un collectif de téléspectateurs appelant à l’arrêt du «massacre audiovisuel» du média.

«Face à la qualité qui laisse à désirer de la programmation générale de la première chaîne nationale gabonaise, nous, téléspectateurs, demandons aux responsables de Gabon Télévision de prendre en considération nos remarques. Il ne s’agit pas là de faire le procès de Gabon TV, mais seulement en tant que téléspectateurs d’une chaîne qui est retransmise à l’international, d’obtenir une programmation de qualité», avaient signifié les signataires de ladite pétition.

A cet effet, pour de nombreux téléspectateurs, pendant une durée moyenne de sept ou huit mois, soit environ deux cents épisodes pour certaines productions, des Gabonais sont détournés des vraies réalités de leur pays et des actions menées par le gouvernement en place, à tel point que ces derniers ne s’aperçoivent souvent que trop tard l’adoption de certaines réformes fâcheuses. «Et si cela était fait expressément ?», s’interroge-t-on désormais.

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