A l’issue des travaux de la 19e Commission de défense et de sécurité (CDS) de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), le Secrétaire général adjoint de la CEEAC en charge de l’Intégration humaine, s’est prêté aux questions de Gabonreview. Guy Pierre Garcia est notamment revenu sur le bienfondé de cette rencontre préparatoire au sommet du conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (Copax).
Gabonreview : A l’ouverture des travaux, tous les acteurs ont été unanimes sur le fait que la sous région traverse une crise multiforme. Quelles sont les résolutions concrètes prises pour résoudre ces conflits ?
Guy Pierre Garcia : La rencontre a été un rendez-vous sérieux. Tous les commandants en chefs des forces de police de l’Afrique centrale sont venus. Qu’avons nous eu comme résultats? Aujourd’hui nous savons quels sont les problèmes politiques et sécuritaires qu’il faut régler. Il y a un besoin de solidarité. Je prends un exemple: un pays qui est attaqué devra être défendu par les autres. Mais si un pays est attaqué et les autres ne viennent pas, il est refroidi. On a donc trouvé les causes de cette attitude. Il y a d’autres problèmes que le chef de l’Etat gabonais, président en exercice de la CEEAC, avait demandé de traiter parce qu’il est le président de la réforme de la CEEAC.
Il a demandé de parler de la réforme de cet outil important parce que la Copax est un organe de concertation politique et de défense. Il a donc observé qu’il y a comme une lassitude. Il a demandé de faire de cette réforme l’un des sujets importants. Aujourd’hui, les chefs d’états-majors généraux ont donné au président la réponse. Ils ont demandé la tenue d’un conseil extraordinaire de la Commission de défense et de sécurité pour préparer le plan de réforme parce que ça risque de dériver. Vous savez que lorsque vous avez une maison dont le toit est tombé et les murs commencent aussi à tomber, il vaut mieux la casser, reprendre le soubassement et la remonter.
Mais dans notre cas, le chef n’a pas voulu ça. Il veut qu’à partir de l’existant, on voit ce qu’on peut faire pour que cela tienne fort. Le dossier n’est pas prêt, mais le travail va s’engager bientôt. Enfin, il avait orienté la CEEAC pour sécuriser le Golfe de Guinée. Pour le terrorisme, il a été très clair à travers les propos du ministre de la Défense. Il faut qu’on ait une stratégie de lutte contre le terrorisme. Elle est déjà en place et les ministres vont l’approuver.
Au-delà de la stratégie, avez-vous le sentiment que la CEEAC a les moyens pour intervenir, résoudre ou gérer ces conflits?
Vous parlez des moyens, oui, ils existent. Les moyens en hommes, en capacité humaine. Les moyens organisationnels existent car, désormais on va mettre en place des mécanismes politiques et stratégiques qui vont évaluer. Cet outil a été décidé. Les hommes peuvent exister, mais il faut les organiser.
Il faut juste trouver des moyens innovants. C’est-à-dire qu’il ne faut pas aller puiser dans les budgets des Etats. Il faut que la lutte contre le terrorisme produise lui-même ses moyens. Vous savez par exemple qu’il y a beaucoup d’infractions qu’on fait dans nos frontières. On peut donc dire que désormais, il y aura un taux qu’on va prélever sur ces infractions pour faire fonctionner la lutte contre le terrorisme. C’est un exemple. Il y a beaucoup de moyens innovants comme celui-là qui ne restent qu’à exploiter.
Il n’y a que les Etats eux-mêmes qui doivent avoir une stratégie contre le terrorisme, en harmonie avec la stratégie communautaire qu’on vient de prendre. Nous poussons ainsi les Etats à avoir leur déclinaison en stratégies au niveau du pays et de mettre en place des unités anti-terrorisme. C’est un combat très difficile parce qu’il est asymétrique. Les troupes doivent donc être préparées à d’autres techniques.
Peut-on s’attendre, dans le cadre de la sécurisation de l’Espace communautaire, à la création de contingents de la CEEAC ?
Oui, nous avons organisé l’état-major régional pour y mettre un pool de personnel anti-terrorisme. Ce sont eux qui vont faire des formations spéciales à tous les Etats. Chaque Etat, selon le ministre de la Défense, va avoir des unités. Cela va démarrer parce que le terrorisme n’est pas loin de chez nous. Si on attend, ça peut être tard.