Au centre d'une mission conjointement menée par les services des eaux et forêts et de l'agriculture au village Mbilapè dans le canton Océan à quelques encablures de Port-Gentil
En janvier dernier, la Coopérative Enoungwany adressait un rapport imagé au gouverneur de l’Ogooué-Maritime faisant état de dévastation des plantations par des animaux sauvages au mois de décembre 2013. Dans ledit rapport, les éléphants sont les plus indexés. La démarche engagée par les populations réunies au sein d’Enoungwany a conduit le patron de l’administration provinciale, Martin Boguikouma, a ordonné une mission d’évaluation et de contre-expertise regroupant les eaux et forêts et le service de l’agriculture au village Mbilapè dont les impacts sont encore visibles malgré un programme de reboisement lancé par les villageois eux-mêmes.
La problématique des hommes et de la faune est devenue nationale, les cultivateurs subissent des pertes importantes dues aux nombreuses destructions des champs par les bêtes sauvages notamment les pachydermes. « Nous avons sollicité l’implication du gouverneur pour avoir la conduite à tenir devant cette situation » a expliqué le secrétaire général de la coopérative Enoungwany, Claude-Landry Pambo. Il était judicieux qu’une évaluation sur le terrain soit menée par toutes les administrations impliquées dans la conservation des écosystèmes. Les agriculteurs sont sinistrés à Mbilapè, malheureusement ce n’est pas la seule zone touchée par le phénomène de la dévastation des plantations.
L’éléphant est dans le registre des animaux intégralement protégés au Gabon, article 3 du décret n°164/PR/MEF du Code forestier. « Si je trouve cette bête dans mon champ, je n’hésiterai pas à tuer », menace Jean-Baptiste Mbiti, l’une des victimes.
La coopérative Enoungwany par cette initiative, veut aussi, entraîner les autres populations à mener une procédure similaire auprès des autorités administratives afin qu’elles trouvent des solutions idoines face à l’ampleur des dégâts enregistrés dans le secteur de l’agriculture : le manioc et la banane sont quotidiennement à la merci des singes et des éléphants. « Parmi les pistes de solutions, il faut planter du piment autour des cultures », suggère Béranger Maganga Nzock, représentant le service des eaux et forêts ; avant d’ajouter que l’Etat gabonais est en train de mener de profondes réflexions pouvant réduire le conflit qui oppose l'homme et la faune.
Cette situation fait progressivement place à un découragement sur l’ensemble du pays. Les agriculteurs en zone rurale sont démotivés par les dégâts occasionnés par les animaux dans leurs plantations. Au nombre des conséquences dans les marchés urbains : la flambée des prix des produits alimentaires locaux. « C’est de l’abondance des villages que les villes sont nourries » a souligné le chef du service provincial de l’agriculture, Magloire Medza Abessolo.