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Fonction publique : Marmonnements contre le paiement au 30ème
Publié le lundi 26 fevrier 2018  |  Gabon Review
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Le gouvernement vient de lancer la rémunération des fonctionnaires au trentième. Les agents boudent et certains syndicats, à l’instar de la Fesyrefaa, s’élèvent déjà contre le lancement de cette réforme dont le ministre de la Fonction publique semble n’avoir pas bien cerné les contours et conséquences. Les organisations syndicales ne vont pas manquer de monter au créneau !

Décidée lors du Conseil des ministres du 23 février dernier, la rémunération au trentième suscite déjà des grincements de dents et froncement de sourcils annonçant des tensions sociales au sein de la Fonction publique. Le communiqué final dudit Conseil des ministres en indique l’objectif : «L’instauration du paiement au trentième pour que le versement de la rémunération se fasse désormais au prorata du nombre de jours travaillés». Il s’agit donc de comptabiliser les jours d’absence des fonctionnaires à leur poste de travail et de ne payer que les jours travaillés.

Idée des vieilles administrations grandement outillées à cet effet, le paiement au trentième instaure donc une rémunération au prorata du nombre de jours réellement travaillés. Dans un document du ministère de la Fonction publique du Grand-Duché du Luxembourg on peut notamment lire qu’«en cas de mois incomplet, la rémunération due est égale à un certain nombre de trentièmes de la rémunération mensuelle (…) Le fonctionnaire qui s’absente sans autorisation ni excuse valable perd de plein droit la partie de son traitement à raison d’un trentième par journée d’absence entière ou entamée». Dans cette administration d’Europe occidentale les conditions d’application d’un tel système sont naturellement en place, notamment les machines de pointage, les rapports d’activité, etc.

Ce n’est pas aux fonctionnaires de «payer l’addition»

Or, au Gabon, rien de tout cela n’existe ; du moins pour l’heure. Les syndicats en viennent donc à penser que cette réforme ne vise rien d’autre qu’à réduire la masse salariale. Aussi sont-ils déjà vent debout face à la nouvelle réforme de Jean-Marie Ogandaga. Publié dès l’annonce de la décision, un communiqué signé du vice-président et porte-parole de la Fédération des syndicats des régies financières et administrations assimilées (Fesyrefaa), Wilfried Erisco Mvou Ossialas, annonce le refus de toute forme de spoliation des agents publics. «Nous ne devons pas permettre aux gens qui ont mis notre pays au sol de nous demander de payer l’addition. Jean-Marie Ogandaga et ses acolytes doivent respecter le peuple de la Fonction Publique qui les engraisse ; dans tous les cas, les agents de la Fonction publique gabonaise, quelle que soit leur administration, seront appelés à exprimer le rejet de tout projet visant à précariser les fonctionnaires gabonais».

Dans les couloirs de l’administration publique, de nombreux agents maugréent contre la décision. Selon un haut fonctionnaire du ministère de la Fonction publique, l’idée a été soumise à la réflexion depuis l’arrivée de Jean-Marie Ogandaga à la Fonction publique. «C’est le mois M+2 : si vous avez des absences en avril, c’est sur la rémunération de juin que vous êtes sanctionné», explique le fonctionnaire avant de révéler qu’au sein du ministère, «des réticences avaient été notées quant à la fiabilité de cette mesure ; Jean-Marie Ogandaga veut réformer pour réformer quitte à heurter des sensibilités et à susciter des levées de boucliers». De plus, «alors que certains souhaitaient que des syndicats de fonctionnaires soient associés à la réflexion, le clan le plus proche du ministre (les Conseillers notamment) a refusé, tout en informant uniquement les syndicalistes coopérants».

Détricotage du NSR

Ainsi, le nouveau système de rémunérations (lire : «NSR : L’agent public comme un pigiste»), mis en pratique en juillet 2015, est progressivement en train d’être détricotée, pan par pan. «Bientôt, on n’en parlera plus, puisqu’on le défait par pans entiers», estime le même cadre de la Fonction publique. «Convaincu d’avoir raison sur tout et sur tous, Jean-Marie Ogandaga prend le risque de casser la baraque. Car, si les syndicats rejettent cette décision, le gouvernement sera accusé de vouloir spolier les maigres revenus des fonctionnaires au lieu de chercher à faire des économies ailleurs. Ils ne manqueront pas en plus d’exiger sa tête», estime un autre agent de la Fonction publique. «Ogandaga aurait dû commencer par exiger la construction de cités administratives pour loger chaque fonctionnaire dans un bureau individuellement ou collectivement. Car, aujourd’hui, si de très nombreux fonctionnaires ne se rendent pas à leur lieu de travail, c’est parce qu’ils ne disposent pas de bureau. La preuve ? Dès qu’on les met sur bons de caisse, ils répondent. Dès qu’il y a un recensement, ils répondent». Et d’indiquer que la particularité de certains secteurs n’a pas été prise en compte non plus. «Comment pourra-t-on demander à un enseignant du secondaire ou du supérieur d’être à son poste de travail cinq sur cinq, alors que son emploi du temps lui permet d’être deux à trois jours seulement par semaine ? Et les agents de la Santé qui, après une garde, bénéficient de deux jours de repos». Pour cet agent de l’Etat, «on est parti pour un imbroglio total avec tous les risques que cela suppose, car la présence physique d’un agent public à son poste de travail est sujette à plusieurs considérations».

Réforme absurde

Un autre cadre de l’administration, du ministère de l’Agriculture cette fois, interroge : «que va-t-il se passer en mars prochain, un mois qui compte 31 jours, dont 22 “ouvrables” ? Est-ce que seuls les 22 jours seront payés aux fonctionnaires ? Et au mois d’avril, 30 jours dont 21 jours ouvrables ? Est-ce que seuls les 21 jours seront payés ? Et si un fonctionnaire s’absente deux jours sur les vingt-et-un, combien lui retire-t-on ? Et a-t-on prévu le paiement d’heures supplémentaires pour le fonctionnaire qui resterait à son lieu de travail au-delà de l’heure requise (15 h 30) ? Bien sûr que non. Non, trop de réformes tue la réforme. Honnêtement, celle-ci est une réforme absurde !»

Le gouvernement n’a pas, pour l’heure, annoncé la date de l’instauration effective du paiement au trentième. Il va lui falloir en tout cas une période de pédagogie, d’explication et de sensibilisation. Pendant que les fonctionnaires attendent, pour certains, leur reclassement après stage, et leurs avancements bloqués depuis trois ans, le paiement au trentième suscite des mécontentements. Il est de plus en plus dur d’être fonctionnaire au Gabon.
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