C’est la question que se pose de nombreux observateurs dans l’opinion après la rupture de la convention de concession entre l’Etat gabonais et le groupe français Veolia. Une situation qui provoque depuis quelques jours une véritable passe d’arme entre cette entreprise et le gouvernement gabonais, chacun rejetant la faute sur l’autre.
Longtemps décriée par la population pour sa qualité de services en dessous des attentes des populations, le gouvernement répondant aux cris de ses concitoyens a récemment mis fin à la convention de concession qui le liait à Veolia. Comme raisons évoquées par la partie gabonaise «la dégradation de la qualité du service rendu aux usagers, les efforts financiers consentis par l’Etat non suivis des effets escomptés et des plaintes récurrentes des populations».
Des griefs qui ne manquent pas d’être soutenus dans l’opinion, au vu des déboires que connaît depuis longtemps cette multinationale, qui propose à ses clients, collectivités locales et entreprises, une expertise dans trois domaines complémentaires notamment de la gestion du cycle de l’eau, de la valorisation des déchets et de l’énergie.
En effet, de nombreux scandales ont éclaboussé cette entreprise installée dans plusieurs pays. En 2016 par exemple le journal français Le Monde révélait que le groupe était attaqué par «la justice américaine dans le cadre du scandale de l’empoisonnement de l’eau de la ville de Flint, dans le Michigan». Le procureur général de l’Etat l’accusait de négligence et d’avoir exacerbé une situation déjà critique.
Dans l’Hexagone, des critiques vis à vis de Veolia étaient relayées dans la presse, c’est le cas d’un scandale de surfacturation. En effet, la Chambre régionale des comptes d’Ile-de-France dans un rapport avait observé «que la rémunération de Vedif (filiale de Veolia) s’éloigne d’année en année de l’équilibre économique qui a présidé à la signature du contrat entre les parties en 2010. Les coûts liés à la délégation ont eu tendance à déraper « , observent-ils. La rémunération nette du délégataire a doublé en un an, passant de 10,5 millions d’euros en 2013 à 20,9 millions en 2014, pour être ramenée à 20,5 millions en 2015».
L’entreprise était également pointée du doigt dans le cadre d’un partenariat public-privé visant à la construction de trois piscines, la Chambre régionale des comptes d’Arcachon jugeant les performances de délégataire Veolia de «médiocres» et le prix de l’eau potable totalement exagéré.
Autant d’éléments qui pourraient justifier la décision de l’Etat gabonaise qui semble légitime et être corroborée par les nombreux griefs fait au groupe français de par le monde. Depuis cette rupture, on assiste d’ailleurs à une véritable guerre de mot entre les deux parties, Veolia annonçant d’ailleurs son intention de porter cette affaire devant la justice.