LIBREVILLE - Selon une interview exclusive réalisée par notre confrère « La Libreville », dimanche et transmise à l’AGP par une source proche de la présidence gabonaise, le ministre en charge de l’Eau et de l’Energie, Patrick Eyogo Edzang a indiqué que la réquisition de la SEEG s’est faite sans brutalité, en réponse à la dénonciation de l’entreprise française Veolia, maison mère de la SEEG relative à la décision prise, vendredi dernier, par l’Etat gabonais de rompre leur contrat. Dans cette interview, le membre du gouvernement relate le déroulement de ladite réquisition et ainsi que son caractère légal.
Réagissant premièrement sur la légalité de l’opération de réquisition ainsi que la déclaration faite par le groupe Véolia qui dénonce la « brutalité » « usage disproportionné de la force », Partrick Eyogo Edzang a démontré le contraire de ces affirmations selon la loi.
« Il faut raison garder car beaucoup de choses fausses ont été dites à ce sujet. Nous avons procédé dans le strict cadre du droit. D’abord, comme la loi l’exige, il y a eu dépôt préalable d’une lettre de résiliation de la convention de concession par voie d’huissier, qui est un agent assermenté, auprès de la direction de la SEEG. L’ensemble des formes requises en l’espèce ont été respectées. Puis, nous avons réquisitionné ladite société en présence des forces de l’ordre qui, je le précise à nouveau, n’étaient pas armées mais étaient là à titre préventif, pour assister l’huissier en cas de besoin », a-t-il dit.
Justifiant la présence des forces de l’ordre, au siège de la SEEG, il a indiqué que ces dernières étaient là exclusivement pour la sécurité de la nouvelle équipe dirigeante.
"C’est une disposition de bon sens, tout à fait normale en pareille circonstance, car vous ne pouvez pas anticiper les réactions, d’une part, du management sortant, d’autre part, des employés. Le climat à l’intérieur de la SEEG était délétère. Il nous fallait donc prendre nos précautions pour, le cas échéant, assurer la protection de la nouvelle direction de la SEEG. Ne pas agir ainsi aurait été irresponsable de notre part. Mais, je le dis et le répète, contrairement à ce que j’ai pu entendre ça ou là, il n’y a eu aucune brutalité : les agents des forces de l’ordre n’étaient pas armées. Tout s’est très bien passé ", a-t-il dit.
Le ministre en charge de l’Eau et de l’Energie a également rappelé, les motivations de l’Etat gabonais à mettre un terme au contrat qui le liait avec le Groupe Véolia à travers la SEEG.
"C’est une décision qui a été mûrement réfléchie et qui répond à un certain nombre de griefs que nous avons constaté dans les rapports contractuels que nous avons depuis vingt ans avec Veolia, en particulier l’insuffisante qualité de service de fourniture d’eau et d’électricité. Je tiens d’ailleurs à rappeler que le mécontentement des consommateurs allait croissant ces derniers mois. La convention de concession précédente était arrivée à terme en juin 2017. Nous l’avions alors prolongée pour une durée de cinq ans. Depuis, nous avions ouvert des négociations afin de nouer le contrat de concession en contrat d’affermage, un mode opératoire plus efficace et plus moderne. Malheureusement, ces négociations n’ont pas abouti", a-t-il expliqué.
« Nous avons été contraints de procéder à la réquisition de la SEEG pour raison d’intérêt général car les services que cette entreprise est censée aux usagers gabonais – la fourniture d’eau et d’électricité – sont absolument nécessaires à leur quotidien. Malheureusement, les investissements que la SEEG a réalisés durant les vingt dernières années n’ont pas suffi à enrayer les insuffisances constatées. Nous avons donc été contraints de prendre la décision, passez-moi l’expression, de divorcer. Même si, comme dans tout couple, ce n’est facile ni pour l’un ni pour l’autre. Mais c’était un mal nécessaire", a-t-il poursuivi.
Aussi, a-t-il rassuré l’ensemble des usagers de ce que l’équipe dirigeante provisoire et transitoire assurera la continuité du service, suite aux inquiétudes faisant état de la multiplicité dans les jours à venir des coupures intempestives d’eau et d’électricité.
"Je tiens à rassurer totalement la population sur ce point. Vous avez d’ailleurs pu vous même le constater depuis deux jours, il n’y a pas eu d’interruption du service public. Les Gabonais continueront d’être approvisionnés en eau et en électricité. Nous allons bientôt mettre en place un nouveau process pour répondre aux différentes complaintes dans la délivrance du service de fourniture d’eau et d’électricité et en améliorer aussi rapidement que possible la qualité", a-t-il déclaré.
Pour terminer, il a fait savoir à nouveau que les emplois des agents exerçant à la SEEG ne sont pas menacés en ce sens qu’il n’y aura pas de licenciement.
" Je tiens à rassurer une fois de plus le personnel de la SEEG : il n’y aura aucun licenciement suite à cette réquisition. Ce que nous voulons, c’est donner satisfaction aux Gabonais qui sont en droit d’attendre un service convenable car l’eau et l’électricité touchent directement à la qualité de la vie au quotidien des populations. Nous avons beaucoup de travail pour y parvenir, mais nous sommes déterminés à relever ce challenge", a-t-il conclu.