Et si on évaluait, aujourd’hui, la cote de popularité du président de la République, de celle du Premier ministre et du PDG ? La question pourrait s’avérer naïve voire déplacée, pourtant, elle a tout son sens. C’est notamment par ce biais que l’on juge et évalue les premiers responsables dans un pays «démocratique». Alors, où en est-on ?
Alors que François Hollande est dit très bas dans les sondages ces trois derniers mois, et que le Front national (FN) tend à bénéficier des quelques point favorables dans l’opinion française, au Gabon, il est toujours difficile voire impossible d’évaluer les actions des premières autorités du pays, à mesure qu’elles les posent. En effet, desservi par un ensemble de réformes plus impopulaires les unes que les autres, le président français accumule les échecs et les invectives de la part de l’opinion qui lui donne 15,30% en mars 2014, selon Linternaute.com. Pourtant, la 31è place qu’occupe à ce jour François Hollande, dans le classement de la cote de popularité des personnalités politiques en France depuis le début de l’année en cours pourrait être la même pour Ali Bongo, Daniel Ona Ondo ou Faustin Boukoubi, voire pire.
En effet, en l’absence d’un organe libre et indépendant capable d’effectuer des sondages chaque mois, l’on ne saura que très difficilement l’avis des populations et leur évaluation de l’action ou de la popularité des acteurs politiques gabonais. Or, pour un pays qui aspire à l’émergence d’ici 2025, c’est peu de dire qu’un mode d’évaluation passant par le sondage et le questionnement des populations s’avère utile voire nécessaire pour un meilleur suivi de l’action du chef de l’Etat et du gouvernement. Comment donc comprendre que connaissant le défaut d’implication des Gabonais, Ali Bongo s’inquiète que les actions du pouvoir soient peu ou pas connues de la population ?
Un sondage sur sa personnalité, sur celle du Premier ministre et les différents membres du gouvernement lui aurait sans nul doute permis de connaître et de comprendre l’opinion que les Gabonais se font de sa politique et notamment de la gestion par le pouvoir des difficultés auxquelles le pays est confronté depuis quelques temps. En plus des seuls «micros-trottoirs» osés ici et là par certains médias à des rares occasions, de véritables sondages réguliers auraient, nul ne saurait en douter, permis aux plus hautes autorités du pays de prévenir un nombre conséquent de grèves dans plusieurs administrations et à certains de mettre en place les réformes qui leur valent le plus de soucis ces derniers temps. Si l’on ose, pourquoi le Parti démocratique gabonais (PDG) ne commanderait-il pas un sondage pour prendre connaissance de la véritable opinion que l’on s’en fait ?
Ce, d’autant plus que le nombre de militants présents lors d’une quelconque manifestation politique n’indique en rien la véritable cote de popularité de la personnalité ou l’événement célébré ce jour-là. Pourtant, dire que le parti au pouvoir ne connaît pas l’importance du sondage serait nier – une fois de plus – qu’il compte des personnalités hautement instruites et bien intelligentes. En effet, le seul sondage que l’on connaît au PDG est celui du 26 octobre 2013 par lequel le parti de feu Omar Bongo a fait preuve de «démocratie» extrême : une première, indique le site de la formation politique au pouvoir depuis plus de 40 ans.
L’occasion était belle et nécessaire par rapport aux querelles intestines engendrées par l’appétit des multiples candidats aux élections locales de décembre 2013. Là, le «parti de masse», pour la première fois avait consulté sa base pour sélectionner les candidats du parti auxdites élections. A la question «Qu’en pensez-vous ?» 96 % des interrogés avaient répondu que c’était une «bonne initiative» et seuls 4 % avaient trouvé que c’était une «mauvaise initiative». Truquée ou pas, il ne serait donc pas mal venu que le même parti s’interroge à nouveau sur les actions entreprises durant les quatre dernières années. Qu’en pensent réellement les Gabonais ?