Souvent présentée comme bouc-émissaire du ralentissement des activités des entreprises, la dette intérieure due principalement aux opérateurs économiques sera remboursée à hauteur de 77 % du montant total de la dette initiale évaluée à 400 milliards FCFA. Environ 177 entreprises gabonaises regroupées au sein du Groupement d’intérêt économique (GIE) en bénéficieront. Tout de même, qu’est-ce que ce remboursement changera à la situation d’une économie en berne comme celle du Gabon ?
Avec des activités totalement en berne voire des dépôts de bilan en partie liés au retard de paiement de la fameuse dette, le secteur privé n’a pas pu depuis le déclenchement de la sévère crise du pétrole, sauver l’économie gabonaise, à la traîne avec des taux de croissance consécutive effectif et annoncé d’à peine 1% entre 2017 et 2018. Souvent présentée comme le principal goulot d’étranglement des entreprises, la dette intérieure est également perçue comme l’issue de secours à cette crise, en raison de son rôle de refinancement des entreprises. En effet, confiait Alain Ba Oumar, Président de la Confédération patronale du Gabon (CPG) « pour relancer l’économie, il faut retrouver de la croissance. Celle-ci non plus ne se décrète pas : elle découle de la création de richesse. Ce n’est pas le gouvernement qui créé de la richesse, c’est le secteur privé ».
Cette relance passe inévitablement par l’apurement de la dette dont la teneur plombe les activités des entreprises. Comme d’une reconnaissance du cri de détresse de ces entreprises, 310 milliards FCFA, (Ndlr : soit 77 % du montant total de la dette initiale évaluée à 400 milliards FCFA vont être déboursés à titre de remboursement de la dette intérieur). Environ 177 entreprises gabonaises regroupées au sein Groupement d’intérêt économique (GIE), dénommé « Club de Libreville » et dont le chef de file est le groupe BGFI Bank en bénéficieront avec une considération beaucoup plus prononcé pour les PME. Selon l’échéancier, un premier paiement « immédiat » de 160 milliards de FCFA interviendra d’ici fin février sous la forme d’un financement bancaire versé au GIE. Le reste de la créance, soit 150 milliards FCFA, fera l’objet d’un rachat par les institutions bancaires ou financières locales « dans un délai d’un mois ». La question qui transparait à la lecture de cette annonce est celle de savoir ce que ce règlement changera à la situation d’une économie financièrement en berne.
Certes, conséquence du repli du prix du baril de pétrole dont l’économie gabonaise dépend fortement, la crise qui sévit au Gabon a aussi un caractère financier inhérent au manque de liquidité des entreprises devant leur permettre de pérenniser leurs activités. Ce qui, dans une moindre mesure, justifie l’essoufflement dont elles sont victimes et qui malheureusement affecte la structure entière de l’économie nationale, avec une incapacité du secteur privé à relancer la croissance. Licenciement en cascade pour motif économique et fermetures d’entreprises notamment dans le BTP et le secteur pétrolier ont donc été, les conséquences de cette crise malgré des promesses de relance du Plan de relance économique (PRE) qui semblent n’avoir porté aucun fruit concret jusqu’à présent. En effet, l’argent est le moteur de tout développement. Et le Gabon ne peut espérer relancer son économie qu’en injectant de l’argent dans le secteur privé.
L’efficacité de cette méthode de relance économique a fait ses preuves dans bien des pays et au Gabon, en contrepartie de cet effort de l’Etat, les entreprises bénéficiaires se sont engagées à réinvestir une partie des montants remboursés afin de participer à l’effort de relance de l’économie nationale sous la forme de création d’emplois, de reprise des chantiers arrêtés (logements sociaux, infrastructures…), etc. Une nouvelle dynamique économique devrait être mise en place au profit de l’investissement. « (…) In fine, cela nous permet de retrouver les capacités nécessaires pour relancer l’économie à travers des politiques d’investissement ambitieuses qui doivent profiter à l’ensemble des Gabonais, dont l’amélioration des conditions de vie quotidienne demeure notre priorité », conclu le Directeur de cabinet du Président de la République, Brice Laccruche Alihanga. Cette emprise souhaitée pourrait principalement affecter l’emploi qui est une véritable préoccupation pour les autorités en place et dont les pistes de solutions semblent difficiles.