Voilà l’image renvoyée par l’adoption du projet d’ordonnance (Ndlr : portant modification de certaines dispositions de la loi organique n° 11/96 du 15 Avril 1996 relative à l’élection des Députés), lors du Conseil des Ministres du 26 janvier dernier. L’opposition y voit d’ailleurs de graves incohérences. Tandis que le pouvoir estime qu’il s’agit d’une « réforme globale » qui va réduire le train de vie de l’Etat, vu que le Sénat sera réduit de moitié.
Le redécoupage électoral, proposé par le Ministère de l’Intérieur, en prélude aux élections législatives, même si à ce jour aucune date officielle n’a été divulguée, fait jazzer. Car, il prévoit dorénavant 143 circonscriptions électorales. Conséquence : le nombre de Députés passe de 120 à 143. En atteste le communiqué final du Conseil des Ministres du 26 janvier dernier. Une décision, d’après l’Exécutif, consécutive aux conclusions du dialogue politique d’Angondjé, tenu l’année dernière.
Concrètement, le Ministère de l’Intérieur octroie 26 sièges à l’Estuaire, 23 au Haut-Ogooué, 10 au Moyen-Ogooué, 18 à la Ngounié, 11 à la Nyanga, 12 à l’Ogooué-Ivindo, 12 à l’Ogooué-Lolo, 13 à l’Ogooué-Maritime et 18 au Woleu-Ntem.
Désormais, chaque arrondissement de Libreville, (6 au total), aura deux Députés à l’Assemblée Nationale. Une mesure étendue aux autres capitales provinciales et aux communes d’Akanda, Owendo et Ntoum, toutes dans la province de l’Estuaire. Même sort pour Moanda dans le Haut-Ogooué. A cela s’ajoute la création de deux nouveaux sièges dans l’Ogooué-Ivindo, respectivement dans le département de l’Ivindo et celui de la Zadié.
Dans le même registre, la ville d’Akiéni, chef-lieu du département de Lékoni-Lékori, dans le Haut-Ogooué, devient un siège à part entière. Toujours dans cette province, le département de la Sébé-Brikolo aura un siège en plus. Idem pour le département de Mulundu dans l’Ogooué-Lolo. De quoi provoquer l’étonnement de l’opposition.
Les griefs de l’opposition ?
Me Louis Gaston Mayila, Président de l’Union pour une Nouvelle République, UPNR, par ailleurs premier à sonner le tocsin, ne voit pas la pertinence d’une telle mesure. Pour lui, cette augmentation ne va faire qu’alourdir un peu plus le train de vie de l’état et partant crever le budget du pays.
Une conception relativisée par le Ministre de la Communication, Porte-parole du Gouvernement, Alain-Claude Bilié By Nzé. « Vu sur cet angle oui. Mais il faut savoir que c’est une reforme globale. Le nombre de sénateurs sera réduit de 50%. Donc il y aura moins de parlementaires dans le pays et donc le budget sera réduit », a déclaré le Porte-parole du Gouvernement lors d’un récent entretien accordé à nos confrères de Gabon 1ère. Si l’on en croit le Ministre de la Communication, la Chambre Haute du Parlement, (le Sénat), passera de 102 à 61 Sénateurs.
Un déséquilibre notoire ?
Autre insuffisance de ce découpage, la démographie qui n’offre pas les mêmes chances à tous les candidats. Une limite révélée par Marcel Djabioh, activiste proche de Jean Ping. « Cette base étant complètement fausse, elle n’a conduit qu’à l’arbitraire que chacun a pu découvrir dans le communiqué final du dernier Conseil des Ministre », soutient-il.
A titre d’exemple, la Commune de Libreville, avec ses 703 940 âmes, dispose de 12 sièges à pourvoir, ce qui revient à dire qu’un député va représenter 58 662 personnes. Ce qui n’est pas le cas du département de la djouari-agnili, (Bongoville), fort de 4210 habitants et un seul siège à pourvoir. Donc un député pour 4210 habitants. Situation quasi similaire dans le département de la Bayi-Brikolo (Aboumi, toujours dans le Haut-Ogooué), avec 1998 habitants et un siège. Il se pose dès lors un sérieux déséquilibre. En effet, certains candidats à la députation auront donc plus de fil à retordre que d’autres.