Président du syndicat des commerçants de la commune de Mouila, Alcine Giscard Koumba Boucavel estime que la mise en place de deux mercuriales sur les produits de première nécessité notamment alimentaire, n’est pas conforme à la réalité du marché, particulièrement pour celui de l’intérieur du pays. C’est pourquoi, il demande aux autorités à adapter ces mercuriales au quotidien des populations de l’arrière pays.
Gaboneco (Ge) : Vous êtes le Président du syndicat des consommateurs de Mouila, récemment, le ministère de l’économie a fixé deux mercuriales, sont-elles respectées ?
Alcine Giscard Koumba Boucavel (AGKB) : J’ai, en effet, été convoqué par le délégué provincial de la Direction générale de la concurrence et de la consommation (DGCC), par rapport à la nouvelle mercuriale. Nous en avons longuement discuté. Il fallait que je sois informé de l’existence de cette nouvelle grille des prix. Et aujourd’hui, il y a une sensibilisation effectuée par la DGCC. Au niveau de Mouila, a reconnu la délégation du contrôle des prix, il y’a certains produits dont les prix sont plus bas qu’à Libreville par rapport aux produits qu’ils ont décidé d’homologuer.
Il y a d’autres produits également qui, avec ces nouveaux prix ont connu une augmentation. Face à ces disparités, les commerçants se sont regroupés et nous ont contacté pour harmoniser les prix dans la ville de Mouila avec ceux de la DGCC. J’ai une liste de prix que les commerçants m’ont soumis. Il est vrai que c’est l’Etat qui décide, mais il serait important d’arriver à une situation linéaire et cela passe par le recensement et la concertation.
Ge : Dans vos discussions avec la DGCC, avez-vous évoqué la problématique du coût du transport des marchandises ?
AGKB : Nous sommes dans un pays dans lequel l’Etat prend des décisions, en se limitant à Libreville, sans prendre en compte les réalités des autres villes. Lorsque cela s’étend au niveau national, je peux dire qu’il y’a un constat qui a été fait. Dans certaines villes, les prix sont plus ou moins élevés que dans d’autres. C’est le cas de Mouila dont les prix sont moins chers qu’à Lambaréné alors qu’elle est plus proche de Libreville. Lorsqu’ils prennent des décisions, ils le font en fonction des commerçants de Libreville. Quand on demande aux commerçants qui sont à l’intérieur du pays de respecter ces mercuriales, le problème se pose. Les mêmes commerçants disent faire des efforts, au regard de certaines contingences liées notamment à la route, pour appliquer certains prix de Libreville à l’intérieur du pays.
D’autres cas prouvent qu’avant la mesure, les prix étaient plus bas et maintenant ont augmenté et vice versa. Nous avons donc des prix qui divergent. Soit ils augmentent, soit ils baissent, en fonction des produits entre Libreville et l’intérieur du pays. Il y a une liste de produits contraignants pour les commerçants qui pourrait les pousser à stopper la commande. Par exemple, une boîte maquerelle qu’un commerçant achète à 800 à Libreville et qu’on lui demande de revendre à 800 francs CFA en province, voila le problème. Les commerçants vont, à défaut de s’opposer à la mesure, expressément stopper les commandes.
Ge : Vous décriez une situation complexe à Mouila. En tant que syndicaliste luttant pour les droits des commerçants et la stabilité des prix, quelles actions avez-vous mené ?
AGKB : Récemment avec mon Secrétaire général, nous avons interpellé le représentant de la DGCC pour lui faire part de la situation, avec des rapports bien précis. Nous avons jugé opportun qu’une liste soit établie, pour harmoniser les choses. Mais ce travail suppose avant tout un recensement pour voir clair. C’est ce que nous faisons actuellement pour ensuite convoquer une réunion avec la délégation provinciale de la DGCC. A la représentation provinciale de transmettre la situation à Libreville parce que nous ne pouvons pas inciter les commerçants à ne pas respecter la mesure.
Bien au contraire, lorsqu’un problème est posé, si les fait sont réels, on va discuter avec les autorités, à elles d’analyser. La dernière fois, j’ai discuté avec le responsable qui a attend que le syndicat lui présente un rapport. Dans ce cadre, une liste a été établie. C’est ce rapport là qu’on compte présenter.
Ge : Depuis quand votre syndicat existe et quels combats avez-vous déjà mené ?
AGKB : Notre syndicat existe depuis plus de dix ans. Je suis le deuxième Président de ce syndicat et nos actions sont multiformes depuis notre création. Lorsque je prends la présidence du syndicat, il y a eu plusieurs problèmes avec les autorités. Il y avait un problème d’impôts qui n’était pas encore installés sur place, cela nous a découragé. J’ai trouvé également le problème de droit de place. La mairie avait décidé d’augmenter les droits place du marché alors que toutes les conditions n’étaient pas réunies. En 2014, la mairie demandait aux commerçants de payer la patente de 2013. Et à chaque fois que ces derniers voulaient payer leur patente, ont leur disait que les impôts n’étaient pas encore installés du coup, ils se sont découragés.
J’ai trouvé, le problème de droit de place suite à la décision du maire d’augmenter les droits de place au marché, le problème d’électricité, d’eau, d’insalubrité, de sécurité avec le marché qui s’incendiait tout le temps. En dépit de tout cela, l’épineux problème était le contrôle des prix qui fixait les redevances en fonction des humeurs des agents. Je pense que depuis que je suis à la tête de ce syndicat, les commerçants ont moins de problèmes vu que j’ai toujours opté pour la négociation. Lorsque M.Maganga Moussavou, ancien maire de la ville, est devenu Vice-président, j’ai eu à régler plusieurs problèmes avec lui, malgré notre opposition politique.
Ge : Vous parliez de l’insalubrité du marché. Avez-vous un regard sur la qualité et l’hygiène des produits ?
AGKB : Nous avons un regard qui passe par une interpellation constante des autorités. Récemment, j’ai suivi une femme qui se plaignait d’insécurité. Dans la zone du marché centrale, où les femmes vendent les légumes et tomates, il y a une poubelle à côté qui a fait des mois sans être enlevée. De même, il y a la voie de canalisation de la fausse sceptique de la prison centrale qui ruisselle le long du marché. Au regard de cette insalubrité, nous avons interpellé les pouvoirs publics. Il n’y avait pas de jour de fermeture du marché, nous l’avons fait établir.
Normalement, lorsque le marché est fermé, il doit avoir un service de nettoyage de la mairie qui intègre dans sa politique urbaine, un volet d’aménagement du marché. En principe, lorsque le marché ferme le vendredi, il devrait y avoir des équipes qui se chargent du nettoyage de ce marché. Nous ne disons pas qu’ils ne nettoient pas mais, la seule société qui essayer d’assurer ce service était Gabon Propre Service (GPS) et celle-ci n’a qu’un seul Camion. Aujourd’hui on se plaint des épidémies à Mouila découlant de l’atmosphère polluée.
Ge : Ces épidémies sont-elles liées à la qualité au conditionnement des aliments ou à l’insalubrité de la ville ?
AGKB : C’est un problème global. Sur le sujet, chacun à son commentaire et la pollution de la ville reste selon certains, un facteur majeur. Cette situation est visible dans les zones populaires comme dans la zone du nouveau marché. Face à ce problème, nous avons interpellé une fois de plus, le maire en lui proposant de régler la question car, le rôle de la mairie n’est pas uniquement de collecter l’impôt, mais également de sensibiliser et réprimander tous ceux qui ne veulent pas obéir aux mesures en vigueur. Ce marché est gérer par la mairie qui doit imposer la ligne de conduite notamment en termes de vente des produits destinés à la consommation alimentaire.
Malheureusement, les services d’hygiène ne se limitent qu’au contrôle des « boutiquiers ». Les problèmes sont multiples et nous, dans notre syndicat, nous sensibilisons aussi pour dire que nous sommes d’abord les premiers consommateurs, même si c’est nous qui commercialisons ces produits.
Ge : Qu’est-ce qui a été décidé pour mettre un terme à cela ?
AGKB : Régler cette question paraît plus complexe que vous ne pouvez l’imaginer. Le problème discriminatoire d’affectation des moyens aux deux mairies rend la tâche encore plus difficile. Les deux mairies de Mouila ne travaillent pas en liaison. Et à notre niveau, on ne peut que sensibiliser.
Ge : La consommation, c’est vrai, et lorsqu’on parle de ce volet, on voit beaucoup plus les produits alimentaires. Quid des produits non alimentaires ?
AGKB : Il y a un problème sur le contrôle des prix que l’on soit à Libreville ou à Mouila. Et, le marché national subit une concurrence déloyale qui ne dit pas son nom. Si on prend par exemple, le cas des pharmacies, aucun consommateur n’a le barème des prix des produits pharmaceutiques. Lorsqu’un usager se rend dans une pharmacie, il n’a pas une idée sur le prix de tel ou tel produit. Il n’existe aucune mercuriale capable d’orienter le consommateur. La réalité est autant valable à Mouila qu’ailleurs. Il existe une disparité au niveau des prix des produits non alimentaires et tant que le problème ne sera pas résolu, la population va toujours subir.
Interview conjointement réalisée par Gaboneco.com, Echos du Nord et Mediaposte