C’est un bras de fer des plus curieux que les agents des Eaux et Forêts ont tenté de livrer à leur ministre le 18 avril en bloquant le ministère par un grand feu, tout comme la veille ils eut maille à partir avec les gendarmes, sur la nationale 1 alors que le président de la République se rendaient au PK 30 pour constater l’avancée des travaux de réhabilitation de la route rompue le 11 avril dernier.
Noël Nelson Messone, ministre de la Forêt, de l’Environnement et de la Protection des ressources naturelles, a littéralement été séquestré au siège de son ministère sis au boulevard Triomphal Omar Bongo, même si, fairplay, il ne le prend pas ainsi : «Je ne sais pas s’ils m’ont séquestré (rires). Toujours est-il qu’ils ont barré le portail et il était impossible de sortir, sauf à rouler sur les agents qui étaient massés devant le portail et qui visiblement ne voulaient laisser entrer ni sortir les personnes qui avaient besoin d’entrer ou sortir du bâtiment», s’est-il contenté d’expliquer, le 18 avril à 21 heures, alors qu’il venait d’être libéré du siège effectué par les membres du Syndicat national des professionnels des Eaux et Forêts (Synapef).
Il a en effet fallu une mobilisation des forces de Police que sont ensuite venus soutenir la Gendarmerie et même les Pompiers du fait qu’un grand feu avait été allumé devant le portail du ministère. Au terme d’une longue posture de chiens de faïence, le top a été donné et les syndiqués qui avaient assiégé leur ministère ont été déguerpis ; sans résistance d’ailleurs : deux grenades assourdissantes ayant suffit à leur démantèlement alors qu’on les disait équipés de fusils de chasse. Une rumeur qui a sans doute justifié l’importante escadre déployée.
Au piquet depuis plusieurs semaines devant l’immeuble du ministère des Eaux et Forêts, sis au Boulevard Triomphal Omar Bongo de Libreville, les agents de cette administration publique revendiquent un ensemble de points contenus dans un cahier des charges transmis à la tutelle… sans suite, assurent-ils. Pourtant, explique Nelson Messone, «dès ma prise de fonctions, j’ai immédiatement reçu le syndicat. J’ai pris connaissance du travail que le syndicat avait effectué avec l’administration au cours des mois écoulés, en leur proposant une méthode que j’estimais être la bonne pour résoudre les problèmes en profondeur, en leur disant toute ma détermination, toute ma bonne foi à faire en sorte que certains de ces problèmes, qui sont compréhensible, soient résolus, au fond et pas par des solutions de plâtrage. Maintenant s’est ajouté le problème dit des fonds communs, pour lequel également nous avons commencé un travail qui avait déjà abouti puisque ces fonds communs allaient être payés mardi. Donc l’acte de ce soir n’était pas du tout justifié.»
N’y croyant sans doute pas, le Synapef avait déporté, un jour auparavant, sa grève sur la Nationale 1. En effet, le jeudi 17 avril 2014, les agents du poste de contrôle des Eaux Forêts de Nkoltang ont été rejoints par plusieurs de leurs collègues, avant le passage d’Ali Bongo qui allait s’enquérir de l’évolution des travaux relatif à la rupture toute récente de cette voie. Et, ils ont empêché toute circulation aux grumiers. S’en est d’ailleurs suivi un bras de fer avec les agents de la Gendarmerie nationale et de la Garde républicaine en faction sur les lieux en vue de baliser le passage du président de la République.
Au bout de quelques les heures le sit-in de la Synapef sur la Nationale 1 a été levé à coup de lacrymogène pour «entrave à la circulation publique», mais pour le président de cette organisation syndicale, la provocation n’était pas fortuite. Car, pour ce syndicat, les autorités semblent ne pas s’intéresser à leurs revendications, «au nombre de 23» portant entre autres sur la prime de rendement. «Il se trouve qu’aujourd’hui, 17 avril 2014, les personnels d’administration des Eaux et Forêts ne sont toujours pas rentrés en possession de leur prime de rendement contrairement aux autres administrations», a déclaré François Rodelin Eya’a Ovono, leader du Synapef, qui a appelé au «paiement de [leurs] primes sur la base de la grille qui a été validée et sur orientation du Premier ministre, et sur cadrage de la grille qui a été communiquée par le ministère du Budget».
Noël Nelson Messone explique, pour sa part, que les «agents du ministère de la Forêt qui n’ont pas attendu qu’on fasse le travail qu’on était en train de faire ensemble (…) Et le problème épineux était celui du versement de leur prime et, comme vous le savez une réforme est en cours, des décisions sont en train d’être prises, il n’y avait donc pas tout lieu de poser ces actes, dans un contexte où on a commencé à discuter. Moi, le ministre, j’étais ouvert à cette discussion.»
Visiblement sans rancune, le ministre de la Forêt, de l’Environnement et de la Protection des ressources naturelles a soutenu que «pour la suite, l’administration reste ouverte. Le syndicat est un partenaire social tout à fait normal. On ne peut pas fermer la porte du dialogue pour régler les problèmes qui ont été posés… sur lesquels, j’insiste, l’administration et le syndicat ont travaillé au cours des mois écoulés où un cahier des charges a été défini. Le ministre que je suis veillera pour que cet esprit de dialogue demeure, au-delà de ce qui s’est passé, malheureusement, ce soir et qui est de l’entière responsabilité du syndicat.»