Les transactions sur le marché secondaire, des titres obligataires emis par la République du Gabon en fin d’année 2017, s’annoncent difficiles, selon des acteurs et observateurs du marché financier de la CEMAC, qui se sont confiés sous anonymat à l’Agence Ecofin.
« Nous approchons des institutionnels notamment du Cameroun qui est le pays le plus liquide de l’espace régional, mais c’est très dur et très souvent, nos prospects rejettent les offres sans grande explication », a confié l’un d’eux.
Certains qui ont eu des explications, s’entendent dire que, dans l’opinion des investisseurs ciblés, le Gabon ne serait plus crédible, en raison de la baisse des prix du pétrole, sa principale source de revenus.
Une position qui peut surprendre, lorsqu’on sait que cet emprunt obligataire du Gabon bénéficie des mêmes garanties que ceux émis par le Cameroun et le Tchad et offre même un rendement supérieur avec taux d’intérêt de 6,5% (contre 5%) pour le Cameroun. Cette position ne va pas sans créer des soucis sur le marché des capitaux de ce pays.
Le Gabon a indiqué en 2017 sa volonté de titriser une partie de sa dette publique permettant à ses créanciers situés à l’intérieur du pays, d’avoir un document de valeur qui indique clairement que le gouvernement leur est redevable. Cette forme de gestion de la dette publique avait déjà été recommandée par la Commission de Surveillance des marchés financiers de la sous-région.
Lors d’un forum qui s’était tenu à Yaoundé, au Cameroun, les responsables de cette institution avaient fait savoir qu’un des avantages de cette titrisation, était qu’elle permettrait de liquider rapidement certaines créances et, à ceux qui le souhaitent, de monnayer leurs titres.
Des sources indiquent qu’une partie de la dette titrisée du Gabon aurait ainsi fait l’objet d’échange contre, non pas de l’argent, mais des obligations (parmi celles émises récemment), qui sont une dette plus sûre et dont le remboursement est quasi certain. Ce sont des entreprises ayant bénéficié de ce mécanisme qui seraient en train de tester le marché afin de voir s’ils peuvent rapidement recevoir les liquidités dont elles ont davantage besoin que de capitaux immobilisés.
Aussi on apprend que les responsables gabonnais seraient opposés à des achats à faible prix des obligations remises en échange des titres de dette. Ce qui rend les choses encore plus complexes, sur un marché où la demande en capitaux est forte, et l’offre assez faible. D’autres experts interrogés sur les raisons de cette situation ont présenté une vision différente des choses :
De leur point de vue, les autorités camerounaises font tout ce qui est possible pour protéger l’épargne locale, partant des techniques de dissuasion, comme on l’a souvent vu avec les sorties de la Commission nationale des Marchés Financiers (CMF), ou de persuasion (notamment via des abattements fiscaux et autre avantage non définis).
« Vous vous rendrez compte que ce n’est pas le Gabon qui serait moins crédible que le Cameroun. Les deux pays ont la même note auprès des agences de notation (Standard & Poor’s notamment). C’est juste que la culture de l’investissement doit encore être travaillée chez nous, et la capacité à prendre des risques doit être renforcée », a fait savoir l’un deux.
Il est désormais question de voir comment se comporteront, en définitive, les obligations gabonaises sur le marché financier régional (BVMAC). Au terme des procédures, le processus de cotation devrait s’achever d’ici la fin février 2018. Une opération qui intervient à l’heure où on parle de la fusion des Bourses de Douala et de Libreville.