Après le corps diplomatique, le gouvernement et les présidents des institutions, le tour est revenu, le vendredi 12 janvier dernier, aux professionnels des médias publics et privés d’adresser leurs voeux de nouvel an au Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba. A cette occasion, les journalistes n’ont pas manqué de critiquer vertement le nouveau Code de la communication.
Votée par l’Assemblée nationale le 9 août 2016 et promulguée par le président de la République à la même date, la Loi n°19/2016 du 09 août 2016 portant Code de la communication en République gabonaise suscite jusqu’à ce jour une levée de bouclier de la part des professionnels des médias. Certains y voient une forme de ballonnement et de restriction de la liberté de la presse au Gabon.
Lors de la cérémonie de présentation de voeux au président de la République, les journalistes et communicateurs n’ont pas manqué de dire tout le mal qu’ils pensent de ce texte initié par le gouvernement et plus particulièrement par le ministre de la Communication, Alain Claude Bilie-By-Nze.
C’est par la voix de leur représentant, Stephane Nguema, de l’Agence gabonaise de presse, que la corporation a relevé les griefs fait au nouveau Code de la communication:«le nouveau texte a été présenté comme étant une avancée, en ce sens qu’il permettait un exercice libre et responsable de leur métier, mais pour bon nombre de professionnels que nous sommes, bien qu’ayant pris en compte les nouveaux médias notamment les médias en ligne, ce code comporte des insuffisances qui ne permettent de garantir une totale liberté de la presse et des journalistes et d’offrir un cadre clair qui protège la corporation», a t-il précisé.
Les hommes et femmes de média ont également dénoncé la répression qui pourrait découler de son application, notamment par la mise en place des «fortes amendes en cas d’infraction sans faire mention de la dépénalisation des délits de presse».
Il faut d’ailleurs noter que ce nouveau Code prévoit également la responsabilité pénale du journaliste à la suite d’un article qui serait jugé injurieux, malveillant ou diffamatoire. Ce qui, on peut l’imaginer, contraindra ce dernier à une sorte d’autocensure au risque de passer par la prison.
En outre, l’article 180 indique aussi que «l‘éditeur, l’imprimeur, le distributeur, l’hébergeur ou le diffuseur sont solidairement responsables des délits commis en matière de communication». Une aberration qui rend inconstitutionnelle le nouveau Code de la communication tant vanté par le ministre de la Communication Alain Claude Bilie-By-Nze.
Abordant la question de la subvention à la presse, Stephane Nguema qui s’exprimait au nom de ses collègues a relevé le retard pris dans la mise en oeuvre du Fond d’aide et de soutien à la communication «qui doit remplacer la subvention de la presse, laquelle a connu une baisse inexplicable ces dernières années».
Par ailleurs, devant un ministre de la Communication presque gêné aux entournures, Stephane Nguema n’a pas manqué d’évoquer la situation chaotique que traverse l’Agence gabonaise de presse et Africa N°1. Estimant qu’il est urgent de trouver des solutions durables, ces organes de presse courent le risque de disparaître, si une voie de sortie de crise n’est pas trouvée. Il a enfin plaidé pour une meilleure formation des professionnels des médias et souhaité voir se concrétiser la mise en place effective de l’école de journalisme.