Des mois après la mesure de suspension de toutes les activités de bois, le trafic n’a pas moins cessé et les certains exploitants règlent désormais leurs litiges par les poings. Le président de la CGPMEI qui en a récemment fait les frais interpelle à nouveau les autorités publiques.
Le trafic de bois dans le Woleu-Ntem, on n’en finira visiblement jamais. Moins de trois mois après la mesure de Pacôme Moubelet-Boubeya de suspendre toutes les activités de bois, y compris dans l’Ogooué-Ivindo où il était récemment en visite ; dans le septentrion, les affaires semblent ne pas avoir cessé, en dépit des saisies effectuées ces dernières semaines par les autorités du ministère de la Forêt d’Oyem. Un groupe de trafiquants sévirait dans la province au grand dam du président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises et industries (CGPMEI) qui a récemment tenté de s’y opposer. Mal lui en a pris. Il dit s’être fait «agresser» le 4 janvier à Bitam par «un des membres du groupe de voleurs de bois qui sévissent dans la province depuis la mesure de suspension des opérations de récupération de bois abandonnés ou coupés illégalement». L’occasion pour Emmanuel Marcos Zue Meye d’interpeler à nouveau les pouvoirs publics, notamment sur la question de la sécurisation des bois saisis dans le Woleu-Ntem. Ceux-ci, rapporte le président de la CGPMEI, sont à la portée des trafiquants.
«Il nous apparait désormais que le ministre d’Etat en charge de la Forêt a pris une décision sans avoir murement réfléchi à tous les contours de cette affaire. Les raisons de cette suspension semblent avoir été autres que celles professionnelles. Sinon, comment expliquer que les camions chargés de Kevazingo ayant été saisis par le CAF soient encore immobilisés au même endroit quatre mois après ? Comment expliquer qu’aucune réunion de concertation avec les organisations patronales des forestiers nationaux n’ait été organisée à ce jour ? Comment expliqué que les mêmes responsables qui ont été mis en cause dans la province du Woleu-Ntem soient toujours en postes à ce jour ? Comment expliquer qu’aucune mesure de restructuration n’ait été présentée à ce jour au Conseil de ministre pour mieux encadrer le secteur et ne pas replonger dans les mêmes magouilles qui ont conduit à cette mesure de suspension ?» s’interroge Emmanuel Marcos Zue Meye dans un courrier parvenu à notre rédaction, le 9 janvier.
Si le président de la CGPMEI et ses compères, interpellent une fois de plus Pacôme Moubelet-Boubeya, c’est parce qu’ils sont convaincu que tout est fait dans le Woleu-Ntem pour que les trafiquants de bois poursuivent leurs activités impunément. «Ce qui arrive aujourd’hui est le résultat du laxisme, de l’incompétence et de la collusion qui caractérise le travail du directeur provincial des Eaux et Forêts de la province», juge Emmanuel Marcos Zue Meye, qui se plaint de ce que peu de trafiquants présumés aient été entendu par la justice à ce jour. Pour lui, il faut des sanctions, y compris au sein de l’administration. Sera-t-il entendu ? Gageons que oui, bien que l’attention du ministre en charge de la Forêt semble davantage reposer sur les forestiers de l’Ogooué-Ivindo que sur ceux du Woleu-Ntem. Depuis sa prise de fonctions, Pacôme Moubelet-Boubeya n’a d’ailleurs pas encore effectué une visite dans cette province. Il a récemment passé quelques jours dans l’Ogooué-Ivindo. Question de préférence ? En attendant, trafiquants et propriétaires de licences continueront de régler leurs différends aux poings.