Plombée par des dettes internes et vis-à-vis de ses prestataires, l’Université Omar Bongo (UOB) attend un hypothétique règlement de ses créances au Trésor publique, alors que ses fonds propres l’empêchent de financer ses projets prioritaires.
A l’UOB, les dépenses en «biens et services» s’évaluent chaque année à environ 2,49 milliards de francs CFA, comme il a été le cas au terme de l’année 2017. Or, chaque année, cette université, une des plus grandes du pays et qui compte le plus d’étudiants (30 000 en 2016), ne perçoit pas la totalité de l’argent qui lui est promis par l’Etat. Et les reliquats au Trésor public commencent à s’entasser. Ce qui empêche le rectorat de financer les projets de l’établissement, y compris les plus prioritaires, entrant dans le cadre de l’amélioration des conditions d’étude des étudiants et de travail des enseignants et du personnel administratif.
«Aujourd’hui, nous travaillons à minima», s’est plaint Marc Louis Ropivia auprès de Guy Bertrand Mapangou qui présidait, mercredi 10 janvier, le conseil d’administration de l’UOB. Las d’être accusé aussi bien par les étudiants que par les différents syndicats de l’université, le recteur de l’UOB a réclamé le paiement, dans les meilleurs délais, des créances par le Trésor public. L’autorité rectorale réclame notamment plus de 2,6 milliards de francs, correspondant aux reliquats de 2016 (1,5 milliard) et de 2017 (1 milliard). L’UOB dit avoir encaissé 562 milliards en 2016 et 908 millions en 2017.
«L’UOB n’a plus ses traditions d’antan. Nous n’organisons plus de grands cycles de conférences, nous n’offrons plus de distinctions honorifiques, la recherche universitaire est au point mort, au même titre que les troupes théâtrales, les ballets, l’orchestre, toutes ces choses qui font exister une université ; parce qu’on n’a plus d’argent», a déploré Marc Louis Ropivia.
Selon le recteur, l’université traine une dette de plus de 2 milliards de francs comptant pour le paiement des vacations et des prestations offertes par des partenaires externes.
S’il a dit comprendre les difficultés auxquels sont soumis chaque année les responsables de l’UOB, le ministre d’Etat en charge de l’Enseignement supérieur n’a pas caché son scepticisme au sujet du versement par le Trésor public des sommes dues à l’établissement. «Ces 2,6 milliards, soyons réalistes, vous risquez de ne pas les voir, parce que c’est malheureusement une situation commune à tous les pays rentiers. C’est la crise partout et l’Etat ne lâche rien. Vivons avec ce que nous avons, dépensons le peu que nous avons pour des priorités», a conseillé Guy Bertrand Mapangou, non sans exiger «plus de transparence dans la gestion de l’argent public, y compris pour la mutuelle des étudiants». Sur la question des vacations, le membre du gouvernement a également préconisé un «audit sur les actes pédagogiques, pour atténuer les grèves dues aux retards de paiement des vacations».
En plus du «peu» alloué par l’Etat, pour la prochaine année académique qui démarre en février prochain, l’UOB vivra sur l’argent récolté lors de la campagne d’inscription, dont les frais totaux (inscription et écolage) ont été fixés à 35 000 francs par étudiant.