Près de 50 ans après sa construction, l’Université des sciences de la santé (USS) est à l’agonie. Entre difficultés à gérer l’effectif grandissant des étudiants et absence de matériels dans ses laboratoires, cet établissement attend davantage l’aide de l’Etat, alors que son autonomie financière décrétée n’existe que de nom.
Va-t-on vers une fermeture de l’USS ? Au cours du conseil d’administration de cette université publique tenu, mardi 9 janvier, et présidé par le ministre d’Etat en charge de l’Enseignement supérieur, la question a été sérieusement posée par le recteur. Il n’a pas écarté l’éventualité d’une suspension des activités «au moins pour un an», le temps de régler toutes les difficultés auxquels enseignants et étudiants sont confrontés depuis plusieurs années.
Construite vers les années 1970, l’USS, a déploré Guy Bertrand Mapangou, «navigue dans un océan de problèmes». Or, pour Jean Bruno Boguikouma, il est désormais primordial de substituer la parole aux actes. «Trop de discours tue le discours et l’action», a lancé le recteur à l’endroit de sa tutelle, prévenant que «les maux qui (la) gangrènent, pourront à court terme tuer l’USS si rien n’est fait». Ces mots sont nombreux et de divers ordres.
Le recteur et le corps enseignant ont d’abord cité les problèmes d’infrastructures. 48 ans après sa construction, à l’ancien Centre universitaire des sciences de la santé (CUSS), les structures sont quasiment restées les mêmes. «A l’exception d’un amphithéâtre sages-femmes de 80 places, d’un restaurant et une résidence universitaire de 100 lits, l’USS n’a bénéficié à ce jour d’aucune nouvelle infrastructure ni d’aucune rénovation d’ancien bâtiment», a regretté Jean Bruno Boguikouma, avant d’embrailler sur les difficultés liées à l’accueil des étudiants.
Si le conseil d’administration a promis de réfléchir prochainement sur les modalités d’entrée à l’USS pour les nouveaux bacheliers, c’est que «l’augmentation exponentielle du nombre d’étudiants entraîne une promiscuité indescriptible, qui compromet l’apprentissage et favorise l’échec». Initialement prévue pour accueillir 800 étudiants, l’USS en accueille aujourd’hui 4 800, alors que «l’insuffisance d’enseignants-chercheurs de rang A et de vacataires» est criarde, qui «rend difficile la pratique des enseignements multiples dans diverses disciplines».
Pour le recteur et ses collaborateurs, les difficultés de l’USS ont une origine commune : «la réduction drastique du budget de fonctionnement d’année en année et l’absence d’un budget d’investissement». Pourtant, il avait été décrété que l’université bénéficierait d’une autonomie financière, pour lui permettre de subvenir à ses propres besoins. Celle-ci «n’est que de façade», a reconnu Jean Bruno Boguikouma.
L’USS dépend en partie de la subvention de l’Etat, des frais d’inscription et d’écolage des étudiants (210,8 millions de francs CFA en 2017), ainsi que quelques prestations (laboratoires, reprographie, légalisation des diplômes, etc.). A ce jour, les comptes de l’USS affichent 972,6 millions de francs. «On fera avec ce peu pour régler les problèmes les plus urgents», a instruit Guy Bertrand Mapangou, sachant que l’université est confrontée à des dettes internes et vis-à-vis des partenaires, évaluées à plus de 600 millions de francs.