Depuis 1990, aucune solution définitive n’a été trouvée aux maux de l’Education gabonaise. Pire, la situation s’aggrave au fil des ans.
Une école à deux vitesses ! Voila grosso modo la description de l’Education au Gabon. Si les établissements privés réussissent bon gré mal gré à boucler les programmes et respecter les quantums horaires édictés par les normes internationales, tel n’est pas le cas dans le public. En atteste les sempiternelles et répétitives grèves. D’où le « désamour » de certains parents qui inscrivent leurs enfants dans des écoles privées voire les scolarisent à l’étranger, pour les plus nantis.
Cette année scolaire, sauf miracle, connaîtra le même sort que les précédentes !
Et pour preuve, la Convention Nationale des Syndicats du secteur de l’Education, (CONASYSED), après un round d’observation accordé à la Ministre de l’Education Nationale, Nadine Patricia Anguilet Obame, vient de passer à l’offensive. Réunis en Assemblée générale, le 28 décembre dernier, les membres de la Conasysed ont décidé de mener une grève du 3 au 12 janvier courant. « Nous avions fait trois mois sans faire grève depuis que Nadine Patricia est au Ministère de l’Éducation Nationale, parce que nous avons décidé d’observer. On se rend compte que cette dame ne fait rien », a déploré le conseiller stratégique de la Conasysed, Simon Ndong Edzo. Le virulent syndicaliste Marcel Libama de rajouter : « Depuis son arrivée à la tête du ministère, on tue les enseignants et les élèves dans les établissements. Et la seule mesure qu’elle trouve est de prendre les enseignants du pré-primaire pour en faire des surveillants dans les établissements du secondaire ».
Revendication de la Conasysed ?
Des enseignants courroucés pour qui l’accalmie passe par la réhabilitation officielle de la Conasysed, (Ndlr : conformément à la décision n° 015/CC du 22 juin 2017 affirmant que la « Conasysed conserve sa personnalité juridique, conformément à l’article 4 de la convention 87 de L’O.I.T et à la lettre du ministre du Travail à l’O.I.T du 30 juin 2017 »), la non-application des nouveaux paramètres de la pension retraite réduisant les salaires des enseignants dès janvier 2018.
Le paiement des arriérés de salaires de 807 plus 19, l’organisation du concours interne d’entrée à l’Ecole normale supérieure prévu les 24 et 25 juin 2017 reporté sine die constituent d’autres points de discorde. A cela s’ajoute la régularisation des situations administratives, la non-application des réformes constitutionnelles tendant à supprimer les syndicats, l’annulation du double-flux, l’arrêt des violences en milieu scolaire, le paiement de la bourse des élèves, l’annulation des conseils de discipline arbitraires pour ne citer que ces revendications.
Quid de la réponse de l’Exécutif ?
Les autorités dont la ministre de tutelle, Nadine Patricia Anguilet Obame tournent autours du pot. En effet, ces dernières ne s’attaquent pas au fond du problème. Lors de sa récente audition au Sénat, Nadine Patricia Anguile Obame, s’est appesanti sur le recrutement de 1 000 nouveaux enseignants du secondaire durant l’année en cours. Objectif : résoudre le déficit d’enseignant qu’enregistre le pays depuis plusieurs années, dit-elle. Toutefois, on s’interroge sur le sort réservé à ces nouvelles recrues ? Ne serait-il pas judicieux de trouver au préalable des solutions pérennes aux revendications contenues dans le cahier de charges de la Conasysed avant d’envisager de nouveaux recrutements ?
Certes de bonnes mesures, mais qui ne règlent pas le problème…
Dans son dernier discours à la Nation, le Président de la République, Ali Bongo Ondimba a annoncé des mesures fortes, seulement celles-ci ne vont pas ramener l’accalmie dans l’école gabonaise. Le Premier Magistrat Gabonais promet de pourvoir en salle d’informatique et connexion internet 94 écoles du secondaire reparties sur le territoire nationale. « (…) J’annonce également un vaste plan de rénovation des écoles primaires sur l’ensemble du territoire. Un projet qui vise une véritable remise à neuf des établissements avec des travaux qui seront réalisés sur les aspects aussi bien esthétiques que pratiques et sécuritaires : réseaux électriques, plomberie, toitures, menuiseries, peintures... », a-t-il déclaré. Autre annonce : la livraison de 80 000 table-bancs durant cette année académique.