Alors que la session ordinaire finissante n’était même achevée, le gouvernement a «ordonné» l’ouverture immédiate d’une session extraordinaire du Parlement en vue de parachever le projet de révision constitutionnelle. Comme une odeur de passage en force.
Comme une morgue envers Jean Christophe Owono Nguema, une session extraordinaire du Parlement a été ouverte, ce vendredi 29 décembre, alors que se clôturait la session budgétaire dans la même journée. La veille, en effet, sur ces mêmes pages web, le 6e vice-président du Sénat laissait entendre qu’«aujourd’hui, la loi d’habilitation permettant au chef de l’Etat de légiférer par ordonnance pendant l’intersession a été votée. Cela veut dire que nous sommes aujourd’hui en intersession et que la boucle est bouclée en ce qui concerne le projet de révision constitutionnelle». Il ne savait pas qu’un décret du président de la République, numéroté 00375 et daté du 28 décembre, avait été pris «portant ouverture et clôture d’une session extraordinaire du Parlement.»
Durant cette session exceptionnelle «le Parlement se réunira en congrès conformément à l’article 116 de la Constitution sur l’ordre du jour suivant : – examen et adoption du projet de loi de révision de la Constitution», dispose le décret sus cité.
Examiné puis adopté en plénière le 14 décembre 2017 par l’Assemblée nationale, le projet de révision constitutionnelle a trainé au Sénat du fait que cette chambre du Parlement terminait sa session budgétaire et parce que, deux journées durant, une poignée de sénateurs de l’opposition cornaqués par Jean Christophe Owono Nguema pinaillait sur des questions de procédure.
Réagissant à l’ouverture de cette session extraordinaire qu’il n’attendait pas de sitôt, le 6e vice-président du Sénat a dénoncé «une violation, une de plus, de la Constitution», s’étonnant, sur les pages d’africapostnew, de ce que «le gouvernement convoque une session extraordinaire du Parlement en congrès avant même la fin de la session ordinaire et pendant que le projet de révision constitutionnelle est encore en discussion au Sénat».
«Tout cela sonne comme une volonté effrénée de prendre les élus et l’opinion de court afin d’imposer cette Constitution dont l’urgence ne s’explique pas», note un député, pourtant du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir). Pour sa part, un cadre de l’Union nationale – parti de l’opposition – entrevoit «qu’il s’agit d’une entourloupette : comment un Parlement acquis au pouvoir a pu voter la loi d’habilitation alors que le gouvernement adoptait, le même jour, le décret convoquant la session extraordinaire ? Cedecretr est un vrai faux.»
Les travaux de la session extraordinaire reprendront le mardi 2 janvier pour s’achever le vendredi 12 janvier 2018.