La dernière cuvée de l’Ecole nationale de la magistrature (ENM) entame son troisième mois sans salaire; rapporte l’hebdomadaire La Loupe. Pour cause, aucun poste budgétaire ne serait disponible. Cette raison justifierait le fait qu’aucun salaire ne peut leur être versé par le trésor public.
En effet, le Premier ministre avait décidé en juin dernier, de geler pour une durée d’un an les recrutements dans la fonction publique pour maîtriser la masse salariale. Cette décision intervenait à la suite de l’octroi par le FMI d’une enveloppe de 642 millions de dollars au titre du mécanisme élargi de crédit (MEDC), le 20 juin 2017.
Par ailleurs, ce gel des récrutements avait été décidé après que ces magistrats aient été recrutés dans la fonction publique. Pour ces derniers, il s’agit d’un échec. «Comment comprendre qu’après deux années de formation nous soyons traités de la sorte? Nous qui pensions qu’au moment de notre prestation de serment notre situation administrative ne connaîtrait pas de problèmes. Face à ces impayés de salaires et cette situation qui perdure nous avons le sentiment d’avoir échoué»; confiait un magistrat de la promotion 2017 à La Loupe. Un autre précise : «nous n’avons pas de postes budgétaires encore moins de numéros matricules. Ces deux éléments sont un préalable avant de prétendre au salaire. Quand les choses sont bien faites les magistrats sont payés au plus tard le 25 janvier. Et les matricules sont connus dès octobre. Ce qui n’est pas notre cas».
Le président du Syndicat national des magistrats (Synamag), Germain Nguema Ella, contacté à ce propos, n’a pas manqué de dire une nouvelle fois les difficultés auxquelles sont confrontés les hommes en toges noires. «Les magistrats sont en train de passer 3 mois sans salaires. Comment peut-on laisser un magistrat pendant tous ces mois sans être payé ? Comment fait-il pour se loger, pour se nourrir, pour se vêtir convenablement ? C’est à dire qu’on les expose à la corruption, en les gardant autant de mois sans salaires. Ils sont ainsi soumet à la tentation», a-t-il fustigé.
Le ministre de Justice Garde des Sceaux, Francis Nkea Ndzigue qui dit avoir fait de la lutte contre la corruption de ces derniers son cheval de bataille devrait s’atteler à les sortir de cette précarité dans laquelle ils se terrent depuis trois mois.