On peut se le demander au regard des signes de rapprochement formel ou informel entre les deux présidents. Que ce soit à la 72e Assemblée générale des Nations Unies, en septembre dernier, ou au dernier sommet Union africaine-Union européenne, les images des Chefs d’Etat français et gabonais, circulant partout sur la toile et dans les journaux ne manquent pas d’alimenter les passions.
Les militants du régime les brandissent ostentatoirement comme un trophée, une preuve de caution de l’élection d’Ali Bongo par la France. Pourtant les poignées de mains et autres photos d’Emmanuel Macron, posant avec Ali Bongo Ondimba sont présentées par l’opposition qui écume de rage comme de vrais montages destinés à tromper l’opinion. Et la colère de l’opposition est telle que l’idée d’un complot international ourdi par la l’ancienne puissance colonisatrice au nom de la défense des intérêts français n’est pas exclue. Pourtant, à y regarder de près, on s’aperçoit que malgré la politique attentiste de la France, évitant de frustrer les deux parties en conflits à Libreville, on peut remarquer qu’Emmanuel Macron joue avec extrême habileté dans la reconnaissance d’Ali Bongo comme Président du Gabon.
La lettre de félicitation adressée par lui à son homologue gabonais en août dernier à l’occasion de la fête de l’Indépendance du Gabon, les poignées de mains et autres rencontres informelles entre les deux présidents participent plus de la reconnaissance de Bongo que de sa mise à l’écart comme l’a toujours prétendu l’opposition. Laquelle opposition refuse de voir la réalité pourtant trop crue à ces yeux. Le tout conjugué avec son discours à la conférence « One planet summit », dernièrement à Paris (même s’il a été mal accueilli par la diaspora pro Ping). Ali Bongo qui a promis une enveloppe de cinq milliards de dollars au titre d’engagement de l’Union Africaine, va trouver là grâce aux yeux de la France qui fait de la lutte contre le réchauffement climatique son cheval de batail, après le retrait des Etats Unis de la Cop 21.
Surtout que le président gabonais se pose en véritable Porte-parole des Chefs d’Etats africains dans les politiques d’adaptation climatique. Et au nom justement de cette lutte contre les changements climatiques qui propulse Ali Bongo au devant de la scène, ce que craint désormais l’opposition c’est sa mise en quarantaine à Libreville. Car la France semble avoir déjà reconnu le pouvoir en place au Gabon, la realpolitik faisant loi