Après leur première montée au créneau du mardi 7 janvier dernier pour des questions relatives à la mise en place d’un guichet unique, la date de prestation de serment des agents sortis de formation et l’actualisation d’un ensemble de textes de loi jugés «caduques», les agent de la Marine marchande sont à nouveau en grève, depuis le début de la semaine en cours.
Quelques jours après le lancement d’une première grève dite «illimitée», le mardi 7 janvier 2014, les agents de la Marine marchande gabonaise avaient obtenu du ministère des Transports et de la Direction générale de la Marine marchande (DGMM) la satisfaction d’un ensemble de points inscrits dans leur cahier des charges. Mais depuis la décision du président de la République de suspendre, jusqu’à nouvel ordre, le paiement des fonds communs et des primes diverses, une atmosphère lourde est de nouveau tombée sur cette administration. Ses agents ont lancé un nouveau mouvement d’humeur depuis lundi 14 avril 2014. Au centre des revendications : le paiement de primes et frais attendus depuis plusieurs mois.
En effet, bien que reconnaissant les efforts entrepris depuis janvier 2014 par le ministère des Transport suite à leur premier mouvement d’humeur, justifiant la nouvelle montée au créneau, Alain Patrice Loko, leader du Syndicat national des agents de la Marine marchande (Synamm), a déclaré : «C’est une grève sur la raison et sur le bon sens. Nous sommes, comme ils l’ont appelée, une administration de développement. Mais je vais plus loin, nous sommes une administration qui produit. Et c’est sur la base de notre production que nos primes de rendement et nos frais de visites son payés. Or, il se trouve que depuis la décision du président de la République suspendant les fonds communs et toutes autres formes de primes, nous sommes à la fin de ce premier trimestre sans avoir reçu nos primes de rendement, alors que d’autres administrations qui sont dans la même situation que nous ont reçu ces primes et biens d’autres qui tournent autour des mêmes primes de rendement. Cette grève, c’est pour réclamer le paiement du premier trimestre.»
Pour le président du Synamm, l’autre revendication proviendrait de l’incompréhension née de la volonté des plus hautes autorités du pays d’appeler au développement sans y mettre la forme ni les moyens. Une méprise que le leader syndical a tenu à relever. Pour Alain Patrice Loko, «le Président parle bien d’émergence en 2025 : on ne peut pas arriver à l’émergence, à moins que je me trompe, sans le développement du ministère des Transports. D’autant plus que le Transport est un point sensible et essentiel. Je vais plus loin : la Direction de la Marine marchande, c’est elle l’autorité maritime et c’est elle qui gère la mer. Le Gabon dépend à plus de 95% de la mer, cela voudrait dire que si aujourd’hui les ports sont fermés, le Gabon ne peut pas vivre.»
Pourtant, la question du paiement des primes de rendement et celle relative aux frais de visite sont loin d’être les seules revendications émises par les membres du Synamm qui observent pour la plupart un sit-in devant l’immeuble abritant le ministère de tutelle et la DGMM, sis à l’Avenue du Colonel Parant à Libreville. L’une des principales raisons du sit-in repose sur la classification des administrations publiques par rapport au paiement de l’épineuse Prime d’incitation à la performance (PIP) : «Un ministère qui a une telle important ne peut pas être placé dans le 2ème groupe. Nous revendiquons le fait qu’on nous y a mis car nous voulons être dans le 1er groupe. Quelle différence les autorités font-elles entre la Direction générale des douanes et la Direction de la Marine marchande ? Oui, la douane s’occupe de la marchandise, mais la Marine marchande s’occupe du navire qui est censé apporter cette marchandise. Est-ce que sans le navire la marchandise peut arriver au Gabon ?» Question.
Ainsi, pour le président du Synamm, tout serait dans le détail. Même si, ajoute-t-il, l’arrangement conclu entre le gouvernement et les régies financières, le dimanche 6 avril 2014, révèle une fois de plus la volonté de quelques responsables de bloquer l’avancement de certains dossiers : «Nous avons eu une séance de travail hier [lundi 14 avril 2014 - ndlr] avec le ministre titulaire en présence de l’agent comptable qui gère toutes les régies du ministère des Transports. L’agent comptable nous a fait comprendre que si les autres ont été payés, c’est parce qu’ils ont reçu l’ordre du haut. Donc, pour que nous soyons aussi payés, il faut que le ministre écrive au Premier ministre ou au président de la République».
De ce fait, conclu Alain Patrice Loko : «Nous n’allons lever le mouvement de grève que lorsque nos primes de rendement et nos frais de visite, ainsi que la mise en place de nouvelles dispositions sur l’attribution de la PIP seront réglés par le ministère des Transports.»