Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment
Accueil
News
Économie
Article
Économie

Michel Essonghe : malgré un résultat négatif, le groupe Ceca-Gadis ne va pas licencier
Publié le jeudi 21 decembre 2017  |  Le Nouveau Gabon
Michel
© Autre presse par DR
Michel Essonghe, président-directeur général de la Compagnie d’exploitations commerciales africaines-gabonaise de distribution (Ceca-Gadis)
Comment


La Compagnie d'exploitations commerciales africaines-Gabonaise de distribution (Ceca-Gadis), enseigne majeure de la grande distribution opérant sur l'étendue du territoire gabonais, offre 1 600 emplois aux Gabonais et à Sao Tome & Principe.

A travers 1 200 magasins Ceca-Gadis par rapport à son réseau de distribution, Géant CKDO, CKDO, Gabo prix, etc., est aujourd’hui l’un des plus gros employeurs dans ce secteur. Son président-directeur général, dans cet entretien accordé au quotidien pro gouvernemental l’Union, dresse le bilan des activités de la société, revient sur les effets de la nouvelle mercuriale et autres taxes entrées en vigueur cette année, et évoque les perspectives de la compagnie dans un contexte de morosité.

Quel bilan dressez-vous des activités du groupe Ceca-Gadis cette année ?

Michel Essonghe : Notre pays, comme vous le savez, fait face depuis près de trois ans à de graves déséquilibres économiques nés de l’effondrement des prix du pétrole et de la baisse des réserves de change. Naturellement, cette situation a un impact grave sur les finances publiques et donc sur la consommation en général. Le Groupe Ceca-Gadis, acteur majeur de la grande distribution dans notre pays, a vu donc ses activités fortement impactées par cette crise. Ce que je peux vous dire globalement est que notre entreprise a bien entendu, connu un résultat bien en deçà de nos prévisions et qui est en baisse constante depuis l’année 2014. Un chiffre d’affaires en baisse de près de 30% ; des créances-clients qui ont gonflé, et des charges importantes.

Allez-vous, comme c’est le cas dans plusieurs autres entreprises, réduire vos effectifs et vos investissements ?

Par son ampleur et ses conséquences humaines et sociales, la crise économique et financière actuelle est un sujet de préoccupation. Vous avez connaissance du nombre d’entreprises en difficulté actuellement dans notre pays. Sans compter celles qui ont été contraintes d’arrêter leurs activités en quittant précipitamment le pays. Beaucoup de ces entreprises sont des clients de Ceca-Gadis, et leurs salariés également.

Dans la ville de Port-Gentil et ses environs, cet impact est doublement ressenti du fait du poids du secteur pétrolier dans l’économie de la province de l’Ogooué Maritime. Tous nos départements, qu’il s’agisse de l’alimentaire ou des biens de consommation, ont tous connu un résultat négatif en 2017. Avec pour conséquence principale, un chiffre d’affaires global en baisse de 30% par rapport à l’année 2014.

Pour y faire face, nous avons déjà pris un certain nombre de mesures. Principalement de nous limiter aux seuls investissements productifs. Pour nous permettre d’engranger du chiffre d’affaires supplémentaire, il nous faut davantage investir, aller à la conquête de nouveaux clients par une stratégie commerciale et marketing plus volontaire. Nos charges de fonctionnement vont également connaitre une baisse importante, sans bien entendu compromettre les activités des départements productifs.

Et vos effectifs ?

Pour ce qui est de nos effectifs, à ce jour, il n’y aucune mesure de licenciement économique prévue. Bien au contraire, nous continuons à recruter des jeunes gabonais, en fonction des spécificités de nos métiers. Bien entendu, nous resterons vigilants quant à l’équilibre financier de notre entreprise, et nous n’écarterons aucune mesure visant à sa préservation. Je dois ajouter que notre activité souffre également des conséquences liées aux troubles nés des élections politiques.

Ainsi, en août 2016, nous avons dénombré plus d’une vingtaine de magasins qui ont été soit pillés, soit détruits lors des émeutes postélectorales, sans oublier les pertes d’exploitation générées par les périodes de fermeture des magasins.

A ce jour, et malgré nos garanties d’assurance, nous avons dû les reconstruire et les remettre en activité à nos frais, et nous sommes en attente du remboursement par les assurances.

Quelles sont, d’après vous, de façon générale, les mesures de soutien que l’Etat peut mettre en place afin de faire face à cette conjoncture difficile ?

De façon générale en effet, et dans tous les pays du monde, il peut arriver que l’Etat mette en place des mesures particulières d’incitation, d’accompagnement et de soutien des entreprises qui se trouvent confrontées à des difficultés conjoncturelles, notamment en période de crise.

Pour ce qui est du Groupe Ceca-Gadis, qui est l’un des acteurs majeurs de la grande distribution dans notre pays, il a été créé dans les années 30 par un investisseur privé, et l’Etat en a pris le contrôle en tant qu’actionnaire majoritaire jusqu’en 1967. Depuis lors, divers investisseurs privés se sont associés et ont constitué ainsi l’un des rares exemples d’une privatisation réussie dans une structure totalement nationale. Ce rappel m’a paru nécessaire pour indiquer que le groupe Ceca-Gadis remplit, malgré son statut d’entreprise privée, une mission de service public qui s’est toujours traduite par un partenariat dynamique avec l’Etat.

Je voudrais indiquer à cet effet que nous sommes la seule entreprise privée à être installée dans tout le territoire national et dans quasiment toutes les villes de notre pays.

Ces implantations qui se poursuivent malgré tout, ne sont pas toutes rentables. Notre volonté de nous rapprocher de l’ensemble des Gabonais, quelle que soit la localité, demeure néanmoins intacte. Lorsque vous connaissez la qualité des infrastructures de notre pays, et les conditions de transport pour acheminer dans les coins et recoins de notre pays, et dans les conditions de régularité, de sécurité et d’hygiène idoines, les mêmes produits et marchandises que ceux qui sont vendus dans les grands centres urbains, vous pouvez imaginer les efforts que notre entreprise consent.

C’est, pourquoi tout en remerciant les plus hautes autorités de notre pays pour les soutiens divers, je souhaite que l’Etat soit toujours plus attentif à l’accompagnement des efforts déployés par notre entreprise.

Pensez-vous que le Plan de relance économique mis en œuvre par le gouvernement peut réellement faire redécoller la croissance, et partant la consommation des ménages ?

La mise en place du Plan de relance économique est un élément déterminant qui va permettre de renforcer la soutenabilité de notre économie. Nous souhaitons qu’il porte ses fruits, car de sa réussite dépendra le renforcement de l’économie gabonaise, et donc plus d’investissements, plus d’emplois et plus de richesse.

Il est vrai que la crise actuelle contraint l’Etat à optimiser ses recettes, mais il est important également que les objectifs de renforcement de l’activité économique, de lutte contre le chômage, de soutien aux entreprises qui créent la richesse et l’emploi, soient maintenus. Notre pays a connu depuis près de dix ans, une transformation de son paysage économique, avec plusieurs PME qui se créent et qui contribuent à la richesse nationale.

D’un autre côté, malgré la crise, notre clientèle est devenue plus exigeante. Plus de service, plus de choix, plus de proximité. Pour y arriver, nous devons sans cesse nous renouveler, avec des magasins plus modernes, des employés mieux formés, des produits respectant des conditions d’hygiène irréprochable.

Ces efforts seront poursuivis, et tous nos salariés sont mobilisés pour cet objectif.

Aujourd’hui, Ceca-Gadis, c’est près de 2 000 emplois directs, auxquels il faut ajouter les emplois indirects, ainsi que les nombreuses familles qui vivent des salaires versés.

On peut donc aisément comprendre que Ceca-Gadis, opérateur historique de la grande distribution dans notre pays, joue un rôle social important.

Le gouvernement a mis en place le 15 août dernier, une nouvelle mercuriale des prix. Néanmoins, pour de nombreux acteurs de la filière, son entrée en vigueur pourrait entraîner l’arrêt des importations de certains biens avec pour conséquence le développement du commerce informel, et la pénalisation de certains importateurs. Quel est votre avis sur cette problématique ?

Nous réaffirmons sans cesse notre statut d’entreprise citoyenne, et c’est pourquoi nous sommes attachés à accompagner les efforts du gouvernement dans tout ce qui doit contribuer au bien-être des Gabonais.

Pour notre part, dans le cadre du Simpex (Syndicat des Importateurs et Exportateurs), nous avons travaillé avec le gouvernement à la mise en place de cette nouvelle mercuriale. Globalement, nous avons adhéré aux objectifs de cette mercuriale. Il reste néanmoins que certains produits de cette mercuriale sont largement soumis aux aléas d’une conjoncture internationale sur laquelle nous n’avons aucune prise. Il est donc important que ces aléas soient pris en compte, tout comme il est nécessaire d’avoir une juste appréciation des conditions d’acheminement dans certaines localités de notre territoire de certains produits, et des impacts du coût du transport.

Tout aléa qui contribuera à l’augmentation des cours internationaux de certains produits, ou d’une mesure locale d’augmentation des coûts de logistique notamment l’augmentation du carburant, aura fatalement un impact sur l’application de cette nouvelle mercuriale.

De plus, le développement du secteur informel qui contribue à affaiblir les activités des entreprises formelles, peut également être un élément déstabilisateur. Ainsi, dans le cadre des mesures de baisse des coûts portuaires relatives à la vie chère, nous avons constaté que des entreprises non spécialisées ont importé des produits de la vie chère et les ont vendus dans les autres pays de la sous-région. Ce qui signifie un détournement d’une mesure gouvernementale qui n’a pas entièrement profité aux populations du pays.

C’est pourquoi nous soulignons la nécessité d’une juste évaluation de ces différents facteurs afin d’éviter une dégradation des équilibres financiers des entreprises qui contribuent de façon active et pleine au développement du pays, comme Ceca-Gadis.

Néanmoins, nous continuerons à travailler avec tous les partenaires (associations de consommateurs, producteurs locaux, Etat, autres opérateurs privés), pour la mise en place de mesures pérennes qui devront contribuer à baisser les prix des produits de grande consommation. C’est dans cet esprit que nous avons décidé, en partenariat avec l’Etat et le groupe Olam, d’être le porteur de la dernière édition de la foire agricole de Libreville, car nous sommes convaincus que la lutte contre la vie chère passe nécessairement par le développement d’une agriculture locale qui valorise nos produits et nos territoires.

En notre qualité de distributeur, trait d’union entre le producteur et le consommateur, nous sommes engagés à continuer de distribuer, dans le strict respect des normes de qualité, de régularité et d’hygiène, les produits gabonais.

L’année 2018 s’annonce aussi incertaine que 2017 en termes de reprise de l’activité économique. Quels sont vos perspectives et vos projets d’investissements pour l’exercice 2018 ?

Nos objectifs pour 2018 s’inscrivent dans la poursuite de la mise en œuvre de notre stratégie commerciale. La modernisation de nos magasins va se poursuivre, l’amélioration de notre qualité de services, la formation de nos collaborateurs, la lutte contre la vie chère avec une offre de produits au juste prix, et la proximité avec nos consommateurs.

Nous avons également amorcé un développement de la vente en ligne afin d’exploiter toutes les possibilités qu’offre aujourd’hui le développement du numérique. Tels sont les grands axes de cette stratégie. Dans cet esprit, l’axe majeur de notre développement est centré sur la formation et le développement des compétences de nos collaborateurs.

Il nous faut nous adapter aux besoins de notre clientèle, et pour cela, seule la qualité de nos produits, de notre service et de nos collaborateurs, fera la différence.

SeM avec l'Union
Commentaires


Comment