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L’admonition de Robert Bourgi à Ali Bongo
Publié le mardi 15 avril 2014   |  Gabon Review


Robert
© Autre presse par DR
Robert Bourgi, avocat au Barreau de Paris


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Reçu sur France24 par Marc Perelman, l’avocat Robert Bourgi, fils spirituel de Jacques Foccart, artisan dans l’ombre de la Françafrique, a saisi l’opportunité d’une brèche ouverte sur la situation sociopolitique du Gabon pour inviter le président Ali Bongo Ondimba à se ressaisir et à changer de posture vis-à-vis des hiérarques du système hérité de son père, presque tous en disgrâce, aujourd’hui, avec le locataire du palais de Rénovation.

L’émissaire occulte de Nicolas Sarkozy, supporter zélé d’Ali Bongo lors des élections présidentielles anticipées de 2009, nourrit-il, cinq ans après, des regrets sur le soutien qu’il a apporté au fils de celui qu’il appelait affectueusement «papa» ? En tout cas sa dernière sortie sur le plateau de France24, le 13 avril 2014, en dit long sur ses ressentiments pour son frère «adoptif».

Après avoir été amené à se prononcer sur l’opération Sangaris en Centrafrique, l’emprisonnement de Karim Wade au Sénégal, l’avocat à la Cour et Docteur en Droit, Robert Bourgi ne s’est pas fait prier pour confirmer ce que d’autres avant lui ont eu à fustiger concernant le mode opératoire de celui qui, il y a cinq ans était présenté comme «le meilleur défenseur des intérêts français dans tous les domaines». Entre autres, il est en effet reproché au président Ali Bongo Ondimba d’écarter des affidés de son père dans la gestion du pays au détriment d’un nouveau personnel ou encore de prendre de grandes décisions sans associer sa sœur aînée, Pascaline Mferri Bongo Ondimba, ancienne directrice de cabinet de son prédécesseur.

D’entrée de jeu, Robert Bourgi laisse entendre qu’il va aborder un sujet fâcheux : «Ce que je vais vous dire ou répondre ne va certainement pas plaire au président Ali Bongo dont je suis très proche et dont j’ai souhaité l’élection en 2009.» Et d’enchainer aussitôt : «Je suis resté extrêmement proche de lui contrairement à ce qui se dit çà et là. Il faudrait qu’il s’inspire un peu plus de la sagesse politique de son père, qu’il se mette à l’écoute, un peu plus, de ce que disent les opposants, qu’il manifeste le désir et la volonté rapide de ramener la paix dans la famille, de retrouver sa sœur Pascaline, de reprendre le dialogue froid et actuellement interrompu avec Jean Ping, Paul Toungui et tant d’autres».

Alors qu’il venait de soutenir être «très proche» du président gabonais, même si l’hebdomadaire Jeune Afrique, le citant, avait indiqué qu’il se plaignait de ce qu’Ali Bongo ne l’avait plus contacté après l’élection de 2009, Rober Bourgi ne précise pas moins que «je souhaiterais à travers cette émission, qu’il reçoive, via France24, ce que je lui ai dit dans le silence de son bureau». Comme quoi, pourrait-on également penser, le président gabonais aurait du mal à accorder de l’intérêt au prêche de celui au sujet de qui il avait déclaré : «Il faut croire qu’il y a beaucoup de personnes qui vivent dans le passé (…) Il s’en trouve toujours pour nous ramener en arrière. Quand je dis que je ne connais pas la Françafrique, je ne connais pas la Françafrique.»

Voulant désespérément retrouver en Ali Bongo le caractère et les manières d’Omar, Robert Bourgi qui assure comprendre que l’actuel président gabonais veuille épouser «le mouvement général du monde», ne lui reproche pas moins d’écarter les caciques du régime en place depuis 46 ans : «Les choses ne peuvent pas restes figées. Mais le tort qu’il a eu, depuis deux ans, c’est de laisser sur le bord de la route tous ceux qui ont accompagné son père pendant des décennies, qui lui ont été fidèles, qui l’ont servi et qui ont également servi Ali Bongo et qui ont permis son élection». Et de conclure qu’«il y a manière et manière d’agir. Il ne faut pas transformer un allié, un ami en adversaire, et aujourd’hui c’est le cas».

La sortie de Bourgi, moins d’une semaine après qu’Ali Bongo ait été reçu à l’Elysée par son homologue français, François Hollande, a suscité de nombreux commentaires au Gabon. Certains allant jusqu’à penser, malgré que Bourgi ait parlé de la RCA ou de Karim Wade, que cette émission, sur une chaine de télévision proche du Quai d’Orsay, le ministère des Affaires étrangères de la France, ne serait qu’une mise en scène visant à envoyer à Ali Bongo un message public, sinon un désaveu quant à sa gestion de l’héritage politique d’Omar Bongo. D’autres également pensent que Robert Bourgi est en panne d’activité ou de visibilité, au-delà de ce qu’il se targue de continuer à fréquenter l’élite politique de l’Afrique, notamment les président Africains ainsi qu’il l’a signifié durant l’émission en parlant de Macky Sall. Sa lecture ou ce qu’il a raconté sur France 24 n’étant qu’un tissu de Lapalissades.

La sortie de Bourgi sur Ali Bongo n’a d’intérêt que mis en rapport avec l’actuelle campagne médiatique de Jean Ping, qui reconnait avoir été écarté des affaires par l’actuel président du Gabon. Bourgi, ne voulait-il pas là, dans une sorte de message subliminal, faire une offre de service en vue d’une médiation entre l’ancien président de la Commission de l’Union africaine et Ali Bongo ? Le temps le dira.

Né au Sénégal, d’origine libanaise Robert Bourgi est considéré comme l’héritier spirituel de Jacques Foccart avec lequel son père Mahmoud Bourgi, important commerçant gaulliste, avait noué des relations d’affaires. D’abord conseiller politique de Michel Aurillac, ministre de la Coopération de Jacques Chirac sous la première cohabitation, de 1986 à 1988, puis de Dominique de Villepin, il est passé dans le camp de Nicolas Sarkozy en septembre 2005, Robert Bourgi était un proche des anciens présidents africains tels que le gabonais Omar Bongo, le sénégalais Abdoulaye Wade et du président et de l’actuel président congolais Denis Sassou Nguesso.

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