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Logement : La SNI, K.O. debout ?
Publié le vendredi 8 decembre 2017  |  Gabon Review
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© Autre presse par DR
Les logements sociaux d’Akanda
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Après avoir lancé, en 2012-2013, un gigantesque projet de réalisation de 3801 logements individuels et immeubles collectifs sur l’ensemble du territoire national, la Société nationale immobilière (SNI) se fait discrète : plus de points presse, plus de visite de chantiers, plus d’annonces sur d’éventuels autres programmes… N’a-t-elle plus les moyens de ses ambitions ? Que vont devenir les «4000 logements abandonnés dans de hautes herbes». Et puis, SNI et SNLS n’y a-t-il pas une société publique immobilière de trop ?

Bien que le projet des «5000 logements par an» promis en 2009 par Ali Bongo soit définitivement jeté aux orties et enterré, Josué Mbadinga a du pain sur la planche si son objectif est de voir nombre de ses compatriotes loger dans des habitats salubres et confortables. Depuis 2009, le secteur de l’habitat a vu passer pas moins de six ministres – Ruffin-Pacôme Ondzounga, Blaise Louembet, Magloire Ngambia, Alexis Boutamba, Désiré Guédon et Bruno Ben Moubamba -, et malgré les annonces, les sorties médiatiques et les séjours, à un rythme parfois régulier, d’investisseurs potentiels dans ce secteur, le «petit peuple» n’a pas vu grand-chose, en dehors des 650 habitations de Bikélé (dans la commune de Ntoum) et des 800 logements préfabriqués réalisés par un consortium turc à Angondjé qui, d’ailleurs, a quitté le Gabon visiblement en courroux en raison des atermoiements des autorités gabonaises sur le dossier Habitat. Josué Mbadinga arrive dans un secteur qu’il connaît pour avoir été, pendant quelques mois, sous Omar Bongo, ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et du Logement. Dans ce secteur, cohabitent, depuis peu, deux entreprises publiques, la Société nationale immobilière (SNI) et la Société nationale des logements sociaux (SNLS), mais les choses demeurent quelque peu poussives dans le domaine.

Blasée, lessivée, vidée, à court d’idées, l’équipe dirigeante actuelle de la SNI ?

La SNI par exemple avait, sous Albert Chavihot-Aléwina et Antoine Ngoua, les deux derniers prédécesseurs de l’actuel directeur général, Juste-Valère Okologo w’Okambat (arrivé en octobre 2009), lancé la construction de dizaines de logements et ouvert ces logements à de nouveaux quartiers (Awoungou, Angondjé,…) pour déconcentrer le centre de Libreville, sous la houlette des ministres Adrien Nkoghé Essingone (1990-1994) et Jacques Adiahénot (1999-2009). Il revenait à Juste-Valère Okologo de poursuivre sur la même lancée. Il aura essayé en contractant un prêt de 100 milliards CFA auprès de BGFIBank pour concrétiser le projet le plus ambitieux de la SNI, à savoir la construction de 3801 logements. Mais, il faut bien le reconnaître, cet ambitieux projet est à la traîne, des traquenards avec BGFI et Wood Africa l’ayant plombé (lire «La saga chaotique des logements SNI»). Au grand dam des populations et surtout de celles ayant fait des réservations (avances financières) pour acquérir un logement… Pourquoi ce grand projet demeure à l’arrêt, même si on a vu il y a deux mois une entreprise venir poser une première couche de peinture sur l’un des immeubles en construction à Angondjé ? Pourquoi la SNI ne démarre pas d’autre projet à Libreville dont la population ne cesse de croître ? Où en est le projet d’aménagement de parcelles que la SNI devait réaliser conjointement avec la SNLS ? A Likouala, c’est le calme plat… et les 4000 logements croupissent toujours sous la haute herbe dans une sorte d’indifférence des responsables de l’entreprise publique immobilière.

En fait, l’équipe dirigeante actuelle semble être blasée, lessivée, vidée, à court d’idées… Juste-Valère Okologo et ses deux adjoints, Yvon Medoua Nzé et Ruphin Ndjambou (celui-ci semble plus préoccupé par l’érection de ses établissements d’enseignement supérieur), donnent le sentiment de tout attendre de la puissance publique, alors que la SNI dispose tout de même de suffisamment de ressources pour continuer l’aménagement de parcelles et la construction de quelques logements individuels. Blasés, lessivés, vidés intellectuellement ? Pour de nombreux observateurs, la SNI a aujourd’hui besoin d’un souffle nouveau, et cela passe par l’arrivée de nouvelles compétences et d’intelligences plus vives.

Fusionner la SNI et la SNLS

Il y a, en tout cas, comme une défaillance managériale, en plus de la défaillance intellectuelle. Car, s’il est bien d’aménager une salle de gymnastique baptisée du nom du directeur général dans les locaux de l’entreprise et de renouveler bureaux et équipements, il ne faudrait pas oublier que l’objet premier de la SNI qui est d’être l’incarnation parfaite de la volonté du gouvernement de loger les Gabonais à moindres frais dans des logements décents. Comment peut-on se retrouver avec, comme l’a dit Bruno Ben Moubamba, ancien ministre d’État chargé de l’Habitat, du Logement social et de l’Urbanisme, «4000 logements abandonnés dans de hautes herbes» et donner cette fâcheuse impression de ne pas avoir de solution à court terme ?

Des responsables politiques au plus haut niveau se demandent en privé si l’existence des deux entités (SNI et SNLS) est nécessaire au moment où il faudrait plutôt mutualiser les moyens. Ils estiment de ce fait qu’il faudrait comme on l’a fait pour d’autres entités (Promogabon, Centre de développement des Entreprises, et Agence de promotion des investissements et des exportations ont fusionné pour donner naissance à l’ANPI-Gabon), fusionner la SNI et la SNLS, pour en faire une entreprise dynamique et productrice de logements sociaux véritables. «Pour y arriver, il faut un ministre qui veuille bien donner un coup de pied dans la fourmilière, mais je doute que Josué Mbadinga soit du genre ; lui, il fait juste de l’anti-BBM et se montre, de ce fait, excessivement prudent», estime un membre du gouvernement. «Dans ce secteur vital pour nos compatriotes qu’est le logement, il faut oser briser certains comportements et décider sans trop attendre. Or, trois mois après son arrivée, on ne le sent pas. Il semble vouloir prendre son temps, alors les Gabonais, eux, veulent des logements», poursuit-il.

La problématique du manque de logement social au Gabon demeure entière. Les politiques publiques dans ce secteur semblent manquer… En tout cas, elles ne sont ni visibles, ni lisibles.
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