Des magistrats gabonais ont dénoncé les interférences "intempestives" du pouvoir exécutif dans leur travail, qui portent atteinte à "l'indépendance de la justice", selon eux.
Le Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag) a tenu mercredi au palais de justice de Libreville une conférence de presse "pour dénoncer une fois de plus et avec la plus grande fermeté les immixtions intempestives du pouvoir exécutif dans le pouvoir judiciaire".
Le président du syndicat, Germain Nguema Ella, a cité en particulier le cas d'un "magistrat, instructeur dans une affaire qui intéresse certainement le pouvoir exécutif".
"Il lui a été ordonné se rendre nuitamment au ministère de la Justice afin de fournir des explications sur les raisons qui ont motivé la mise en liberté provisoire de l'inculpé", a raconté M. Nguema Ella.
"Le ministre se serait livré à un interrogatoire humiliant, rabaissant, allant jusqu'à accuser le magistrat d'avoir perçu des sommes d'argent en contre partie de cette mise en liberté", a-t-il affirmé, sans donner d'autre précision sur l'affaire en question.
Toujours selon le syndicat, le ministre aurait également brandit la menace de suspension du magistrat.
"Les juges ne sont soumis dans l'exercice de leurs fonctions qu'à l'autorité de la loi", a rappelé le Synamag, citant la Constitution gabonaise.
Fin novembre, le même syndicat avait déjà interpellé le ministère de la Justice "sur l'impérieuse nécessité de cesser toute immixtion, toute ingérence, toute intervention qui seraient de nature à mettre à mal l'indépendance de la justice".