Ils l’avaient annoncé dès le début du week-end écoulé, ils l’ont matérialisé dans la journée du lundi 14 avril 2014. Les personnels de santé du Gabon ont observé un mouvement d’humeur dénommé «Lundi noir de la santé», dans le but de rappeler à la tutelle leur principale revendication inhérente à la formation des agents des hôpitaux publics du pays.
Alors que leur ministre de tutelle nie systématiquement une grève au sein de l’administration dont il a la charge, le personnel de santé -médecins, infirmiers et aides soignantes- est une nouvelle fois monté au créneau au début de la semaine en cours, scandant à tue-tête : «Trop c’est trop ! La formation c’est un droit».
En effet, de 7 heures à 18 heures, les personnels de santé des établissements hospitaliers publics de Libreville, réunis pour la plupart au sein du Syndicat national des personnels de la santé (Synaps), ont revêtu leurs blouses, non pour dispenser des soins aux patients surpris par le spectacle, mais pour observer un sit-in devant le bâtiment abritant les urgences du Centre hospitalier universitaire de Libreville (CHUL). Un sit-in dénommé «Lundi noir de la santé» qui, selon les responsables du Synaps, est observé «dans tous les hôpitaux publics du Gabon.»
A l’origine de ce «Lundi noir», une vielle revendication des blouses blanches relative à la formation des agents de santé. «Malheureusement, et jusqu’à preuve du contraire, la seule école qui accueillait les agents de santé, c’était l’INFASS [Institut national de formation d’action sanitaire et sociale, Ndlr], mais depuis trois ans, il n’y a qu’une seule filière qui va en formation : celle des infirmiers accoucheurs. Or, nous disons que c’est un tort de vouloir cette même filière quand les autres sont là, ils attendent depuis cinq, dix, voire quinze ans sans avoir la possibilité de repartir en formation. Aujourd’hui, nous prônons pour les soins de qualité. Mais qui dit soins de qualité dit une main d’œuvre bien formée. Nous avons des CHU qui poussent de partout, et qui CHU dit une nouvelle technologie. Alors, comment voulez-vous parler de CHU et des soins de qualité avec un personnel qui fait dans la routine depuis un certain nombre d’année», a déclaré Gervais Moutely, délégué national aux affaires administratives et judiciaires du Synaps.
A en croire, les personnels de santé, le Gabon, malgré des structures de formation à Mouila, Makokou et à Franceville ne serait pas en mesure d’offrir de nouveaux enseignements aux agents nécessiteux dans un contexte où il aspire de plus en plus à l’émergence à l’horizon 2025. Aussi, en attendant le travail de la commission mise en place dans le but d’apporter des solutions aux différentes préoccupations des blouses blanches, les membres du Synaps disent avoir réagi conformément à l’attitude adoptée par Michel Mengue M’Engouang et les directions générales des hôpitaux publics du pays.
«Depuis que la grève a commencé, nous avons démarré avec un service minimum qui se comportait comme un temps plein dans la mesure où nous avons autorisé certains services de tourner sans discontinuer, mais deux semaines après nous avons constaté que rien ne bougeait du côté de la tutelle, nous avons donc décidé la troisième semaine de serrer. Nous sommes alors partis du travail à temps plein à la limitation des consultations, soit 10 malades par disciplines. Vu que jusque-là rien ne bouge, et que personne ne nous prend en compte, il faut donc plus serrer, peut-être qu’en constatant qu’il n’y a plus de prestations sur le terrain, ils prendront le problème à bras-le-corps», a justifié Gervais Moutely avant de promettre un éventuel durcissement du ton si la principale revendication liée à la formation des personnels de santé ne trouve pas solution auprès de la tutelle dans les jours qui viennent.