Face à la multiplication, ces derniers mois, des contrôles dans leurs magasins, les commerçants de Libreville et de l’intérieur du pays soupçonnent des arnaques de la part des agents des douanes et pointent un défaut d’information.
A Libreville comme dans les principales villes du Gabon, les contrôles des magasins n’en finissent plus. Ces dernières semaines, leur nombre a augmenté par endroit. Une opération spéciale a récemment été menée à l’initiative de la direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI). Sauf que si les tenanciers des espaces commerciaux visités dans le cadre cette opération ont bien voulu collaborer avec les représentants de la loi, la venue voire l’intrusion de ces derniers n’a pas été justifiée. A la Confédération gabonaise des syndicats des commerçants (CGSC) on veut bien savoir ce qui pousse les agents de la DGDDI à multiplier autant les sorties sur le terrain. «Nous avons vu les agents des douanes sur les marchés. Nous voulons savoir pourquoi et ce qui se passe, parce que le commerçant, lui, ne sait rien», a déclaré Manga Mamadou, le vice-président de la CGSC, au terme d’une réunion des commerçants tenue, le 5 décembre, à Libreville.
Si les commerçants craignent d’être la proie d’une arnaque de la part des agents de la DGDDI, c’est parce qu’ils affirment ne pas être informés de la nécessité de la multiplication des contrôles de la DGDDI. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls à s’en inquiéter. Les commissaires en douanes agréés n’auraient pas, eux non plus, été informés de la dernière descente des douaniers sur les marchés de la capitale.
«Les contrôles ont été faits sans nous, c’est-à-dire qu’on n’est pas passé par nous mais qu’on est passé directement sur les magasins», a regretté Estelin Nziengui Mouloungui, le représentant des commissaires en douanes agréés de la Cemac. «Habituellement, quand il y a un contrôle à faire, conformément au code de douanes, le commissaire en douanes agréés est interpelé par une déclaration sur la base de laquelle le déclarant et le douanier discutent et entrent dans un contentieux. Or, là, ça n’a pas été le cas. Il s’est plutôt agi directement de contrôles physiques sur les magasins, qui nécessitent un autre mode opératoire».
Sous l’impulsion de Brice Laccruche Alhianga, le directeur du cabinet du président de la République, l’«opération aigle douanes» a été lancée le 8 novembre dernier. Une semaine après, elle a permis de saisir des marchandises d’une valeur estimée à plus de 1,31 milliard de francs CFA. Les récents contrôles sur les marchés de la capitale entrent-ils dans ce même cadre ? Rien ne permet de l’affirmer. Les opérateurs économiques ont invité la DGDDI à expliquer les raisons et les objectifs de ceux-ci.