En présence d’Alain-Claude Billie-By-Nzé, le clap de fin des 12e Escales documentaires de Libreville (EDL) a été claqué le samedi 25 novembre 2017 à l’Institut français du Gabon (IFG), couronnant l’œuvre du Congolais Dieudo Hamadi, «Maman Colonelle», du Grand Prix Charles Mensah.
Cinq jours durant, l’ancien Centre culturel français de Libreville a été la capitale africaine du film documentaire. 24 films programmés, 14 en compétition générale, 7 en compétition pour le Prix jeunesse, des masters class, une moyenne de 700 spectateurs chaque jour et 5 prix décernés. C’est globalement le bilan que l’on peut tirer de la douzième édition des EDL qui ont su valoriser le travail, l’effort et l’engagement de toutes les œuvres présentées parmi lesquels celui livrant le vécu du Colonel Honorine Munvole, «Maman Colonelle» dont l’histoire et le combat sont racontés par le réalisateur Dieudo Hamadi.
Au titre des cinq trophées du palmarès, la Mention spécial jeunesse a été attribuée à «On est tous Pygmée» d’Hélène Charpentier, tandis que le Prix jeunesse a été décerné à «Aziz’Inanga (Eclipse du clair de lune)» d’Alice Artérianus Owanga (France Gabon). Le prix Spécial du jury a été remporté par le documentaire «Espoir démocratie» coréalisé par Gidéon Vink, Abdoulaye Diallo et Inoussa Kaboré tandis que la Mention spéciale est allée à «Kimpa Vita (La mère de la Révolution africaine)» de Ne Kunda Nlanda (RDC) avant que «Maman Colonelle» de Dieudo Hamadi ne rafle la grande mise, le Prix Charles Mensah.
«Maman Colonelle» raconte la vie de Honorine Munvole. Cette Congolaise de Kinshasa qui, pendant douze ans, a été chef de Brigade de lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes, particulièrement dans l’une des régions les plus dangereuses de la RDC, le Nord Kivu. En poste à Kisangani, elle a mené ce combat de front avec celui sur l’accusation d’«enfants sorciers» dont sont victimes de nombreux enfants dans cette localité. Un peu comme par ricochet, les efforts et l’abnégation de cette dame, portés à la face du monde par les Escales documentaires à travers le film de Dieudo Hamadi, ont été couronnés.
Le 12e cru des EDL a su en tout cas mettre en accord les spectateurs, les acteurs, les critiques, les producteurs et les journalistes. La majorité des productions a mis en exergue la créativité, le respect des normes cinématographiques, suggérant régulièrement des thérapies à la société. Ces films n’ont eu de cesse de plonger le spectateur dans la société en questionnant l’homme aussi bien dans sa singularité que dans sa globalité. Certains ont fait voyager le public au cœur des pratiques initiatiques, des rites traditionnels en voie de disparition ou ont permis des rencontres, des découvertes, des témoignages quand d’autres ont donné à voir des histoires et des traumatismes voilées et violées par le temps.
On pense notamment aux «écorchés vifs» tentant, tant bien que mal, d’allier l’équilibre environnement-homme ou encore défendant bec et ongles ce qui peut rester de la nature. Dans d’autres chapitres encore, élections, démocratie, viols, contestations, assassinat, guerre, musique ont rythmé cette édition qui, à son terme, a reçu le satisfécit général.
Les organisateurs, le représentant de l’IFG, l’attaché culturel, Charles Legarsson, et le directeur général de l’Institut gabonais de l’Image et du son (Igis), Henri Joseph Koumba, estiment que l’orchestration a parfaitement été jouée. D’où la fierté de leur partenariat de 12 ans qu’ils espèrent voir davantage fleurir. Mais plus encore, le satisfécit a été mis à l’actif de la Coordonnatrice de ce grand rendez-vous gabonais du cinéma, Pauline Mvelé. En chef d’orchestre, derrière les maestros, elle a su donner du sien. Et c’est tout naturel, qu’en clôturant ce 12e festival du film documentaire de Libreville, le ministre de la Communication, chargé des Arts et de la Culture, Alain-Claude Billie-By-Nzé, a encouragé la créativité, ainsi que les uns et les autres à aller au-delà des convenances pour offrir des films de qualité. «Aller chercher ce qui est possible pour faire en sorte que le meilleur soit donné et que le meilleur soit produit», a-t-il dit.
«Il nous semble indispensable de faire en sorte que nous puissions nous approprier tous ces instants, tous ces événements, tous ces moments, mais que nous puissions établir des bases pour faire en sorte que les cris de cœur que vous lancez au sujet de l’artiste et de son vécu, au sujet des droits d’auteur cessent d’être des slogans. Nous devons donc travailler à faire en sorte que des solutions réelles soient apportées», a déclaré le ministre en charge des Arts et de la Culture.
Au final, les EDL ont réussi leur pari : Sensibiliser, à travers l’image et le son, le grand public sur les grandes questions du passé, du moment, mais aussi de l’avenir. D’autre part, ce rendez-vous a voulu valoriser la nature et l’environnement, créer une rencontre entre les professionnels du cinéma et le grand public, sensibiliser celui-ci sur les grands enjeux du moment, l’amener à aimer le cinéma pour qu’à la longue, le meilleur de la culture gabonaise et internationale se retrouvent encore et toujours à Libreville