Les prix de la nouvelle mercuriale sont effectivement affichés dans les lieux de commerces, mais ne sont pas respectés. Les services compétents en matière de contrôle appellent les consommateurs à dénoncer les commerçants véreux.
L’arrivée de la nouvelle mercuriale, depuis le 15 août dernier, avait suscité beaucoup d’espoir chez les consommateurs gabonais, qui espéraient voir leurs charges alimentaires diminuer quelque peu. Mais, beaucoup parmi eux devront encore attendre avant de constater cet impact sur leur porte-monnaie. Et pour cause : des commerçants sont encore réticents à appliquer les prix de la nouvelle mercuriale.
Nombreux sont en effet les propriétaires ou gérants de lieux de commerces qui s’obstinent à ne pas appliquer la nouvelle grille des prix. Et plusieurs consommateurs ont déjà été victimes. C’est l’exemple de cette jeune femme au quartier Akébé-Ville qui raconte sa mésaventure : « j’ai voulu acheter un paquet de sucre. Le prix affiché était 770 FCFA. A la caisse, j’ai donné au boutiquier 1 000 FCFA et il m’a rendu 100 FCFA ». Curieuse de comprendre ce qui se passe, la consommatrice s’entendra répondre par le tenancier qu’il n’est pas possible de vendre aux prix affichés, sinon la boutique tournerait à perte.
Dans la capitale gabonaise, plusieurs cas ont été recensés où des consommateurs ont été servis quasiment de la même manière, et ont reçu les mêmes explications. La méthode est simple : les prix affichés sur les achalandages sont ceux imposés par la nouvelle mercuriale, mais les consommateurs paient bien plus que cela.
« En fait, nous ne pouvons pas encore vendre aux prix voulus par l’Etat car nous avons encore beaucoup de stocks qui ont été pris avant les nouveaux prix. Si nous vendons à la baisse, nous sommes perdants », tente d’expliquer un tenancier de boutique d’Akébé. La tactique consiste donc à afficher des prix de la mercuriale, pour tenir à distance les différents contrôles des autorités, tout en continuant à vendre à des prix bien plus élevés.
S'agissant justement des autorités de régulation de ce secteur d’activités, en l’occurrence la direction générale de la concurrence et de la consommation (DGCC), elles demandent aux populations de s’impliquer davantage dans la lutte contre ces fraudeurs. D’après elles, le consommateur est le premier contrôleur. En cas d’infraction constatée, il lui est possible de saisir les services du ministère de l’Economie qui se chargeront d’effectuer une descente dans le lieu indiqué.
La vérité est que les brigades de la DGCC sont submergées par l’ampleur du travail à effectuer. « Nous déployons près de 10 brigades par jour pour les contrôles à Libreville et ses environs. Mais, au regard de ce que ça coute, nous ne pouvons pas être partout en même temps. Donc il est difficile de contrôler en temps réel tous les commerçants », explique Emmanuel Eyeghe Nze, patron de la DGCC.