Le projet de révision constitutionnelle adopté par en Conseil des ministres le 28 septembre dernier, continue de susciter la polémique au sein de la classe politique gabonaise. Ainsi, quelques jours seulement après la prise de position du 6ème Vice-président du Sénat, Jean Christophe Owono Nguema sur les antennes de Tv5 Monde, dans laquelle il dénonçait «une monarchisation de la République», l’Union pour la démocratie et l’intégration sociale (Udis), a fustigé au cours d’une conférence de presse tenue à l’hôtel Radisson Blue de Libreville, ces déclarations qu’il juge «fallacieuses».
En effet, le jeudi 19 octobre dernier, au journal Afrique de Tv5 Monde le sénateur Jean Christophe Owono Nguema estimait que le projet de révision constitutionnelle proposé par le gouvernement visait «simplement à faire disparaître la République gabonaise», estimant que «c’est une monarchisation de la République qu’aucun gabonais ne peut accepter».
Une déclaration qui a suscité un véritable tollé au sein de la Majorité républicaine et sociale pour l’émergence. Ainsi pour l’Udis qui s’exprimait par la voix des conseillers politiques du président dudit parti, Rosine Itsana et Serge Obolo, «ces affirmations étaient gratuites et fallacieuses».
«L’intervention de monsieur Jean Christophe Owono Nguema ne pouvait pas nous laisser indifférent dès lors que cette intervention a jeté un pavé sur la marre dans la mesure où il a fait certaines affirmations que nous ne pensons pas juste. Le projet de révision de la Constitution alors même qu’il n’est pas encore débattu au sein de l’Assemblée nationale fait déjà l’objet de récrimination de la part de l’opposition»; a fait remarquer Serge Obolo. Estimant par la suite que «ce projet de révision de la constitution a été voulu par les acteurs politiques partie prenante au dialogue politique et ceci dit nous ne comprenons pas pourquoi monsieur Jean Christophe Owono Nguema parle de manipulation de la constitution. Nous ne savons pas à quoi il fait allusion lorsqu’il parle de manipulation».
Pour le parti présidé par Hervé Patrick Opiangah, la levée de bouclier observée dans l’opposition ne se justifiait pas, soulignant que cette révision constitutionnelle a essentiellement pour objectif de «faire avancer, faire évoluer et consolider l’Etat de droit».
Concernant l’idée selon laquelle la révision constitutionnelle avait pour but d’entériner la monarchisation du Gabon, Rosine Itsana a estimé qu’il n’en était rien. «Ce que nous constatons à la lecture du projet de révision constitutionnelle, c’est que ces articles là plaident pour la qualité républicaine du Gabon plutôt qu’une monarchisation (…) c’est beaucoup plus dans l’objectivité d’avoir une Constitution qui obéit à l’évolution du débat politique au Gabon, une constitution avant gardiste en ce sens qu’elle aborde des questions comme la cohabitation»; a t-elle relevé, avant de poursuivre qu’«en aucun cas il n’aborde dans le sens de la monarchisation du Gabon, au contraire il vient conforter la qualité républicaine du Gabon en ce sens qu’il est avant gardiste».
En outre, concernant le débat que suscite ce projet de révision, bien que l’Udis reconnaît le droit de chaque acteur de s’exprimer sur cette question, ils jugent que le canal utilisé par le sénateur Owono Nguema n’était pas justifié, estimant que cette déferlante de critique dénotait juste d’un procès d’intention.
Par ailleurs, ils ont souligné qu’il est nécessaire à ce stade d’attendre la présentation dudit projet aux parlementaires pour juger de la portée exacte de cette révision de la loi fondamentale.