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Liban Soleman : le Gabon compte « 50% des surfaces cultivées sur le continent ces 10 dernières années »
Publié le mardi 24 octobre 2017  |  Le Nouveau Gabon
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© Autre presse par DR
Quai et bites d’amarrage du port de GSEZ d’Owendo
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Inauguration du nouveau port d’Owendo, sa place et son rôle dans la stratégie d’industrialisation du pays, diversification de l’économie, zone économique de Nkok, place de l’agriculture dans le pays, intégration sous-régionale, échanges commerciaux en Cemac et ailleurs, tous ces sujets sont abordés avec le coordonnateur du Bureau de coordination du Plan stratégique Gabon émergent. Liban Soleman (photo) revient également dans cet entretien avec la presse internationale, sur les enjeux de la formation et de la synergie d’actions entre le secteur privé et le système éducatif afin de contribuer à la production de profils utiles aux entreprises installées au Gabon.

Que représente pour vous l’inauguration du nouveau port d’Owendo ?

Je crois que c’est un moment très important pour l’économie gabonaise ainsi que pour la vision présidentielle du développement du pays. Comme vous le savez, de manière historique, le Gabon a toujours été connu comme un pays exportateur de ressources naturelles notamment le bois, les grumes, le pétrole, le manganèse et bien d’autres produits miniers. Et l’inauguration de ce port marque la transition de l’économie gabonaise en ce sens qu’il va permettre non seulement de baisser les coûts tant au niveau des exportations que des produits d’importations, mais également d’augmenter les capacités à l’export des produits gabonais. Ce port est également l’un des plus grands projets portuaires jamais réalisés ces dernières années en Afrique. Parce que sur les 10 dernières années, on a eu une quarantaine de projets de cette nature, annoncés sur le continent ; cinq ont été réalisés et deux d’entre eux l’ont été au Gabon. Donc sur le plan historique, c’est un grand jour pour le pays. Ce n’est pas simplement un port à containers mais c’est un complexe portuaire où seront traitées toutes sortes de marchandises et où l’on retrouve aussi un port minéralier qui va doubler les capacités d’exportations des produits miniers. C’est une fierté continentale parce que c’est un projet réalisé en partenariat public-privé avec Gabon special economic zone, filiale d’Olam Gabon, Africa Finance Corporation et l’Etat gabonais.

Parlez-nous de l’engagement de l’Etat dans la réalisation de ce projet mené en partenariat public-privé.

Derrière la réalisation de ce complexe portuaire, il y a la vision industrielle globale du pays. En 2010, le président de la République avait indiqué que le Gabon doit atteindre un taux de 30% de transformation de nos matières premières localement. Et naturellement, nous avons des ressources naturelles renouvelables et des matières premières non renouvelables. Aujourd’hui, grâce à Olam, on développe notre vaste potentiel agricole. Avec la zone économique spéciale de Nkok qui, dans la sous-région et probablement aussi en Afrique subsaharienne, est assurément la plus performante au regard des incitations dont bénéficient les investisseurs dans cet espace qui représente plus de 2 milliards de dollars d’investissements. On est parti de la première à la deuxième transformation du bois. Actuellement, on est à la troisième transformation de ce produit. Donc c’est une vision complète et globale qui vise à exporter des produits compétitifs made in Gabon. Et au-delà du Gabon, notamment dans la sous-région Cemac à laquelle le Gabon est membre. Cela nous expose à des défis importants qui nous ouvrent les portes du marché communautaire grâce aux produits issus de ces usines. Ce qui contribue à faire de l’économie gabonaise, une économie multisectorielle et diversifiée.

S’agissant de la diversification de l’économie, est-ce l’agriculture qui doit aider à sortir du tout-pétrole ?

Aujourd’hui, on a environ 54 grands projets agricoles annoncés par de grandes firmes agroindustrielles en Afrique. Et le Gabon rassemble environ 50% de surfaces cultivées sur le continent ces 10 dernières années. Comme vous le voyez, nous sommes passés à une transformation majeure de la vision présidentielle ainsi qu’à celle des ressources naturelles et du potentiel économique du pays. Le Gabon développe des projets agroindustriels et des projets de cultures vivrières et des produits de consommation courante tels que le manioc, le plantain et bien d’autres. Le Gabon dispose donc d’une vision de développement de son agriculture qui constitue la base de la stratégie de diversification de son économie.

Le deuxième niveau de la diversification de notre économie, c’est la transformation des ressources minières. Et dans ce sillage il y a le port, la zone économique spéciale de Nkok qui est située à 27 kilomètres du port ainsi que la voie ferrée qui assure le transport des produits issus des usines de Nkok vers le port. Ceci pour dire que nous sommes face à la matérialisation de l’ensemble de la vision de développement du pays à travers ce port qui vient d’être inauguré. Entre 2020 et 2025, nous espérons assister à une augmentation de la croissance des ressources hors pétrole et une baisse de l’influence du pétrole dans l’économie.

Parlez-nous un peu plus de la vision Gabon 2025

La vision 2025 est un programme dont l’objectif principal vise à faire du Gabon un pays émergent à l’horizon 2025. Elle consiste à créer les conditions d’une croissance inclusive à travers la diversification des sources de croissance par la création d’emplois dans divers secteurs et à la lutte contre la pauvreté. Mais vous savez, on ne peut pas parler de lutte contre la pauvreté si on a une économie qui ne crée pas d’emplois.

Le Gabon doit jouer un rôle important dans la politique d’intégration sous-régionale. Quelle est la stratégie du pays pour accélérer ce processus?

Sans être politicien ou technicien de la chose, je voudrais vous dire que le Gabon vient d’annoncer la libre circulation des personnes et des biens pour les citoyens de la Cemac. C’est une décision qui a été prise par les chefs d’Etat en 2015 qui est donc désormais matérialisée. Le Gabon est donc désormais un modèle de libre-échange dans la zone. C’est pourquoi nous devons relever la compétitivité de notre économie parce que le Gabon est un pays de 1,8 million d’habitants comparé au Cameroun qui compte plus de 20 millions d’habitants ou encore le Nigéria. Nous voulons développer des avantages compétitifs par rapport à ces pays parce que nous avons des secteurs clés comme l’agriculture où l’on dispose de plus de 2 millions de terres arables, avec une pluviométrie abondante et une ouverture sur la mer. Dans la vision de développement du Gabon, nous voulons développer le tourisme, l’agriculture, les TIC et les infrastructures dans ce domaine parce que le Gabon est le pays de la sous-région qui a la pénétration dans les télécommunications la plus forte ; et avec ces indicateurs, le pays compte jouer un rôle important dans la transformation économique des pays du Golfe de Guinée.

Quels sont les efforts que mène le gouvernement s’agissant de la jeunesse qui constitue 70% de la population ?

C’est un secteur dans lequel l’Etat a réalisé d’importants investissements. Vous constaterez que dans l’ancien système, on s’occupait de la formation des élites. Il fallait que les enfants obtiennent des licences, des doctorats dans divers domaines et cela était célébré. Ce qui fait que nous avons un nombre important de diplômés de l’enseignement supérieur. Et c’est probablement l’une des causes de ce qui s’est passé en Afrique du Nord avec le Printemps arabe, parce qu’on avait trop de jeunes qui avaient fait des études supérieures mais qui étaient sans emplois. Aujourd’hui, la vision est l’industrialisation du pays ; parce que sans l’industrialisation on ne peut pas avoir la capacité de créer des emplois. C’est une question d’opportunités. Il est question d’emmener le secteur privé et le système éducatif à mettre sur pied des currricula de formation qui permettent aux jeunes d’accéder à une formation professionnalisante. Cela permet d’avoir des jeunes à des postes de responsabilité et de maintenir la compétitivité du pays. Et dans la zone économique spéciale, le Gabon est en train de mettre sur pied l’un des plus grands centres de formation professionnelle du continent grâce à la banque mondiale, Eximbank China et au groupe chinois Avic. Il va former 10 mille jeunes aux métiers industriels qui se pratiquent au sein de la zone. Ce qui montre le lien que nous faisons entre le secteur privé et la formation professionnelle dans le système éducatif. Nous pensons qu’à travers l’agriculture, le tourisme, la transformation minière avec le manganèse, nous allons faire beaucoup de choses. Parce que souvenez-vous, il n’y a pas longtemps, on exportait encore le manganèse à l’état brut ; mais aujourd’hui, dans le Haut-Ogooué, on transforme le manganèse et cela a permis de créer 2000 emplois. Avec notre vision, nous créons des emplois et nous laissons le secteur privé assurer la formation de sa force de travail. Au-delà, nous encourageons aussi l’entreprenariat parce qu’il faut déboucher sur l’autonomisation de la jeunesse en créant une discrimination positive : par exemple dans les marchés publics en activant et en mettant un accent sur la préférence nationale. Ce qui va aider les PME locales à générer des revenus et d’autres parts, inciter les jeunes à créer eux-mêmes leurs entreprises.

Et je pense que c’est là que réside la clé du nouveau port qui propose des coûts attractifs aux opérateurs économiques. Parce que pour les investisseurs qui attendent un retour sur investissement, ce port propose des coûts logistiques bas. Et en s’assurant que le pays est compétitif dans tous ses compartiments et secteurs, cela va booster la création d’emplois.

SeM avec la presse internationale
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