L’Etat gabonais a adopté son projet de loi de finances pour 2018, avec un budget en légère baisse dans un contexte économique difficile et un pays confronté à des détournements massifs d’argent public.
Réuni jeudi autour du président Ali Bongo Odimba, le conseil des ministres a adopté le projet de Loi de finances, exercice 2018, avec un projet de budget de l’Etat de plus de 2.688 milliards de FCFA, soit un peu plus de 4 milliards d’euros, indique un communiqué de la présidence.
En baisse de 260 millions d’euros et dans un "contexte contraint", ce budget 2018 "s’incrit dans le cadre d’un plan de relance de l’économie défini par le gouvernement" et un accord signé en juin 2017 avec le Fonds monétaire international (FMI), rappelle ce communiqué.
La politique budgétaire s’articulera notamment autour de "l’effort de mobilisation des recettes fiscales et douanières, la maîtrise et l’assainissement des dépenses publiques", avec des dépenses "plafonnées" à 3 milliards d’euros, et consacrées en partie, pour les investissements, "aux infrastructures et aux services sociaux de base", selon la présidence.
Riche principalement de son pétrole et de sa forêt, le Gabon traverse depuis 2015 une passe économique difficile -aggravée par la baisse des prix du brut-, se traduisant par du chômage, des grèves, des entreprises qui tournent au ralenti ou mettent la clé sous la porte...
La croissance du produit intérieur brut qui était de 3,9% en 2015 devrait baisser à 1% en 2017, selon le FMI qui a jugé la situation économique "délicate" et a accordé à Libreville un prêt de 642 millions de dollars en échange d’un effort d’"assainissement budgétaire".
Le pays qui compte 1,8 million d’habitants connait traditionnellement des détournements massifs de l’argent public. Selon la Commission gabonaise de lutte contre l’enrichissement illicite (CNLCEI), entre 2006 et 2012, plus de la moitié du budget de l’Etat "a disparu dans la nature".
Le Gabon tente également de se relever la présidentielle d’août 2016, marquées des violences post-électorales inédites et qui a vu la réélection d’Ali Bongo (au pouvoir depuis 2009, et fils du président Omar Bongo qui dirigea le pays de 1967 à 2009), contestée par l’opposition.
Les autorités ont lancé début 2017 une opération anticorruption baptisée "Mamba" (serpent) mais décriée par l’opposition comme une opération politique, ayant jusqu’à présent abouti à l’arrestation de plusieurs hauts responsables, dont deux ministres et un ancien directeur général des douanes.
Le Gabon occupe la 101e place, sur 176 pays, dans l’indice de perception de la corruption publié chaque année par Transparency International.